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DISCOURS

PRÉLIMINAIRE.

ON

On sait peu de chose de la vie de Suétone. Son De Suétone.

N

père était tribun légionnaire, et servit dans la guerre d'Othon et de Vitellius. Le fils fut secrétaire de l'empereur Adrien, et perdit sa place pour s'être permis avec l'impératrice Sabine des libertés peu respectueuses. Il était lié avec Pline le jeune, qui l'exhorte dans une de ses lettres à mettre au jour quelques ouvrages qu'il dit être des morceaux achevés. Suétone en a composé plusieurs, que nous n'avons plus, sur les différents habillements des peuples, sur l'histoire des spectacles, sur les défauts corporels, sur les fonctions des préteurs, etc. Il ne nous reste de lui qu'un abrégé très-concis de la Vie des Grammairiens, et l'Histoire des douze premiers Césars. C'est ce dernier ouvrage dont j'offre la traduction au public.

On a vu quel motif m'avait déterminé à l'entreprendre Suétone d'ailleurs n'est point un auteur sans mérite. Je ne crois pas qu'on me soupçonne de l'idolâtrie ordinaire aux traducteurs,

qui semblent toujours prosternés devant leurs originaux. C'est une grace d'état, et je n'ai pas droit d'y prétendre. On verra, dans mes notes, que je n'approuve point tout ce qu'écrit Suétone: je voudrais y voir moins d'inutilités et de détails minutieux. Mais, en général, si ce n'est pas un écrivain éloquent, c'est du moins un historien curieux : il est exact jusqu'au scrupule, et rigoureusement méthodique. Il n'omet rien de ce qui concerne l'homme dont il écrit la vie, et se croit obligé de rapporter non-seulement tout ce qu'il a fait, mais tout ce qu'on a dit de lui. On rit de cette attention dont il se pique dans les plus petites choses, mais on n'est pas fâché de les trouver; et c'est apparemment pour cette raison que l'auteur d'Émile regrette quelque part qu'il n'y ait plus de Suétone.

S'il abonde en détails, il est fort sobre sur les réflexions: il raconte sans s'arrêter, sans paraître prendre intérêt à rien, sans donner aucun témoignage d'approbation ou de blâme, d'attendrissement ou d'indignation: sa fonction unique est celle de narrateur. Il résulte de cette indifférence un préjugé très-bien fondé en faveur de son impartialité il n'aime ni ne hait les hommes dont il parle; c'est aux lecteurs à les juger. Il cite trèssouvent des ouï-dire, mais il ne les garantit point; Injustice et cette précaution aurait dû le mettre à l'abri d'un auteur du reproche d'imbécillité que lui fait un peu son égard. rement l'auteur des Révolutions de l'empire ro

moderne à

du

1

main, qui prodigue aisément le blâme et le mépris. Il va jusqu'à dire qu'il suffit qu'un fait soit rapporté par Suétone, pour qu'on soit dispensé d'y ajouter foi. Il aurait dû faire attention que des assertions aussi générales sont presque toujours fausses; que, pour dépouiller ainsi un historien de tous ses titres auprès de la postérité, il faudrait prouver qu'il avait quelque intérêt à tromper, ou qu'il était absolument dépourvu d'esprit et de jugement. Or, il suffit de lire dix pages de Suétone pour voir qu'il n'est d'aucun parti et qu'il écrit sans passion. Il est d'ailleurs bien difficile de croire qu'Adrien, qui était un homme de beaucoup d'esprit, ait choisi pour secrétaire un imbécille, et que Pline, qui écrit avec tant de circonspection, donne des éloges à un sot. Reste à l'examiner sur ce qu'il nous a laissé. Il n'a point de couleur, il est vrai; mais il est net et rapide, et sa composition est en général celle d'un homme instruit. Du reste, son censeur n'est pas heureux dans le choix des morceaux qu'il attaque. Il l'accable d'injures pour avoir fait dire à Titus ce mot fameux, Mes amis, j'ai perdu un jour; et cet autre, Il ne faut pas que personne sorte mécontent de l'audience d'un prince. Voilà les plus forts griefs de M. Linguet. Il me semble qu'ils ne sont pas péremptoires; et c'est ce qu'on pourra voir dans les réflexions qui suivent la vie de Titus.

J'ai dit que Suétone n'était point un grand

médiocres

Les écri- coloriste; et, si la principale qualité d'une travains duction est d'être une copie fidèle de l'original, aisés à tra il est vrai de dire qu'il n'y a que les écrivains génie ne se sans génie qui puissent être véritablement tratraduit pas. duits dans tout autre cas, le proverbe italien est fondé TRADOTTORE, TRADITORE; traduction,

duire, le

Avantage

:

:

trahison. En effet, il importe peu dans quelle langue soit écrite une gazette de faits; et l'on peut être sûr, en lisant un Suétone français écrit avec soin, qu'on a lu à-peu-près le Suétone latin mais, en lisant la meilleure traduction de Tacite ou d'Horace, on peut être persuadé qu'on n'a lu ni l'un ni l'autre. C'est qu'un homme de génie pense et sent avec son idiôme, et qu'un langage étranger ne peut rendre ni ses pensées ni ses sentiments, sans les dépouiller des teintes de cet idiôme natal, si essentielles et si nécessaires, qu'il est impossible de les enlever sans décolorer l'ouvrage.

Quelques éloges qu'on ait donnés à notre landes langues gue, il faut pourtant convenir de ses désavananciennes tages elle ne peut pas se trouver en présence

sur

la nôtre.

avec les langues anciennes, sans ressembler à un homme nu et garrotté devant un athlète libre de tous ses membres et armé de toutes pièces (1).

(1) Voyez, dans les Variétés littéraires, le Discours sur les langues, de M. l'abbé Arnaud, qui joint tant d'érudition à tant de goût. Ce discours excellent a été goûté de tous les gens de lettres, et critiqué par des ignorants qui ne l'entendaient pas.

Les Grecs et les Latins ont deux qualités inestimables : 1o une harmonie élémentaire qui réside dans leurs syllabes et dans leurs terminaisons; au lieu que nous ne pouvons avoir qu'une harmonie accidentelle, née du concours de mots heureusement choisis et artistement combinés : 2o la faculté des inversions, qui les laisse maîtres de placer où ils veulent le mot qui est image et le mot qui est pensée. Il n'y a personne qui, en réfléchissant un moment, ne soupçonne ce qu'on peut tirer de ces deux avantages qui nous manquent. Mais, pour bien sentir tout ce qu'ils valent, il faut connaître les langues anciennes.

flatteurs

C'est sur-tout dans la poésie qu'on est accablé de leur supériorité. Enfants favorisés de la nature, ils ont des ailes, et nous nous traînons sur des béquilles. Leur harmonie variée à l'infini est Anciens, un accompagnement délicieux qui soutient leurs d'oreilles. pensées quand elles sont faibles, qui anime les détails indifférents, qui enchante les oreilles quand le cœur se repose. Nous autres modernes, si la pensée nous abandonne, nous avons peu de ressources pour nous faire écouter. Mais l'homme voluptueux, l'homme aux organes sensibles, dira à Virgile, à Horace : Chantez toujours, chantez, dussiez-vous ne rien dire : votre voix me charme, quand vos discours ne m'occupent pas.

Aussi parmi nous, ceux qui, sentant ce besoin de penser, et craignant de paraître quelquefois vides, ont voulu que tous leurs vers marquassent,

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