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au bien; un esprit éclairé, qui lui montroit le meilleur ; une ame noble, grande, belle; avec toutes les vertus, n'étant extrême sur aucune; enfin, l'homme le plus propre à honorer la nature humaine, et représenter la divine.

Il exécuta le projet de César, et fit, avec succès, la guerre aux Parthes. Tout autre auroit succombé dans une entreprise où les dangers étoient toujours présens, et les ressources éloignées, où il falloit absolument vaincre, et où il n'étoit pas sûr de ne pas périr après

avoir vaincu.

La difficulté consistoit, et dans la situation des deux empires, et dans la manière de faire la guerre des deux peuples. Prenoit-on le chemin de l'Arménie vers les sources du

Tygre et de l'Euphrate, on trouvoit un pays montueux et difficile, où l'on ne pouvoit mener de convois, de façon que l'armée étoit demi ruinée avant d'arriver en Médie (1). Entroit on plus bas, vers le midi, par Nisibe, on trouvoit un désert affreux qui séparoit les deux

(1) Le pays ne fournissoit pas d'assez grands arbres pour faire des machines pour assiéger les places. Plutarque, vie d'Antoine, tome VII, p. 106

empires. Vouloit-on passer plus bas encore, et aller par la Mésopotamie, on traversoit un pays en partie inculte, en partie submergé; et le Tygre et l'Euphrate, allant du nord au midi, on ne pouvoit pénétrer dans le pays, sans quitter ces fleuves, ni guère quitter ces fleuves sans périr.

Quant à la manière de faire la guerre des deux nations, la force des Romains consistoit dans leur infanterie, la plus forte, la plus ferme, et la mieux disciplinée du monde.

Les Parthes n'avoient point d'infanterie, mais une cavalerie admirable: ils combattoient de loin, et hors de la portée des armes romaines; le javelot pouvoit rarement les atteindre leurs armes étoient l'arc, et des flèches redoutables: ils assiégeoient une armée plutôt qu'ils ne la combattoient; inutilement poursuivis, parce que, chez eux, fuir c'étoit combattre : ils faisoient retirer les peuples à mesure qu'on approchoit, et ne laissoient dans les places que les garnisons; et, lorsqu'on les avoit prises, on étoit obligé de les détruire: ils brûloient avec art tout le pays autour de l'armée ennemie, et lui ôtoient jusques à l'herbe même ; enfin, ils

faisoient, à-peu-près, la guerre comme on la fait encore aujourd'hui sur les mêmes fron

tières.

D'ailleurs, les légions d'Illyrie et de Germanie, qu'on transportoit dans cette guerre, n'y étoient pas propres (1): les soldats, accoutumés à manger beaucoup dans leur pays, y périssoient presque tous.

Ainsi, ce qu'aucune nation n'avoit pas encore fait, d'éviter le joug des Romains, celle des Parthes le fit, non pas comme invincible, mais comme inaccessible.

Adrien abandonna les conquêtes de Trajan (2), et borna l'empire à l'Euphrate; et il est admirable, qu'après tant de guerres, les Romains n'eussent perdu que ce qu'ils avoient voulu quitter, comme la mér qui n'est moins étendue que lorsqu'elle se retire d'ellemême.

La conduite d'Adrien causa beaucoup de murmures. On lisoit, dans les livres sacrés des Romains, que lorsque Tarquin voulut bâtir le capitole, il trouva que la place la

(1) Voyez Hérodien, vie d'Alexandre. (2) Voyez Eutrope. La Dacie ne fut abandonnée que sous Aurélien.

plus convenable étoit occupée par les statues de beaucoup d'autres divinités : il s'enquit, par la science qu'il avoit dans les augures, si elles voudroient céder leur place à Jupiter: toutes y consentirent, à la réserve de Mars, de la Jeunesse, et du dieu Terme (1). Làdessus, s'établirent trois opinions religieuses; que le peuple de Mars ne céderoit à personne le lieu qu'il occupoit; que la Jeunesse romaine ne seroit point surmontée; et qu'enfin le dieu Terme des Romains ne reculeroit jamais : ce qui arriva pourtant sous Adrien.

CHAPITRE XV I.

De l'état de l'empire, depuis Antonin jusqu'à Probus.

DAN• ces temps-là, la secte des stoïciens s'étendoit et s'accréditoit dans l'empire. Il sem

bloit que la nature humaine eût fait un effort pour produire d'elle-même cette secte admirable, qui étoit comme ces plantes que la terre fait naître dans les lieux que le ciel n'a ja

mais vus.

(1) Saint Augustin, de la cité de Dieu, liv. VI, chap. XXIII et XXIX.

Les Romains lui dûrent leurs meilleurs empereurs. Rien n'est capable de faire oublier le premier Antonin Marc-Aurèle, qu'il adopta. On sent, en soi-même, un plaisir secret lorsqu'on parle de cet empereur; on ne peut lire sa vie sans une espèce d'attendrissement: tel est l'effet qu'elle produit, qu'on a meilleure opinion de soimême, parce qu'on a meilleure opinion des hommes.

La sagesse de Nerva, la gloire de Trajan, la valeur d'Adrien, la vertu des deux Antonins, se firent respecter des soldats. Mais, lorsque de nouveaux monstres prirent leur place, l'abus du gouvernement militaire parut dans tout son excès ; et les soldats, qui avoient vendu l'empire, assassinèrent les empereurs, pour en avoir un nouveau prix.

On dit qu'il y a un prince dans le monde qui travaille, depuis quinze ans, à abolir dans ses états le gouvernement civil, pour y établir le gouvernement militaire. Je ne veux point faire des réflexions odieuses sur ce dessein je dirai seulement que, par la nature des choses, deux cents gardes peuvent mettre la vie d'un prince en sûreté, et non pas quatre-vinge mille; outre qu'il est plus

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