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blique. Crassus, trop riche pour un particulier, songeait moins à augmenter son pouvoir qu'à ramasser de nouvelles richesses. Pompée, content des marques extérieures de vénération que lui attirait l'éclat de ses victoires, jouissait de sa réputation. Il lui en coûtait de convenir qu'en élevant César comme il avait fait, il eût manqué de prévoyance; il soutenait au sénat que César n'oserait pas faire la guerre à la république ; parce qu'il l'avait dit plusieurs fois, il le redisait encore, et ne se mettait pas en défense, pour ne pas convenir qu'il se fût mis en danger.

Cependant César, plus habile et plus caché que Crassus et Pompée, jetait les fondemens de sa puissance sur la sécurité de l'un et de l'autre ; il n'oubliait rien pour augmenter leur confiance, pendant qu'à force de présens il gagnait les sénateurs qui leur étaient attachés. Les amis de Crassus et de Pompée devinrent insensiblement les créatures de César. Il séduisit jusqu'à leurs affranchis, pour être averti de tout ce qui se passait dans leurs maisons. Bientôt il se servit contre Pompée, des forces qu'il lui avait confiées. César ne parlait que de rendre au peuple sa souveraineté usurpée par les nobles, et cachant sous le masque de la popularité sa profonde ambition, la ville fut trou

blée par ses émissaires. Il se rendit maître des élections; les consuls, les préteurs, les tribuns, furent achetés au prix mis par euxmêmes.

La manière indirecte avec laquelle César brouilla Pompée avec le sénat, et le sénat aveo le peuple, fut le chef-d'oeuvre de son habileté. Il entreprit de faire revivre les lois agraires; il prévoyait que l'opposition de Caton, de Cicéron, et de tous les républicains zélés, exciterait contre eux la clameur publique, et que le peuple, toujours aveugle dans ses intérêts, se déclarerait contre ces sénateurs, sans réfléchir qu'ils ne s'opposaient aux propositions de César que pour garantir la fortune publique, fondée sur le maintien des propriétés légalement acquises, et sur l'équilibre de travail, d'industrie et de jouissances entre les riches et les pauvres. Les terres de la Campanie abandonnées par Sylla à ses soldats, avaient été délaissées par des hommes que l'habitude des camps éloignait des travaux de la campagne; César les fit distribuer entre vingt mille citoyens qui avaient au moins trois enfans.

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Pompée et Crassus donnèrent les mains à cette aliénation, dont la dont la perte ne pesait pas sur et qui fut résolue dans une assemblée du

eux,

peuple. Ces colons furent, dans la suite, autant de cliens que leur intérêt attachait à la fortune de César. Il fit ensuite passer une loi qui obligeait le sénat entier, et tous ceux qui parviendraient aux magistratures, de faire serment de ne jamais rien proposer au préjudice des décisions prises dans les assemblées du peuple durant son consulat. Par cette adroite précaution, il sut rendre les fondemens de sa fortune si solides, que dix années d'absence, les tenta tives des républicains rigides, et les mauvais offices de ses ennemis, ne purent les ébranler.

CHAPITRE X I.

Ils partagent entr'eux les principales
provinces. Mort de Crassus.

CÉSAR, à la tête du parti populaire, avait encore besoin du crédit de Pompée : il lui donna sa fille Julie en mariage

mariage, comme un nouveau gage de leur union; épousa Calphurnie, fille de Pison, qu'il fit désigner consul; se fit décerner le gouvernement des Gaules et de l'Illyrie pour cinq ans ; investit de celui de T'Orient, Crassus qui le demandait: Pompée

obtint l'Espagne et l'Afrique, qu'il gouverna toujours par ses lieutenans, pour ne pas quitter les délices de Rome. En vain Caton criait dans le sénat, que c'était une chose honteuse que l'empire fût ainsi prostitué, et que les grands de Rome, par une espèce de trafic de leurs filles, donnassent pour leur dot le gouvernement des grandes provinces; trois hommes n'en avaient pas moins partagé entr'eux le corps entier de l'état. Telle fut la ligue qu'on appela le premier Triumvirat.

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La jalousie du commandement et une émulation de gloire, avertirent enfin César et Pompée qu'ils étaient ennemis, malgré les apparences de leurs anciennes liaisons, Crassus, par son crédit et par ses richesses, les tenait dans une espèce d'équilibre. Sa mort chez les Parthes les mit en mesure de faire éclater leurs sentimens. La mort de Julie, acheva de rompre les liens qui attachaient ensemble le beau-père et le gendre.

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Origine des divisions entre César et Pompée.

LA confusion et le désordre étaient à leur comble dans Rome; ceux qui briguaient les charges, distribuaient publiquement leur argent aux chefs des factions, et lorsque les sommes offertes par les candidats étaient égales, le peuple se séparait sans faire d'élection. Ce désordre fut poussé si loin, que Rome resta six mois sans premiers magistrats. Pompée était soupçonné de favoriser l'anarchie, pour forcer le peuple, par l'excès du malheur, à lui déférer la dictature. Le sénat paraissait disposé à prendre ce parti; Caton prévint cet événement, en lui faisant déférer le consulat sans lui donner de collègue. En même tems on lui continua ses gouvernemens et le commandement des armées d'Italie.

César prit occasion de ces faveurs, qui venaient d'être accordées à son rival, pour demander d'être continué dans son gouvernement des Gaules, et qu'il lui fût permis, sans être à Rome, de solliciter le consulat. A ces demandes

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