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celle contre Antiochus, ils avoient pris des terres en Afrique ou en Asie, ils n'auroient pu conserver des conquêtes si peu solidement établies (1).

İl falloit attendre que toutes les nations fussent accoutumées à obéir comme libres et comme alliées, avant de leur commander comme sujettes, et qu'elles eussent été se perdre peu à peu dans la république romaine."

Voyez le traité qu'ils firent avec les Latins après la victoire du lac Régille (2): il fut un des principaux fondemens de leur puissance. On n'y trouve pas un seul mot qui puisse faire soupçonner l'empire.

C'étoit une manière lente de conquérir. On vainquoit un peuple, et on se contentoit de l'affoiblir; on lui imposoit des conditions qui le minoient insensiblement s'il se relevoit, on l'abaissoit encore davantage; et il devenoit sujet, sans qu'on pût donner une époque de sa sujétion.

(1) Ils n'osèrent y exposer leurs colonies : ils aimèrent mieux mettre une jalousie éternelle entre les Carthaginois et Massinisse, et se servir du secours des uns et des autres pour soumettre la Macédoine et la Grèce.

(2) Denys d'Halicarnasse le rapporte, liv. VI, chap. 95, édition d'Oxford,

Ainsi, Rome n'étoit pas proprement une monarchie ou une république, mais la tête d'un corps formé par tous les peuples du monde.

Si les Espagnols, après la conquête du Mexique et du Pérou, avoient suivi ce plan, ils n'auroient pas été obligés de tout détruire pour tout conserver.

C'est la folie des conquérans de vouloir donner à tous les peuples leurs loix et leurs coutumes: cela n'est bon à rien; car dans toute sorte de gouvernement on est capable d'obéir.

Mais Rome n'imposant aucunes loix générales, les peuples n'avoient point entre eux de liaisons dangereuses; ils ne faisoient un corps que par une obéissance commune; et sans être compatriotes, ils étoient tous Romains.

On objectera peut-être que les empires fondés sur les loix des fiefs n'ont jamais été durables ni puissans: mais il n'y a rien au monde de si contradictoire que le plan des Romains et celui des Barbares; et, pour n'en dire qu'un mot, le premier étoit l'ouvrage de la force, l'autre de la foiblesse: dans l'un, la sujétion étoit extrême; dans l'autre, l'indépendance dans les pays conquis par

les nations germaniques, le pouvoir étoit dans la main des vassaux, le droit seulement dans la main du prince: c'étoit tout le contraire chez les Romains.

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Comment Mithridate put leur résister.

DE E tous les rois que les Romains attaquèrent, Mithridate seul se défendit avec courage, et les mit en péril.

La situation de ses états étoit admirable pour leur faire la guerre. Ils touchoient au pays inaccessible du Caucase, rempli de nations féroces dont on pouvoit se servir; de là ils s'étendoient sur la mer du Pont: Mithridate la couvroit de ses vaisseaux, et alloit continuellement acheter de nouvelles armées de Scythes; l'Asie étoit ouverte à ses invasions; il étoit riche parce que ses villes sur le Pont-Euxin faisoient un commerce avantageux avec des nations moins industrieuses qu'elles. Les proscriptions dont la coutume commença dans ces temps-là, obligè

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rent plusieurs Romains de quitter leur patrie. Mithridate les reçut à bras ouverts; il forma des légions où il les fit entrer, qui furent ses meilleures troupes (1).

D'un autre côté, Rome travaillée par ses dissentions civiles, occupée de maux plus pressans, négligea les affaires d'Asie, et laissa Mithridate suivre ses victoires, ou respirer après ses défaites.

Rien n'avoit plus perdu la plupart des rois, que le désir manifeste qu'ils témoignoient de la paix; ils avoient détourné par là tous les autres peuples de partager avec eux un péril dont ils

vouloient tant sortir eux-mêmes. Mais Mithridate fit d'abord sentir à toute la terre qu'il étoit ennemi des Romains et qu'il le seroit toujours.

Enfin, les villes de Grèce et d'Asie voyant que le joug des Romains s'appesantissoit tous les jours sur elles

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(1) Frontin Stratagêmes, liv. II, dit qu'Arche— laüs, lieutenant de Mithridate combattant contre Sylla, mit au premier rang ses charriots à faulx; au econd sa phalange; au troisième les auxiliaires rmés à la romaine, mixtis fugitivis Italice, quorum ervicacice multùm fidebat. Mithridate fit même une alance avec Sertorius. Voyez aussi Plutarque, Vie de Lucullus, tome IV, page 213,

mirent leur confiance dans ce roi barbare, qui les appeloit à la liberté.

Cette disposition des choses produisit trois grandes guerres qui forment un des beaux morceaux de l'Histoire Romaine; parce qu'on n'y voit pas des princes déjà vaincus par les délices et l'orgueil, comme Antiochus et Tigrane; ou par la crainte, comme Philippe, Persée et Jugurtha; mais un roi magnanime qui, dans les adversités, tel qu'un lion qui regarde ses blessures, n'en étoit que plus indigné.

Elles sont singulières, parce que les révolutions y sont continuelles et toujours inopinées; car si Mithridate pouvoit aisément réparer ses armées, il arrivoit aussi que dans les revers, où l'on a plus besoin d'obéissance et de discipline, ses troupes barbares l'abandonnoient; s'il avoit l'art de solliciter les peuples, et de faire révolter les villes, il éprouvoit à son tour des perfidies de la part de ses capitaines, de ses enfans et de ses femmes; enfin s'il eut affaire à des généraux romains mal-habiles, on envoya contre lui en divers temps Sylla, Lucullus et Pompée.

Ce prince, après avoir battu les gé

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