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division par centuries, que Tite-Live (1) et Denys d'Halicarnasse (2) nous ont si bien expliquée. Il avoit distribué cent quatre-vingt-treize centuries en six classes, et mis tout le bas peuple dans la dernière centurie, qui formoit seule la sixième classe. On voit que cette disposition excluoit le bas peuple du suffrage, non pas de droit, mais de fait. Dans la suite on régla qu'excepté dans quelques cas particuliers, on suivroit dans les suffrages la division par tribus. Il y en avoit trente-cinq qui donnoient chacune leur voix, quatre de la ville, et trente-une de la campagne. Les principaux citoyens, tous laboureurs, entrèrent naturellement dans les tribus de la campagne ; et celles de la ville reçurent le bas peuple (3), qui y étant enfermé, influoit très-peu dans les affaires et cela étoit regardé comme le salut de la république. Et quand Fabius remit dans les quatre tribus de la ville le menu peuple qu'Appius Claudius avoit répandu dans toutes,

(1) Livre I.

(2) Liv. IV, art. 15 et suiv.
(3) Appelé turba forensis.

ilen acquit le surnom de très-grand (1). Les censeurs jetoient les yeux tous les cinq ans sur la situation actuelle de la république, et distribuoient de manière le peuple dans ses diverses tribus, que les tribuns et les ambitieux ne pussent pas se rendre maitres des suf frages, et que le peuple même ne pût pas abuser de son pouvoir.

Le gouvernement de Rome fut admirable en ce que depuis sa naissance sa constitution se trouva telle, soit par l'esprit du peuple, la force du sénat ou l'autorité de certains magistrats, que tout abus du pouvoir y put toujours être corrigé.

Carthage périt, parce que, lorsqu'il fallut retrancher les abus, elle ne put souffrir la main de son Annibal même. Athènes tomba, parce que ses erreurs lui parurent si douces, qu'elle ne voulut pas en guérir. Et parmi nous, les républiques d'Italie, qui se vantent de la perpétuité de leur gouvernement, ne doivent se vanter que de la perpétuité de leurs abus; aussi n'ont-elles pas plus de liberté que Rome n'en eut du temps des décemvirs (2). Voyez Tite-Live, liv. IX.

Ni même plus de puissance.

Le gouvernement d'Angleterre est plus sage, parce qu'il y a un corps qui l'examine continuellement, et qui s'examine continuellement lui-même : et telles sont ses erreurs, qu'elles ne sont jamais longues; et que par l'esprit d'attention qu'elles donnent à la nation elles sont souvent utiles.

En un mot, un gouvernement libre, c'est-à-dire, toujours agité, ne sauroit se maintenir, s'il n'est, par ses propres loix, capable de correction.

CHAPITRE IX.

Deux causes de la perte de Rome.

LORSQUE la domination de Rome étoit bornée dans l'Italie la république pouvoit facilement subsister. Tout soldat étoit également citoyen : chaque consul avoit une armée ; et d'autres citoyens alloient à la guerre sous celui qui succédoit. Le nombre

des

des troupes n'étant pas excessif, on avoit attention à ne recevoir dans la milice que des gens qui eussent assez de bien pour avoir intérêt à la conservation de la ville (1). Enfin, le sénat voyoit de près la conduite des généraux, et leur ôtoit la pensée de rien faire contre leur devoir.

Mais, lorsque les légions passèrent les Alpes et la mer, les gens de guerre qu'on étoit obligé de laisser pendant plusieurs campagnes dans les pays que Fon soumettoit, perdirent peu à peu l'esprit de citoyens; et les généraux, qui disposèrent des armées et des royaumes, sentirent leur force, et ne purent plus obéir.

Les soldats commencèrent donc à

(1) Les affranchis, et ceux qu'on appeloit capite censi, parce qu'ayant très-peu de bien, ils n'étoient taxés que pour leur tête, ne furent point d'abord enrôlés dans la milice de terre, excepté dans les cas pressans, Servius Tullius les avoit mis dans la sixième classe, et on ne prenoit des soldats que dans les cinq premières. Mais Marius, partant contre Jugurtha, enrôla indifféremment tout le monde: Milites scribere, dit Salluste, non more majorum neque classibus, sed uti cujusque libido erat, capite censos plerosque. De bello Jugurth. Remarquez que, dans la division par tribus, ceux qui étoient dans les quatre tribus de la ville, étoient à peu près les mêmes que ceux qui, dans la division par centuries, étoient dans la sixième classe.

ne reconnoître que leur général, à fonder sur lui toutes leurs espérances, et à voir de plus loin la ville. Ce ne furent plus les soldats de la république, mais de Sylla, de Marius, de Pompée, de César. Rome ne put plus savoir si celui qui étoit à la tête d'une armée dans une province, étoit son général ou son ennemi.

Tandis que le peuple de Rome ne fut corrompu que par ses tribuns, à qui il ne pouvoit accorder que sa puissance même, le sénat pur aisément se défendre, parce qu'il agissoit constamment ; au lieu que la populace passoit sans cesse de l'extrémité de la fougue à l'ex trémité de la foiblesse. Mais quand le peuple put donner à ses favoris une formidable autorité au dehors, toute la sagesse du sénat devint inutile, et la république fut perdue.

Ce qui fait que les états libres du rent moins que les autres, c'est que les malheurs et les succès qui leur arrivent, leur font presque toujours perdre la liberté; au lieu que les succès et les malheurs d'un état où le peuple est soumis, confirment également sa servitude. Une république sage ne doit rien ha

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