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realtà, che poi coincide col problema del valore conoscitivo della scienza, dato che la scienza si presenta appunto come determinazione di quella realtà, non potrà oggi essere esaurientemente affrontato senza che si tenga conto della stessa teoria della relatività.

CESARE L. MUSATTI

Assistente nel Laboratorio di Psicologia sperimentale della R. Università di Padova

Einstein ou Bergson?

Toute la synthèse einsteinienne concernant la relativité du temps est fondée sur cette idée, développée par Einstein, que la durée, l'intervalle de temps, qui sépare deux événements donnés n'est pas identique pour deux observateurs de ces événements, si ces observateurs sont animés de vitesses différentes. Cette variabilité des durées séparant deux événements donnés repose elle-même tout entière sur l'affirmation d' Einstein que deux événements simultanés pour un observateur donné ne sont pas simultanés pour un autre observateur en mouvement par rapport au premier. C'est-à-dire que, si leur intervalle de temps est égal à zéro pour le premier observateur, il est différent de zéro pour le second.

Cette relativité de la simultanéité est à la base de toute la théorie d'Einstein. Elle en est la pierre angulaire, la pierre d'achoppement. Elle est d'ailleurs en contradiction formelle avec les idées de la science classique, de la science newtonienne. Selon celle-ci, la simultanéité a un sens absolu, c'est-à-dire que, d'après elle, si deux événements se trouvent être simultanés pour un observateur donné, ils le sont également pour tous les autres observateurs, quelle que soit leur vitesse.

Là est le point essentiel, le point crucial, le noeud de toute la question et qui départage parce que tout le reste en découle — la théorie d'Einstein et la science classique telle que l'ont fondée Galilée et Newton.

En tête d'une très remarquable étude qu'il a consacrée récemment à ces controverses (Nouveaux débats einsteiniens, « Revue Universelle du 1er avril 1923), M. Jacques Maritain rappelait le beau précepte de

Platon selon lequel il convient au philosophe d'être prolixe sur les principes, puisque tout le reste en dépend. Ne craignons donc pas à notre tour d'être prolixe sur les principes de la synthèse einsteinienne, pourvu que nous ne trahissions pas notre ambition qui est d'être clair.

De quoi s'agit-il, en somme, à la base de tout cela? De savoir si réellement la simultanéité est relative comme l'affirme Einstein, comme l'affirment avec lui ses partisans, dont le plus autorisé en France est M. Paul Langevin, professeur au Collège de France. Il s'agit de savoir si, au contraire, la simultanéité n'est pas relative comme l'affirment, de l'autre côté de la barricade des hommes illustres ou éminents comme M. Bergson et M. Jacques Maritain.

M. Bergson vient de consacrer un livre tout entier (1) à l'exposé de ses vues sur la question et à la réfutation détaillée de ce qu'il considère comme une erreur initiale et essentielle de la part d'Einstein. Dans ce livre, et avec une puissance persuasive qui n'est point inégale à son talent littéraire, le célèbre philosophe (dont nul ne peut contester par ailleurs la profonde culture scientifique) s'est proposé de démontrer la relativité einsteinienne de la simultanéité n'est qu'« un mirage », une image artificielle et fausse des phénomènes.

que

Dans l'étude à laquelle nous venons de faire allusion, M. Jacques Maritain s'est délibérément rangé du même côté de la barricade et il a appuyé l'argumentation bergsonienne d'une dialectique vigoureuse et véritablement convaincante. La conjonction, l'accord de ces deux hommes est d'autant plus remarquable qu'également armés d'une culture physicomathématique approfondie, ils représentent assurément en France les deux pôles opposés de la philosophie contemporaine.

Que deux hommes de cette valeur et par ailleurs si profondément dissemblables-soient d'accord pour réfuter et rejeter complètement une affirmation et une démonstration fondamentale d' Einstein par des raisonnements qui, nous allons le voir, paraissent eux-mêmes, et quoi qu'on en ait dit, logiquement irréfutables, c'est ce qui peut paraître a priori surprenant. Car enfin, qu'on puisse discuter sans fin et sans issue sur la meilleure structure à donner à un gouvernement, ou sur la plus parfaite forme d'art, ou sur tel problème métaphysique ou éthique, c'est ce dont nul ne s'étonnera. Mais que, comme dans le cas qui nous oc

(1) Durée et simultanéité. Alcan, édit.

cupe et où il s'agit seulement de déductions logiques fondées sur des faits, que nul des adversaires ne songe d'ailleurs à contester, que, dans un cas aussi exempt d'ambiguïté, un Einstein et un Bergson puissent se cantonner sans conciliation possible dans les positions catégoriques et opposées qu'ils ont prises, et en se retranchant pareillement derrière la seule raison et derrière les mêmes faits, c'est là une chose déconcertante et peut-être sans précédent.

Il nous a semblé qu'il devait y avoir là quelque colossal malentendu, quelque équivoque monstrueuse qu'il suffirait peut-être de découvrir et de dévoiler pour mettre tout le mond d'accord et pour que bergsoniens et einsteiniens se déclarent également convaincus.

Einstein affirme et démontre que deux événements qui ont lieu en même temps pour un observateur donné n'ont pas lieu en même temps pour un observateur en mouvement par rapport au premier. M. Bergson et M. Maritain affirment et démontrent au contraire que le raisonnement d'Einstein est faux ou spécieux et que deux événements simultanés pour un observateur donné le sont également et nécessairement pour tous les autres.

Voilà la position de la question, voici les thèses en présence.

Avant d'aller plus loin, il sied de préciser le sens des mots en même temps, simultané et d'éviter une équivoque dans laquelle, d'ailleurs, ni Einstein, ni ses adversaires ne songent à se réfugier.

Il est vraiment trop facile de dire, comme le font certaines doctes personnes, que le désaccord entre Einstein et un Bergson ou un Maritain provient de ce que ceux-ci n'ont pas compris Einstein ». Il est permis de le dire, mais il serait mieux de le prouver. Nous montrerons au contraire, plus loin, que le seul tort de M. Bergson et de M. Maritain a été je n'ose dire de trop bien comprendre Einstein - mais de s'attacher trop fidèlement, trop exactement à la lettre et au texte d'une de ses démonstrations. Mais n'anticipons pas.

Quand je dis que, pour moi, deux événements ont lieu en même temps, sont simultanés, que veux-je dire exactement ? Si j'entends en même temps deux horloges, éloignées l'une de l'autre et de moi-même, sonner la demie de une heure, dirai-je qu' elles ont sonné en même temps? Non, si je sais que je suis très près de l'une de ces horloges et très loin de l'autre. Car je sais que le son ne se propage pas instantanément et qu'il parcourt environ un kilomètre toutes les trois secondes.

Si donc je suis à côté d'une des horloges et à un kilomètre de l'autre, le fait que j'entends en même temps leurs deux sonneries m'induira à conclure les deux horloges n'ont pas sonné en même temps; la plus éloignée a sonné trois secondes plus tôt que l'autre.

De ce que deux sensations sont simultanées, nous ne pouvons donc pas déduire que les événements, causes de ces sensations, sont simultanés. Je ne pourrais faire cette déduction que si l'agent de transmission de l'événement à mes sens (et qui est une onde sonore dans le cas examiné ici) avait une vitesse infinie. Or, nous ne connaissons dans la nature aucun agent de transmission mécanique ou physique, aucun rayonnement qui ait une vitesse infinie. Le plus rapide des agents de transmission réels connus est la lumière qui, comme l'électricité, se propage à la vitesse d'environ 300.000 kilomètres par seconde.

Il n'existe donc dans la nature aucun phénomène connu qui nous permette d'affirmer que, lorsque nous percevons en même temps deux événements éloignés, ces événements ont lieu en même temps.

Il est cependant un cas où je peux affirmer que les événements perçus en même temps ont eu lieu en même temps: c'est lorsque je me trouve à égale distance de l'un et de l'autre, et que l'agent de transmission (son ou lumière) a la même vitesse dans les deux sens. Dans la pratique courante de la vie, les distances sur lesquelles nous opérons sont si faibles et la vitesse de la lumière est si grande qu'elle nous vient presque instantanément de tous les objets terrestres qui tombent sous nos yeux.

C'est pourquoi on a coutume de dire que deux événements sont simultanés (par exemple les arrivés dead-heat de deux chevaux au poteau) lorsque nous les voyons en même temps. Pareillement nous dirons que deux horloges éloignées marquent la même heure si nous voyons en même temps leurs aiguilles respectives sur la même division des cadrans. Cette simplicité conforme au sens commun et à l'usage de la notion de simultanéité cesse lorsqu'on considère des objets suffisamment éloignés pour que la lumière ait besoin d'un temps appréciable pour nous en parvenir. Tel est le cas des astres.

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Lorsque j'observe au spectroscope une protubérance éruptive qui érige brusquement sa flamme rose sur le bord du soleil et que, voulant regarder en même temps ma montre, je la laisse, dans ma précipitation, tomber sur le parquet de l'équatorial, ai-je le droit de dire que la pro

tubérance a jailli sur le soleil en même temps que ma montre tombait sur le plancher? Assurément non. Je sais, en effet, que la lumière a besoin de huit minutes pour nous venir du soleil. La protubérance a donc jailli huit minutes avant la chute de ma montre et non pas en même temps. Pour que ces événements puissent être considérés par moi comme simultanés, il faudrait que j'eusse observé la protubérance huit minutes après la chute de ma montre.

Or il existe maintenant des expériences que les physiciens font dans leurs laboratoires et qui sont à tel point précises que le temps mis par la lumière pour parcourir quelques mètres seulement, ou même quelques décimètres, cesse d'être négligeable.

Par analogie avec ce que nous disions tout à l'heure de nos deux horloges et de l'observateur équidistant, on pourra définir en toute rigueur la simultanéité de deux événements A et B de la façon suivante: ces deux événements sont simultanés lorsqu'ils sont vus rigoureusement en même temps par un observateur placé à égale distance de chacun d'eux. Cette définition est parfaitement conforme à la réalité, à la nature des choses, à condition que la lumière emploie exactement le même temps à parcourir l'espace séparant A de l'observateur et l'espace séparant B de l'observateur. Ces deux espaces sont égaux par définition. Pour que notre définition de la simultanéité soit impeccable, il suffit donc que la lumière ait la même vitesse de A à l'observateur et de Bà l'observateur. Il faut et il suffit, en un mot, que la vitesse de la lumière soit la même dans tous les sens par rapport à l'observateur.

Or, que la vitesse de la lumière soit la même dans tous les sens par rapport à un observateur donné et en mouvement quelconque, cela résulte de toutes les expériences électromagnétiques, cela explique immédiatement la célèbre expérience de Michelson (1). C'est là, dis-je, un résultat établi par de nombreuses expériences concordantes et qu'aucune d'entre elles n'a démenti. Ce résultat, que nous devons considérer comme acquis, constitue ce qu'Einstein a appelé le principe de la constance de la vitesse de la lumière, principe qui n'est nullement, comme l'ont cru certains commentateurs, un axiome théorique et a priori, une

(1) Voir, pour la description de cette expérience, mon volume Einstein et l'Univers Hachette), passim.

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