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vers l'Europe; au lieu que, dans la première invasion, sous Gallus, les forces des barbares se partagèrent.

L'empire ayant été réellement divisé, les empereurs d'Orient, qui avaient des alliances avec les barbares, ne voulurent pas les rompre pour secourir ceux d'Occident. Cette division dans l'administration, dit Priscus (1), fut très-préjudiciable aux affaires d'Occident. Ainsi les Romains d'Orient (2) refusèrent à ceux d'Occident une armée navale, à cause de leur alliance avec les Vandales. Les Wisigoths, ayant fait alliance avec Arcadius, entrèrent en Occident, et Honorius fut obligé de s'enfuir à Ravenne (3). Enfin Zénon, pour se défaire de Théodoric, lui persuada d'aller attaquer l'Italie, qu'Alaric avait déjà ravagée.

Il y avait une alliance très-étroite entre Attila et Genseric, roi des Vandales (4). Ce dernier craignait les Goths (5) : il avait marié son fils avec la fille du roi des Goths, et lui ayant ensuite fait couper le nez, il l'avait renvoyée : il s'unit donc avec Attila. Les deux empires comme enchaînés par ces deux princes, n'osaient se secourir. La situation de celui d'Occident fut surtout déplorable: il n'avait point de forces de mer; elles étaient toutes en Orient (6), en Égypte, Chypre, Phénicie, Ionie, Grèce, seuls pays où il eût alors quelque commerce. Les Vandales et d'autres peuples attaquaient partout les côtes d'Occident. Il vint une ambassade des Italiens à Constantinople, dit Priscus (7), pour faire savoir qu'il était impossible que les affaires se soutinssent sans une réconciliation avec les Vandales.

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Ceux qui gouvernaient en Occident ne manquèrent pas de politique ils jugèrent qu'il fallait sauver l'Italie, qui était en quelque façon la tête et en quelque façon le cœur de l'empire. On fit passer les barbares aux extrémités, et on les y plaça. Le dessein était bien conçu, il fut bien exécuté. Ces nations ne demandaient que la subsistance : on leur donnait les plaines; on se réservait les pays montagneux, les passages des rivières les défilés, les places sur les grands fleuves; on gardait la souveraineté. Il y a apparence que ces peuples auraient été forcés de devenir Romains; et la facilité avec laquelle ces destructeurs furent eux-mêmes détruits par les Francs, par les Grecs, par les Maures, justifie assez cette pensée. Tout ce système fut renversé par une révolution plus fatale que toutes les autres : l'armée d'Italie, composée d'étrangers, exigea ce qu'on avait accordé à des nations plus étrangères encore: elle forma sous Odoacer (1) Liv. II. (2) Ibid. (3) Procope, Guerre des Vandales. (4) Priscus, liv. II. (5) Voyez Jornandès, de Rebus geticis, chap. xxxvI. —(6) Cela parut surtout dans la guerre de Constantin et de Licinius.

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(7) Liv. II.

une aristocratie qui se donna le tiers des terres de l'Italie ; et ce fut le coup mortel porté à cet empire.

Parmi tant de malheurs, on cherche, avec une curiosité triste, le destin de la ville de Rome. Elle était, pour ainsi dire, sans défense; elle pouvait être aisément affamée; l'étendue de ses murailles faisait qu'il était très-difficile de les garder; comme elle était située dans une plaine, on pouvait aisément la forcer; il n'y avait point de ressource dans le peuple, qui en était extrêmement diminué. Les empereurs furent obligés de se retirer à Ravenne, ville autrefois défendue par la mer, comme Venise

l'est aujourd'hui.

Le peuple romain, presque toujours abandonné de ses souverains, commença à le devenir, et à faire des traités pour sa conservation (1); ce qui est le moyen le plus légitime d'acquérir la souveraine puissance : c'est ainsi que l'Armorique et la Bretagne commencèrent à vivre sous leurs propres lois (2).

Telle fut la fin de l'empire d'Occident. Rome s'était agrandie, parce qu'elle n'avait eu que des guerres successives, chaque nation, par un bonheur inconcevable, ne l'attaquant que quand l'autre avait été ruinée. Rome fut détruite, parce que toutes les nations l'attaquèrent à la fois et pénétrèrent partout.

CHAPITRE XX.

Des conquêtes de Justinien.

De son gouvernement.

COMME tous ces peuples entraient pêle-mêle dans l'empire, ils s'incommodaient réciproquement et toute la politique de ces temps-là fut de les armer les uns contre les autres; ce qui était aisé, à cause de leur férocité et de leur avarice. Ils s'entredétruisirent pour la plupart avant d'avoir pu s'établir; et cela que l'empire d'Orient subsista encore du temps.

fit

D'ailleurs le nord s'épuisa lui-même; et l'on n'en vit plus sortir ces armées innombrables qui parurent d'abord : car, après les premières invasions des Goths et des Huns, surtout depuis la mort d'Attila, ceux-ci, et les peuples qui les suivirent, attaquèrent avec moins de forces.

Lorsque ces nations, qui s'étaient assemblées en corps d'armée, se furent dispersées en peuples, elles s'affaiblirent beaucoup; répandues dans les divers lieux de leurs conquêtes, elles furent elles-mêmes exposées aux invasions. Ce fut dans ces circonstances que Justinien entreprit de reconquérir l'Afrique et l'Italie, et fit

(1) Du temps d'Honorius, Alaric, qui assiégeait Rome, obligea cette ville à prendre son alliance, même contre l'empereur, qui ne put s'y opposer. (Procope, Guerre des Goths, liv. I. Voyez Zosime, liv. VI.) — (2) Zosime, ibid.

ce que nos Français exécutèrent aussi heureusement contre les Wisigoths, les Bourguignons, les Lombards et les Sarrasins. 'Lorsque la religion chrétienne fut apportée aux barbares, la secte arienne était, en quelque façon, dominante dans l'empire. Valens leur envoya des prêtres ariens, qui furent leurs premiers apôtres. Or, dans l'intervalle qu'il y eut entre leur conversion et leur établissement, cette secte fut, en quelque façon, détruite chez les Romains: les barbares ariens, ayant trouvé tout le pays orthodoxe, n'en purent jamais gagner l'affection ; et il fut facile aux empereurs de les troubler.

D'ailleurs ces barbares, dont l'art et le génie n'étaient guère d'attaquer les villes, et encore moins de les défendre, en laissèrent tomber les murailles en ruine. Procope nous apprend que Bélisaire trouva celles d'Italie en cet état. Celles d'Afrique avaient été démantelées par Genséric (1), comme celles d'Espagne le furent dans la suite par Vitisa (2), dans l'idée de s'assurer de ses habitans.

La plupart de ces peuples du nord, établis dans les pays du midi, en prirent d'abord la mollesse, et devinrent incapables des fatigues de la guerre (3): les Vandales languissaient dans la volupté; une table délicate, des habits efféminés, des bains, la musique, la danse, les jardins, les théâtres, leur étaient devenus

nécessaires.

Ils ne donnaient plus d'inquiétude aux Romains (4), dit Malchus (5), depuis qu'ils avaient cessé d'entretenir les armées que Genséric tenait toujours prêtes, avec lesquelles il prévenait ses ennemis, et étonnait tout le monde par la facilité de ses entreprises.

La cavalerie des Romains était très-exercée à tirer de l'arc; mais celle des Goths et des Vandales ne se servait que de l'épée et de la lance, et ne pouvait combattre de loin (6) : c'est à cette différence que Bélisaire attribuait une partie de ses succès.

Les Romains, surtout sous Justinien, tirèrent de grands services des Huns, peuples dont étaient sortis les Parthes, et qui combattaient comme eux. Depuis qu'ils eurent perdu leur puissance par la défaite d'Attila et les divisions que le grand nombre de ses enfans fit naître, ils servirent les Romains en qualité d'auxiliaires, et ils formèrent leur meilleure cavalerie.

(1) Procope, Guerre des gne, liv. VI, chap. XIX. (4) Du temps d'Honoric.

Toutes ces nations barbares se distinguaient chacune par leur Vandales, liv. I. —(2) Mariana, Histoire d'Espa(3) Procope, Guerre des Vandales, liv. II. (5) Histoire byzantine, dans l'Extrait des Ambassades. (6) Voyez Procope, Guerre des Vandales, liv. I; et le même auteur, Guerre des Goths, liv. I. Les archers goths étaient à pied; ils étaient pen instruits.

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manière particulière de combattre et de s'armer (1). Les Goths et les Vandales étaient redoutables l'épée à la main ; les Huns étaient des archers admirables; les Suèves, de bons hommes d'infanterie; les Alains étaient pesamment armés, et les Hérules étaient une troupe légère. Les Romains prenaient dans toutes ces nations les divers corps de troupes qui convenaient à leurs desseins, et combattaient contre une seule avec les avantages de toutes les autres.

Il est singulier que les nations les plus faibles aient été celles qui firent de plus grands établissemens. On se tromperait beaucoup, si l'on jugeait de leurs forces par leurs conquêtes. Dans cette longue suite d'incursions, les peuples barbares, ou plutôt les essaims sortis d'eux, détruisaient ou étaient détruits; tout dépendait des circonstances: et pendant qu'une grande națion était combattue ou arrêtée, une troupe d'aventuriers qui trouvaient un pays ouvert y faisaient des ravages effroyables. Les Goths, que le désavantage de leurs armes fit fuir devant tant de nations, s'établirent en Italie, en Gaule et en Espagne : les Vandales, quittant l'Espagne par faiblesse, passèrent en Afrique, ou ils fondèrent un grand empire.

Justinien ne put équiper contre les Vandales que cinquante vaisseaux; et quand Bélisaire débarqua, il n'avait que cinq mille soldats (2). C'était une entreprise bien hardie: et Léon, qui avait autrefois envoyé contre eux une flotte composée de tous les vaisseaux de l'Orient, sur laquelle il avait cent mille hommes, n'avait pas conquis l'Afrique, et avait pensé perdre l'empire.

Ces grandes flottes, non plus que les grandes armées de terre, n'ont guère jamais réussi. Comme elles épuisent un état, si l'expédition est longue, ou que quelque malheur leur arrive, elles ne peuvent être secourues ni réparées: si une partie se perd, ce qui reste n'est rien, parce que les vaisseaux de guerre, ceux de transport, la cavalerie, l'infanterie, les munitions, enfin les diverses parties, dépendent du tout ensemble. La lenteur de l'entreprise fait qu'on trouve toujours des ennemis préparés : outre qu'il est rare que l'expédition se fasse jamais dans une saison commode, on tombe dans le temps des orages, tant de choses n'étant presque jamais prêtes que quelques mois plus tard qu'on ne se l'était promis.

Bélisaire envahit l'Afrique; et ce qui lui servit beaucoup, c'est qu'il tira de Sicile une grande quantité de provisions, en

(1) Un passage remarquable de Jornandès nous donne toutes ces différences: c'est à l'occasion de la bataille que les Gépides donnèrent aux enfans d'At(2) Procope, Guerre des Goths, liv. II.

tila.

conséquence d'un traité fait avec Amalasonte, reine des Goths. Lorsqu'il fut envoyé pour attaquer l'Italie, voyant que les Goths tiraient leur subsistance de la Sicile, il commença par la conquérir; il affama ses ennemis, et se trouva dans l'abondance de toutes choses.

Bélisaire prit Carthage, Rome et Ravenne, et envoya les rois des Goths et des Vandales captifs à Constantinople, où l'on vit, après tant de temps, les anciens triomphes renouvelés (1).

On peut trouver dans les qualités de ce grand homme (2) les principales causes de ses succès. Avec un général qui avait toutes les maximes des premiers Romains, il se forma une armée telle que les anciennes armées romaines.

Les grandes vertus se cachent ou se perdent ordinairement dans la servitude; mais le gouvernement tyrannique de Justinien ne put opprimer la grandeur de cette âme ni la supériorité de ce génie.

L'eunuque Narses fut encore donné à ce règne pour le rendre illustre. Élevé dans le palais, il avait plus la confiance de l'empereur; car les princes regardent toujours leurs courtisans comme leurs plus fidèles sujets.

Mais la mauvaise conduite de Justinien, ses profusions, ses vexations, ses rapines, sa fureur de bâtir, de changer, de réformer, son inconstance dans ses desseins, un règne dur et faible, devenu plus incommode par une longue vieillesse, furent des malheurs réels, mêlés à des succès inutiles et une gloire vaine.

Ces conquêtes, qui avaient pour cause, non la force de l'empire, mais de certaines circonstances particulières, perdirent tout: pendant qu'on y occupait les armées, de nouveaux peuples passèrent le Danube, désolèrent l'Illyrie, la Macédoine et la Grèce ; et les Perses, dans quatre invasions, firent à l'Orient des plaies incurables (3).

Plus ces conquêtes furent rapides, moins elles eurent un établissement solide : l'Italie et l'Afrique furent à peine conquises, qu'il fallut les reconquérir.

Justinien avait pris sur le théâtre une femme qui s'y était long-temps prostituée (4): elle le gouverna avec un empire qui n'a point d'exemple dans les histoires; et, mettant sans cesse dans les affaires les passions et les fantaisies de son sexe, elle corrompit les victoires et les succès les plus heureux.

En Orient, on a de tout temps multiplié l'usage des femmes,

(2) Voyez Suidas, ravagèrent d'autant plus, qu'on (4) L'impératrice Théodora.

(1) Justinien ne lui accorda que le triomphe de l'Afrique. à l'article Bélisaire. (3) Les deux empires se m'espérait pas conserver ce qu'on avait conquis.

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