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d'exemple dans l'antiquité; le siècle de CharlesQuint et de François Ier; la ligue, ce temps si fertile en grands crimes et en grands hommes, ne fussent pas des tableaux attachants, s'ils étaient coloriés par la main d'un homme tel que Tacite? Le malheur de nos historiens est de n'être pas peintres, et les anciens l'étaient tout ce qu'ils écrivent a une forme dramatique qui fait illusion au lecteur, et lui fait croire qu'il assiste à un spectacle, qu'il voit agir les personnages et qu'il les entend parler. Nos historiens, faute de connaître ce grand art, ont été presque tous, ou des gazetiers, ou des rhéteurs. Nous avons des mémoires qui sont en général meilleurs que nos histoires, et qui peuvent servir à en faire de bonnes: c'est que le premier de ces deux genres est beaucoup plus aisé que l'autre. On amasse facilement des matériaux; mais c'est le génie qui élève l'édifice.

l'histoire.

Nous n'avons pas assez connu la majesté de Idée de l'histoire; nous ne nous sommes pas représenté assez fidèlement quel doit être l'homme qui peint les siècles, qui parle devant la postérité, qui assemble les générations passées et futures, pour dire aux unes ce qu'elles ont été, et aux autres ce qu'elles doivent être. La dignité de cet emploi paraît n'avoir été sentie que par les anciens: il semble qu'en général ils soient plus mâles et plus grands que nous. C'est chez eux qu'on rencontre tout ce qu'on entend communément par une

son allégo

des

lui

manière large; et l'on dirait que ce mot a été trouvé pour eux. Le fonds de leurs ouvrages est riche, et tel d'entre eux a distribué ses dépouilles à vingt modernes. Une centaine de vers traduits de Virgile a suffi pour faire réussir la tragédie de Didon; et nous avons de fort bons écrits qui ne sont que des commentaires de quelques Comparai- pages de l'antiquité. Nous pouvons sans doute rique des opposer de grands hommes; mais si je vouanciens et lais, en exceptant ces génies privilégiés, me formodernes. mer une idée du plus grand nombre des écrits qui ont réussi parmi nous, et de ceux qui nous sont restés des anciens, je me figurerais d'un côté un jeune homme aimable et brillant, habillé à la moderne, serré dans ces parures étroites et mesquines que nous croyons élégantes, et qui désolent nos peintres lorsqu'il faut les mettre sur la toile, la chevelure bien peignée et bien blanchie, les traits fins et délicats, les yeux vifs et la contenance légère; et de l'autre côté un homme mûr, à moitié nu, recouvert d'une draperie ondoyante, la physionomie noble et ouverte, le front élevé, un air d'inspiration dans les regards, de l'expression dans tous les traits, des cheveux naturellement bouclés, flottant sur des épaules larges, des membres robustes, des muscles prononcés, et dans toute sa personne un ensemble qui attache et qui plaît davantage à mesure qu'on le considère.

Lectures des anciens.

C'est en lisant les anciens qu'on juge et qu'on

consoler le

génie

goûte mieux les bons modernes qui leur ressemblent; c'est avec eux que le goût s'épure et que l'ame s'élève et se fortifie, que le sentiment de la vraie gloire et l'amour du vrai beau s'accroissent et s'affermissent. On ne les lit pas assez. Nous avons beaucoup d'écrivains et peu d'hommes de lettres. Racine, Boileau, Fénélon, étudiaient sans cesse l'antiquité: M. de Voltaire, l'héritier du siècle de Louis XIV, est rempli du siècle d'Auguste. Quel homme de lettres d'une classe Elle doit distinguée n'a pas souvent à se plaindre des injustices de ses contemporains? Eh bien! qu'il se persécuté. refugie alors dans le sein de l'antiquité; c'est là son véritable asyle. Si les progrès du mauvais goût, les préventions de l'ignorance, les noirceurs de l'envie, les outrages de la haine, jettent dans son ame ce découragement involontaire qui se fait sentir quelquefois à ceux qui aiment le plus les beaux-arts, et qui leur ont tout sacrifié, alors qu'il revienne vivre avec Horace, Virgile et Cicéron; qu'il en fasse ses amis et ses consolateurs ; qu'il converse avec ces grandes ames la sienne retrouvera tout son courage; et c'est avec de pareils confrères qu'il oubliera ses ennemis.

Qui est-ce qui n'a pas mieux senti la dignité De Cicéron de l'homme en lisant les Tusculanes de Cicéron? Qui est-ce qui ne s'est pas affermi dans l'amour de la vérité en voyant le portrait qu'il trace de la raison? «< La raison, dit-il, a dans soi quelque <<< chose de noble et d'excellent fait pour comman

d'écrire,

fort diffé

manie.

«< der et non pour obéir; un caractère élevé au<< dessus des choses humaines, qui ne craint rien, « qui ne cède à personne, que rien ne détruit. » Tout ce qu'on a dit sur la clémence vaut-il cet endroit du plaidoyer pour Ligarius, où il dit à César : « Il n'y a rien de plus grand dans ta for« tune que de pouvoir conserver la vie à une << foule d'hommes, et rien de plus grand dans ton «<ame que de le vouloir. »

Mais d'où naît ce charme qui attache dans leurs ouvrages et nous y rappelle sans cesse? Qu'est-ce qui soutient en eux ce ton d'élévation naturelle qui ne se dément presque jamais? C'est que les lettres étaient pour eux un besoin de l'ame, et rent de la non pas un métier de convenance; c'est qu'ils répandaient sur le papier des idées et des sentiments qu'ils ne cherchaient pas ailleurs qu'en eux-mêmes; c'est qu'ils ont un caractère qui leur appartient et qui donne sa couleur à tout ce qu'ils composent. Aussi ne voyez-vous jamais chez eux ce mélange de tons que l'on remarque aujourd'hui dans une foule d'auteurs qui ne peuvent en avoir un qui leur soit propre. Rien n'est si rare parmi nous que d'écrire avec son ame et avec son esprit. Tel homme, qui n'a rien dans la tête, veut absolument faire un ouvrage : il lit ceux qu'on a faits, et il en compose une bigarrure: il épie tous les évènements du jour, et va építraillant sur tous les sujets. Le fonds de son caractère est léger; il voudra être sérieux; il vou

dra s'adapter des couleurs grandes ou sombres, qu'il mêlera maladroitement avec un coloris d'éventail qui est le sien. Toute matière lui paraîtra bonne, pourvu qu'il écrive; et, ne s'arrêtant point dans son incurable facilité, il se trouvera en peu de temps volumineusement frivole, et parviendra au douzième tome, lorsque peutêtre il n'aurait pas écrit douze pages, s'il s'était demandé de bonne foi pourquoi il écrivait et ce qu'il avait à dire.

On ne trouve chez les anciens aucune trace de cette ridicule manie: leurs écrivains les plus médiocres ont tous une manière qu'ils ne cherchent point à amalgamer avec celle d'autrui. Ce n'est pas qu'il n'y eût à Rome, comme à Paris, un peuple de misérables imitateurs, qu'Horace appelle un bétail esclave; mais ils étaient généralement méprisés; et, ce qui sert à le prouver, c'est que leurs ouvrages ne nous sont pas parvenus. Nous n'avons aucun des mauvais poëtes dont l'antiquité fait mention; c'est qu'alors les Mauvais productions de l'esprit ne se multipliaient que "tipliés par par des copies manuscrites, qu'on ne prenait guère la peine de faire que pour les ouvrages approuvés : ceux qui vivaient du métier de copistes n'auraient pas trouvé le débit des autres, et savaient trop bien mettre leur temps et leur travail à profit, pour se ruiner en faveur d'un plat écrivain. Ainsi les mauvais ouvrages s'anéantissaient d'eux-mêmes. Ce n'est que depuis l'in

livres, mul

l'im

pression.

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