Εικόνες σελίδας
PDF
Ηλεκτρ. έκδοση

Sixième

siècle.

forts pour faire entrer dans Rome un convoi de vivres. Ce projet ne pouvait recevoir son exécution sans briser l'estacade construite par les Goths sur le Tibre. Le général romain joignit ensemble deux grands bateaux sur lesquels fut élevée une tour de bois plus haute que celle qui défendait les extrémités de l'estacade. Il fit entrer dans le Tibre deux cents barques remplies de blé et de soldats. Ces barques étaient bordées de planches percées d'embrasures, afin que les soldats, à couvert, pussent lancer leurs traits sur l'ennemi. A l'embouchure du Tibre furent placés, à droite et à gauche, deux corps de cavalerie et d'infanterie pour défendre les approches de Porto. Il laissa dans la ville sa femme et ses bagages, sous la garde d'un de ses lieutenans, auquel il recommanda de ne pas sortir de Porto, pour quelque raison que ce fût, quand même il apprendrait que le convoi, qu'il allait conduire lui-même, aurait été taillé en pièces par les ennemis.

Ses dispositions faites, Bélisaire se mit à la tête de sa flotte, faisant tirer par des bœufs les deux chaloupes chargées de la tour sur laquelle il plaça des caissons remplis de poix, de résine et d'autres matières combustibles. Sur le bord du Tibre, du côté de Porto, mar

chait son infanterie. La flotte remontant le

Sixième

fleuve avec beaucoup de peine, parvint auprès siècle. de l'estacade. On accable de traits les Goths postés sur les deux rives; on brise la chaîne à coups de hache; on applique la tour contre celle que Totila avait élevée du côté de Porto; on y lance les matières embrasées, elle est rapidement consumée avec deux cents Goths qui la défendaient. Tout réussissait à Bélisaire, il se préparait à rompre l'estacade, c'était le seul obstacle qui lui restait à vaincre pour parvenir dans Rome; un accident imprévu fit échouer l'entreprise.

Le bruit se répandit à Porto, que Bélisaire avait forcé le passage et défait les Goths. A cette nouvelle le commandant de cette place, oubliant les ordres précis de son général, voulant participer à la victoire, sort de Porto avec un corps de cavalerie pour attaquer une division ennemie qui bloquait la ville. Cette charge imprévue jette le désordre parmi les Goths; mais bientôt revenus de leur terreur, et voyant le petit nombre des ennemis, ils les taillent en pièces, et poursuivent les fuyards jusque dans le port de Porto. Cette nouvelle est portée à Bélisaire, il se figure que les Goths sont dans Porto, que sa femme est leur prisonnière, et

siècle.

que la retraite vers la mer lui est coupée, il Sixième abandonne tout pour fondre sur les ennemis et reprendre la ville. En approchant de Porto, il sut que ses alarmes étaient vaines; mais l'opération était manquée; la quantité de troupes que Totila avait envoyées au bord du Tibre, pour défendre l'estacade, ne permettait plus de l'attaquer de nouveau avec quelque espoir de succès.

CHAPITRE XX.

Totila se rend maître de Rome.

TOTILA
OTILA entra dans Rome par surprise, le 17
décembre 549. La ville était presqu'entièrement
déserte. Procope rapporte que ce prince voulait
la détruire entièrement et en disperser les ha-
bitans, pour anéantir un sujet éternel de ja-
lousie et de guerre entre les Goths et les em-
pereurs de Constantinople. Il ajoute qu'il fut
détourné de ce dessein, par une lettre que lui
écrivit Bélisaire, dans laquelle ce général, après
avoir relevé la magnificence de Rome, dont
la ruine ne pouvait que couvrir le destructeur
d'un opprobre éternel, finissait ainsi : Supposé

Sixième

que la guerre se termine à ton avantage, et que tu demeures vainqueur, en détruisant Rome, siècle. tu te prives d'une ville qui t'appartient, au lieu qu'en la conservant tu augmentes le prix de ta victoire, par la possession d'une cité qui formera la plus belle portion de ta conquête; si la fortune te devient contraire, le traitement fait à Rome servira de règle à l'empereur pour te traiter ou comme un ennemi généreux, ou comme un destructeur barbare. Songe que tous les hommes ont les yeux sur toi; ils attendent le parti que tu vas prendre, pour te donner le titre qui demeurera pour toujours attaché au nom de Totila.

Il est rare que la lettre d'un ennemi fasse changer de résolution à un vainqueur, sur-tout lorsque les intérêts les plus majeurs sont la règle de sa conduite. Il est plus probable que le caractère humain et bienfaisant de Totila étouffa dans son ame la raison d'état qui lui commandait d'anéantir une ville dont la possession était le prétexte de toutes les irruptions des Romains orientaux en Italie. Au surplus, s'il conserva les édifices publics, presque toutes les maisons particulières furent incendiées. Il fit sortir de Rome tous les habitans, avec leurs femmes et leurs enfans, et les dispersa dans la Campanie

ensuite il fit abattre une partie des murs de cette Sixième capitale.

siècle.

Il restait Ravenne à prendre pour chasser entièrement les Romains orientaux d'Italie. Le roi franc, Théodebert, qui voulait favoriser cette entreprise, avait levé une grande armée dans la Franconie, la Suabe, la Thuringe, et les autres provinces de Germanie qui faisaient partie de l'empire français. Il se proposait de descendre le Danube et de marcher sur Constantinople, lorsqu'il fut surpris par la mort.

(

3

A peine. Totila avait abandonné Rome et marchait vers Ravenne, que Bélisaire lui donna une leçon dans l'art de la guerre. Après avoir défait un corps de troupes que le roi des Goths avait laissé à six lieues de Rome, sur le mont ́Algide, il entre dans cette capitale : la chose n'était pas difficile; mais comment s'y maintenir contre un ennemi aussi actif que Totila? Tout cède aux efforts du génie de Bélisaire. Les brèches, sont réparées en vingt-cinq jours, avec des pierres entassées à sec et revêtues en dehors de fortes palissades. Cette faible enceinte n'était pas plutôt formée, que les habitans, dispersés dans les campagnes d'alentour, revenaient dans les ruines de leurs maisons; ils y

[ocr errors]

,、,ན

« ΠροηγούμενηΣυνέχεια »