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Phénicie, Ionie, Grèce, seul pays où il y eût alors quelqué commerce. Les Vandales et d'autres peuples attaquoient par-tout les côtes d'Occident. Il vint une ambassade des Italiens à Constantinople, dit Priscus (1), pour faire savoir qu'il étoit impossible que les affaires se soutinssent sans aucune réconciliation avec les Vandales.

Ceuxqui gouvernoient en Occident ne manquèrent pas de politique; ils jugèrent qu'il falloit sauver l'Italie, qui étoit, en quelque façon, la tête, et en quelque façon, le cœur de l'empire. On fit passer les Barbares aux extrémités, et on les y plaça. Le dessein étoit bien conçu, il fut bien exécuté. Ces nations ne demandoient que la subsistance : on leur donnoit les plaines; on se réservoit les pays montagneux, les passages des rivières, les défilés, les places sur les grands fleuves; on gardoit la souveraineté. Il y a apparence que ces peuples auroient été forcés de devenir Romains; et la facilité avec laquelle ces destructeurs furent eux-mêmes détruits par les Francs, par , par les Grecs, par les Maures, justifie assez cette pensée. Tout

(1) Priscus, liv. II.

ce systême fut renversé par une révolution plus fatale que toutes les autres : l'armée d'Italie, composée d'étrangers, exigea ce qu'on avoit accordé à des nations plus étrangères encore; elle forma, sous Odoacer une aristocratie qui se donna le tiers des terres de l'Italie; et ce fut le coup mortel porté à cet empire.

Parmi tant de malheurs, on cherche, avec une curiosité triste, le destin de la ville de Rome; elle étoit, pour ainsi dire, sans défense elle pouvoit être aisément affamée; l'étendue de ses murailles faisoit qu'il étoit très-difficile de les garder; comme elle étoit située dans une plaine, on pouvoit aisément la forcer: il n'y avoit point de ressource dans le peuple, qui en étoit extrêmement diminué. Les empereurs furent obligés de se retirer à Ravenne, ville autrefois défendue par la mer comme Venise l'est aujourd'hui.

Le peuple romain, presque toujours abandonné de ses souverains, commença à le devenir, et à faire des traités pour sa conservation (1); ce qui est le moyen le plus lé

(1) Du temps d'Honorius, Alaric, qui assiégeoit Rome, obligea cette ville à prendre son alliance,

gitime d'acquérir la souveraine puissance: c'est ainsi que l'Armorique et la Bretagne commencèrent à vivre sous leurs propres loix (1).

eu que

Telle fut la fin de l'empire d'Occident. Rome s'étoit aggrandie, parce qu'elle n'avoit des guerres successives; chaque nation, par un bonheur inconcevable, ne l'attaquant que quand l'autre avoit été ruinée. Rome fut détruite, parce que toutes les nations l'attaquèrent à-la-fois et pénétrèrent par-tout.

CHAPITRE XX.

1. Des conquêtes de Justinien. 2. De son gouvernement.

COMME tous ces peuples entroient pêle-mêle dans l'empire, ils s'incommodoient réciproquement ; et toute la politique de ces temps-là fut de les armer les uns contre les autres;

même contre l'empereur, qui ne put s'y opposer. Procope, guerre des Goths, liv. I. Voyez Zozime, liv. VI.

(1) Zozime, ibid.

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ce qui étoit aisé, à cause de leur férocité et de leur avarice. Ils s'entre-détruisirent pour la plupart, avant d'avoir pu s'établir; et cela fit que l'empire d'Orient subsista encore du temps.

D'ailleurs, le Nord s'épuisa lui-même, et l'on n'en vit plus sortir ces armées innombrables qui parurent d'abord; car, après les premières invasions des Goths et des Huns, sur-tout depuis la mort d'Attila, ceux-ci, et les peuples qui les suivirent, attaquèrent avec moins de forces.

Lorsque ces nations, qui s'étoient assemblées en corps d'armée, se furent dispersées en peuples, elles s'affoiblirent beaucoup ; répandues dans les divers lieux de leurs conquêtes, elles furent elles-mêmes exposées aux invasions. Ce fut dans ces circonstances que Justinien eutreprit de reconquérir l'Afrique et l'Italie, et fit ce que nos Français exécutèrent aussi heureusement contre les Visigoths, les Bourguignons, les Lombards et les Sarrasins.

Lorsque la religion chrétienne fut apportée aux Barbares, la secte arienne étoit, en quelque façon, dominante dans l'empire. Valens leur envoya des prêtres ariens, qui Tome F

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furent leurs premiers apôtres. Or, daus l'intervalle qu'il y eut entre leur conversion et leur établissement, cette secte fut, en quelque façon, détruite chez les Romains; les Barbares ariens ayant trouvé tout le pays orthodoxe, n'en purent jamais gagner l'affection, et il fut facile aux empereurs de les

troubler.

D'ailleurs, ces Barbares, dont l'art et le génie n'étoient guère d'attaquer les villes, et encore moins de les défendre, en laissèrent tomber les murailles en ruine. Procope nous apprend que Bélisaire trouva celles d'Italie en cet état. Celles d'Afrique avoient été démantelées par Gensérie (1), comme celles d'Espagne le furent dans la suite par Vitisa (2), dans l'idée de s'assurer de ses habitans.

La plupart de ces peuples du Nord, établis dans les pays du midi, en prirent d'abord la mollesse, et devinrent incapables des fatigues de la guerre (3); les Vandales languissoient dans la volupté; une table délicate,

(1) Procope, guerre des Vandales, liv. I. (2) Mariana, histoire d'Espagne, liv. VI, ch. XIX.

(3) Procope, guerre des Vandales, liv. II.

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