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LVIII. Le 24 janvier, à une heure après midi, il balança s'il se lèverait pour prendre son repas (1), se sentant l'estomac encore chargé. Il sortit pourtant à la prière de ses amis. Il fallait passer sous une voûte, et l'on avait placé en cet endroit de jeunes garçons asiatiques de familles nobles, qui venaient pour paraître sur le théâtre de Rome. Il s'arrêta un moment pour les considérer et les exhorter à bien faire, et, si leur chef n'avait pas dit qu'il mourait de froid, il allait retourner sur ses pas et faire une répétition. On ne s'accorde pas sur ce qui se passa en ce moment. Les uns disent que, pendant qu'il parlait à ces jeunes gens, Chærea l'avait frappé au cou par derrière, et l'avait blessé grièvement, en criant a MOI, et que le tribun Cornelius Sabinus, l'autre conjuré, lui avait percé le cœur d'autres disent que Sabinus, ayant fait écarter tout le monde par des centurions qui étaient du complot, lui avait demandé le mot de l'ordre, et que Caligula ayant donné JUPITER, Cassius Chærea s'était écrié, va le reJOINDRE, et, comme il se retournait, l'avait frappé à la mâchoire. Renversé par terre et se repliant sur lui-même, il cria qu'il vivait encore. Les autres conjurés le percèrent de trente coups de poignard. Le mot de ralliement était REDOUBLE. Plusieurs même lui enfoncèrent le fer dans la partie virile. Au premier bruit, ses porteurs accoururent avec leurs bâtons, ensuite sa garde allemande, et ils tuèrent plusieurs des meurtriers, et même quelques sénateurs innocents.

LIX. Il vécut vingt-neuf ans, et en régna trois,

(1) Le repas que les anciens appelaient prandium, et qu'ils prenaient vers midi.

et tumultuario rogo semiambustum levi cespite obrutum est; posteà per sorores ab exsilio reversas erutum, crematum, sepultumque. Satis constat, priusquàm id fieret, hortorum custodes umbris inquietatos: in ea quoque domo in qua occubuerit, nullam noctem sine aliquo terrore transactam, donec ipsa domus incendio consumpta sit. Periit unà et uxor Cæsonia, gladio a centurione confossa, et filia parieti illisa.

LX. Conditionem temporum illorum etiam per hæc æstimare quivis possit. Nam neque cæde vulgatâ statim creditum est. Fuitque suspicio, ab ipso Caio famam cædis simulatam et emissam ut eo pacto erga se hominum mentes deprehenderet. Neque conjurati cuiquam imperium destinaverunt. Et senatus in asserenda libertate adeò consensit, ut consules primò non in curiam quia Julia vocabatur, sed in Capitolium convocarent; quidam verò sententiæ loco abolendam Cæsarum memoriam ac diruenda templa censuerint. Observatum autem notatumque est in primis, Cæsares omnes, quibus Caii prænomen fuit, ferro periisse, jam inde ab eo qui cinnanis temporibus sit occisus.

dix mois et huit jours. Son cadavre fut porté secrètement dans les jardins de Lamia, brûlé à demi sur un bûcher fait à la hâte, puis enterré et recouvert de gazon. Quand ses sœurs revinrent de leur exil, elles l'exhumèrent, le brûlèrent et ensevelirent ses cendres. On assure que jusqu'à ce moment les jardiniers de cet endroit furent inquiétés par des fantômes; que la maison où il fut tué fut troublée toutes les nuits par quelque bruit effrayant, jusqu'à ce qu'enfin le feu la consuma. L'épouse de Caius, Césonie, périt en même temps que lui, percée de coups par un centurion, et sa fille fut brisée contre les murailles.

LX. Ce qui peut donner une idée de ces temps-là, c'est que la nouvelle de ce meurtre s'étant répandue, on refusa d'abord de la croire. On crut que c'était un bruit semé par Caius pour savoir ce qu'on pensait de lui. Les conjurés ne destinaient l'empire à personne, et le sénat était tellement d'accord pour rétablir la liberté, que les consuls ne le convoquèrent point dans le lieu accoutumé, parce qu'il s'appelait du nom de Jules César, mais dans le Capitole. Plusieurs furent d'avis d'abolir la mémoire des Césars et de détruire leurs temples.

On observa que tous les Césars qui s'étaient appelés Caius avaient péri de mort violente, à commencer par celui qui fut tué dans le temps de Cinna.

RÉFLEXIONS SUR CALIGULA.

C'EST une chose remarquable que cette suite de monstres qui occupèrent le trône de l'empire presque sans interruption, à compter depuis la mort d'Anguste jusqu'à celle de Domitien. Malheureusement il ne faut presque compter pour rien le règne de Titus, qui ne dura que deux ans, et qui fut assez long pour l'immortaliser, mais trop peu pour établir le bonheur de Rome. Vespasien seul, parmi les dix premiers successeurs d'Auguste, Titus excepté, paraît avoir été digne de régner, et joignit à cet avantage celui de jouir du trône assez long-temps pour rendre ses talents utiles aux Romains. Il est probable que l'extrême corruption des mœurs, la dégradation des ames, les crimes si fréquents qui souillaient le palais des Césars, la mauvaise éducation que leur donnaient des esclaves ou des affranchis à qui l'on confiait l'espérance des peuples, et qui n'avaient d'autre intérêt que d'avilir les maîtres pour écraser les sujets, contribuèrent beaucoup à développer et à fortifier les mauvaises dispositions que ces jeunes princes avaient reçues de la nature, étouffèrent ce qu'ils pouvaient avoir de vertu, et les rendirent plus méchants qu'ils ne l'auraient été. Quelle éducation, par exemple, avait eue Caligula à la Cour de Tibère ? Que pouvait-on attendre d'un jeune homme accoutumé à mépriser le sang humain à force d'en voir répandre, endurci par les cruautés commises sous ses yeux, et corrompu par un homme tel que Macron, capable de lui prostituer sa femme, et de lui vendre les derniers instants de son maître? Qu'on s'étonne après cela des horreurs de son règne! Il était fou, dira-t-on, mais Charles VI parmi nous l'était aussi, et il n'a point été barbare. La folie de Caligula était celle d'un tigre, et il est inconcevable qu'on l'ait souffert pendant plus de trois ans sans l'enchaîner ou le détruire. Rien ne prouve

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