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CHAPITRE XIX.

1. Grandeur d'Attila, 2. Cause de l'établissement des Barbares. 3. Raisons pourquoi l'empire d'Occident fut le premier abattu.

COMME, dans le temps que l'empire s'affoiblissoit, la religion chrétienne s'établissoit, les chrétiens reprochoient aux payens cette décadence, et ceux-ci en demandoient compte à la religion chrétienne. Les chrétiens disoient que Dioclétien avoit perdu l'empire en s'associant trois collègues (1), parce que chaque empereur vouloit faire d'aussi grandes dépenses, et entretenir d'aussi fortes armées que s'il avoit été seul; que par-là, le nombre de ceux qui recevoient n'étant pas proportionné au nombre de ceux qui donnoient, les charges devinrent si grandes, que les terres furent abandonnées par les laboureurs, et se changèrent en forêts. Les payens, au contraire, ce cessoient de crier contre un culte nouveau, inoui jusqu'alors; et comme autrefois, dans Rome florissante, on attribuoit les débordemens du Tybre et les autres effets de la nature

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(1) Lactance, de la mort des persécuteurs,

à la colère des Dieux; de même, dans Rome mourante, on imputoit les malheurs à un nouveau culte, et au renversement des anciens autels.

Ce fut le préfet Symmaque, qui, dans une lettre écrite aux empereurs, au sujet de l'autel de la victoire, fit le plus valoir, contre la religion chrétienne, des raisons populaires, et par conséquent très-capables de séduire.

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Quelle chose peut mieux nous conduire » à la connoissance des Dieux, disoit-il, que l'expérience de nos prospérités passées ? >> Nous devons être fidèles à tant de siècles >> et suivre nos pères qui ont suivi si heu» reusement les leurs. Pensez que Rome » vous parle et vous dit grands princes, pères de la patrie, respectez mes années, pendant lesquelles j'ai toujours observé les » cérémonies de mes ancêtres : ce culte a » soumis l'univers à mes loix; c'est par-là qu'Annibal a été repoussé de mes murailles, » et que les Gaulois l'ont été du capitole. » C'est pour les dieux de la patrie que nous demandons la paix; nous la demandoņs » pour les Dieux indigètes. Nous n'entrons » point dans des disputes qui ne conviennent

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» qu'à des gens oisifs; et nous voulons offrir » des prières, et non pas des combats (1) »

».

Trois auteurs célèbres répondirent à Symmaque. Orose composa son histoire, pour prouver qu'il y avoit toujours eu dans le monde d'aussi grands malheurs que ceux dont se plaignoient les payens. Salvien fit son livre où il soutient que c'étoient les déréglemens des chrétiens qui avoient attiré les ravages des Barbares (2); et saint Augustin fit voir que la cité du ciel étoit différente de cette cité de la terre (3) où les anciens Romains, pour quelques vertus humaines. avoient reçu des récompenses aussi vaines que

ces vertus.

Nous avons dit que, dans les premiers temps, la politique des Romains fut de diviser toutes les puissances qui leur faisoient ombrage ; dans la suite, ils n'y purent réussir. Il fallut souffrir qu'Attila soumît toutes les nations du nord ; il s'étendit depuis le Danube jusqu'au Rhin, détruisit tous les forts et tous les ouvrages qu'on avoit faits sur ces fleuves, et rendit les deux empires tributaires.

(1) Lettres de Symmaque, liv. X, lettre 54. (2) Du gouvernement de Dieu.

(3) De la cité de Dieu.

« Théodose, disoit-il insolemment, est » fils d'un père très-noble, aussi bien que » moi; mais en me payant le tribut, il est » déchu de sa noblesse, et est devenu mon » esclave ; il n'est pas juste qu'il dresse des » embûches à son maître, comme un esclave » méchant (1) ».

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Il ne convient pas à l'empereur, di» soit-il dans une autre occasion, d'être men>>teur. Il a promis à un de mes sujets de >> lui donner en mariage la fille de Satur» nilus: s'il ne veut pas tenir sa parole, je lui déclare la guerre; s'il ne le peut » pas, et qu'il soit dans cet état qu'on >> ose lui désobéir, je marche à son se

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» cours ».

Il ne faut pas croire que ce fût par modération qu'Attila laissa subsister les Romains ; il suivoit les mœurs de sa nation, qui le portoient à soumettre les princes, et non pas à les conquérir. Ce peuple, dans sa maison de bois où nous le représente Priscus (2),

(1) Histoire gothique, et relation de l'ambassade écrite par Priscus. C'étoit Théodose le jeune.

(0) Histoire gothique: Hae sedes regis barbariere totam tenentis hae captis civitatibus habitacula praeponebat. Jornandès, de rebus geticis.

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maître de toutes les nations barbares, et, en quelque façon (1), de presque toutes celles qui étoient policées, étoit un des grands monarques dont l'histoire ait jamais parlé.

On voyoit, à sa cour, les ambassadeurs des Romains d'Orient, et de ceux d'Occident, qui venoient recevoir ses loix, ou implorer sa clémence. Tantôt il demandoit qu'on lui rendît les Huns transfuges, ou les esclaves romains qui s'étoient évadés; tantôt il vouloit qu'on lui livrât quelque ministre de l'empereur. Il avoit mis, sur l'empire d'Orient, un tribut de deux mille cent livres d'or. Il recevoit les appointemens de général des armées romaines. Il envoyoit à Constantinople ceux qu'il vouloit récompenser, afin qu'on les comblât de biens, faisant un trafic continuel de la frayeur des Romains.

Il étoit craint de ses sujets, et il ne paroît pas qu'il en fût haï (2). Prodigieusement fier, et cependant rusé; ardent dans sa colère, mais sachant pardonner ou différer la

(1) Il paroît, par la relation de Priscus, qu'on pensoit à la cour d'Attila à soumettre encore les Perses. (2) Il faut consulter, sur le caractère de ce prince et les mœurs de sa cour, Jornandès et Priscus.

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