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lui dit d'un air riant: J'ai ordonné qu'on vous

loge dans mon palais; ne craignez pas qu'on Second

vous en chasse à minuit,

Jules Capitolin, qui nous a laissé une histoire de cet empereur, où nous trouvons un détail des maximes qu'il suivit dans son gouvernement, ne raconte presque aucun fait particulier de son règne. Quelques modernes ont pensé que l'ouvrage de Jules Capitolin était tronqué ou défectueux; mais quand on considère que sous ce gouvernement l'empire n'avait éprouvé ni révolutions ni désastres, que l'ordre fut constant et le calme profond, on soupçonne aisément que les matériaux manquèrent à l'histoire.

siècle.

CHAPITRE XVIII.

Marc-Aurèle.

MARC-AURÈLE, le philosophe, Marcus Annius Aurelius Antoninus, fut proclamé empereur par le sénat aussitôt après la mort d'Antonin. Il crut devoir associer à l'empire Lucius Verus, fils de Lucius Adrianus Commodus,

Second

siècle.

qu'Adrien avait adopté, et qui était mort avant ce prince. Cette division du pouvoir impérial, dont il donnait le premier exemple, fut une faute qui lui fut reprochée, et qui eut les suites les plus funestes. Marc-Aurèle en eût peut-être été la première victime, si une mort prématurée ne lui avait enlevé le collègue dont la scandaleuse dissolution des moeurs formait le contraste le plus frappant avec la conduite qu'il tenait lui-même sur le trône.

Marc-Aurèle avait pris le manteau des philosophes à l'âge de vingt-deux ans. Il vécut constamment sur le trône, avec l'austérité dont les philosophes stoïciens se piquaient. Son extrême sobriété le mettait en état de soulager les peuples sans fouler l'état. Une peste générale ravagea l'empire sous son règne; à ce terrible fléau succédèrent la famine et une irruption des Barbares. L'empire eût été dissout sans la vigilance de l'empereur; il soutint la guerre avec son patrimoine particulier, pour ne pas mettre sur les provinces une charge qu'elles ne pouvaient payer. Je vous donne cette épée, avait-il dit au préfet du prétoire, pour me défendre tant que je m'acquitterai fidèlement de ma charge; elle doit servir à me punir,

si j'oubliais que mon devoir est de faire le bonheur des Romains.

Marc-Aurèle employa sa vie à chercher les moyens de rétablir dans Rome les formes républicaines; dans cette vue, il assistait aux assemblées du sénat, avec l'assiduité du moindre sénateur; faisait rendre aux consuls et aux préteurs les mêmes honneurs dont ils jouissaient avant le règne d'Auguste, et ne se considérait lui-même que comme le ministre de la république. Les seuls défauts que l'histoire lui reproche, sont d'avoir toléré les désordres de sa femme, et de n'avoir pas écarté de l'empire şon fils Commode, dont les mauvaises qualités ne pouvaient lui être inconnues.

On attribue à Antonin et à Marc-Aurèle une constitution qui ôtait aux sénateurs la liberté de posséder des propriétés hors de l'Italie; la disposition des choses rendait cette loi nécessaire. L'usage de donner le commandement des armées à des citoyens de l'ordre sénatorial, s'était tourné en système politique. Depuis qu'une quantité prodigieuse de soldats étrangers se trouvait dans les légions, l'ascendant du nom romain ne pouvait être maintenu dans les armées, qu'au tant que les principaux emplois étaient confiés aux sénateurs et aux patriciens. J'ai observé

Second siècle.

Second

siècle.

que les armées s'étaient déja plusieurs fois arrogé le droit d'élire des empereurs dans les provinces éloignées de Rome. Non-seulement les chefs des armées trouvaient dans leurs possessions un intérêt domestique d'aimer l'Italie, de la défendre et d'y résider, mais ces possessions étaient un gage qui répondait à l'empereur de leur fidélité.

Cet usage tomba en désuétude; lorsque Gallien défendit, par une loi expresse, qu'aucun sénateur commandât désormais les armées réglement absurde qui fut le principe de la décadence de l'Italie.

L'inutilité des soins que, pendant plus quatrevingts ans, s'étaient donnés à l'envi, Trajan, Adrien, Antonin et Marc-Aurèle pour rétablir la république romaine, démontre jusqu'à l'évidence, que la chute de ce gouvernement était la suite nécessaire du mode de son organisation politique. En vain on nous dit que le caractère du peuple romain avait changé tout-à-coup, et que ces ames autrefois fières, courageuses, républicaines, s'étaient fait subitement une habitude d'obéir. Tous les observateurs connaissent que le caractère des peuples ne change presque jamais. Les Français ressemblent encore aujourd'hui aux Gaulois dont

siècle.

César fait le tableau dans ses Commentaires. Mais il était impossible de connaître par tribus, Second par curies, par centuries, la volonté individuelle de toute l'Italie. Il y eut de grandes vertus sous les empereurs, plusieurs d'entr'eux favorisèrent l'esprit public; cet esprit public aurait pu se développer, s'ils avaient établi une représentation nationale: les préjugés de ce temps-là s'opposaient sans doute à cette mesure.

Il est si vrai que les lueurs de liberté qui brillèrent sous les empereurs vertueux furent l'ouvrage de ces princes, et non celui de l'esprit public dont ils favorisaient en vain la propagation, qu'elles s'éteignirent dans leur tombeau. Le règne des deux Antonins ressemblait à celui de la liberté; Commode monte sur le trône, et le bonheur des Romains disparaît comme une vaine fumée. L'abus du gouvernement militaire parut dans tout son excès. Ceux qui égorgèrent ce monstre, vendaient l'empire, et assassinaient les empereurs pour le vendre de nouveau. Les attentats qui se multiplièrent, creusaient des précipices sous les pieds de ces tyrans, la plupart ne faisaient que passer, et dans ce désordre quelques bons princes périrent par le fer.

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