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Justinien, qui détruisit ces sectes par l'épée ou par ses loix, et qui, les obligeant à se révolter, s'obligea à les exterminer, rendit incultes plusieurs provinces. Il crut avoir augmenté le nombre des fidèles; il n'avoit fait que diminuer celui des hommes.

Procope nous apprend que, par la destruc-. tion des Samaritains, la Palestine devint déserte et ce qui rend ce fait singulier, c'est qu'on affoiblit l'empire, par zèle pour la religion, du côté par où, quelques règnes après, les Arabes pénétrèrent pour la détruire.

Ce qu'il y avoit de désespérant, c'est que, pendant que l'empereur portoit si loin l'intolérance, il ne convenoit pas lui-même avec l'impératrice sur les points les plus essentiels il suivoit le concile de Chalcédoine; et l'impératrice favorisoit ceux qui y étoient opposés, soit qu'ils fussent de bonne-foi, dit Evagre, soit qu'ils le fissent à dessein (1).

Lorsqu'on lit Procope sur les édifices de Justinien, et qu'on voit les places et les forts que ce prince fit élever par-tout, il vient

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toujours dans l'esprit une idée, mais bien fausse, d'un état florissant.

D'abord les Romains n'avoient point de places: ils mettoient toute leur confiance dans leurs armées, qu'ils plaçoient le long des fleuves, où ils élevoient des tours, de distance en distance, pour loger les soldats.

Mais, lorsqu'on n'eut plus que de mauvaises armées, que souvent même on n'en eut point du tout, la frontière ne défendant plus l'intérieur, il fallut le fortifier; et alors on eut plus de places et moins de forces, plus de retraites et moins de sûreté (1). La campagne n'étant plus habitable qu'autour des places fortes, on en bâtit de toutes parts. Il en étoit comme de la France du temps des

(1) Auguste avoit établi neuf frontieres ou marches: sous les empereurs suivans, le nombre en augmenta. Les Barbares se montroient là où ils n'avoient point encore paru; et Dion, liv. LV, rapporte que, de son temps, sous l'empire d'Alexandre, il y en avoit treize. On voit par la notice de l'empire, écrite de-" puis Arcadius et Honorius, que, dans le seul enpire d'Orient, il y en avoit quinze. Le nombre en augmenta toujours. La Pamphylie, la Lycaonie, la Pysidie, devinrent des marches, et tout l'empire fut couvert de fortifications. Aurélien avoit été obligé de fortifier Rome.

Normands (1), qui n'a jamais été si foible que lorsque tous ses villages étoient entourés de murs.

que

Ainsi toutes ces listes de noms des forts Justinien fit bâtir, dont Procope couvre des pages entières, ne sont que des monumens de la foiblesse de l'empire.

CHAPITRE XXI.

Désordres de l'empire d'Orient.

DANS

ANS ces temps-là, les Perses étoient dans une situation plus heureuse que les Romains: ils craignoient peu les peuples du nord (2), parce qu'une partie du mont Taurus, entre la mer Caspienne et le Pont-Euxin, les en séparoit; et qu'ils gardoient un passage fort étroit, fermé par une porte (3), qui étoit le seul endroit par où la cavalerie pouvoit passer par-tout ailleurs, ces Barbares étoient obligés de descendre par des précipices, et de quitter leurs chevaux qui faisoient toute leur force; mais ils étoient encore arrêtés

(1) Et les Anglais.

(2) Les Huns.

(3) Les portes Caspiennes.

par

l'Araxe, rivière profonde qui coule de l'ouest à l'est, et dont on défendoit aisément les passages (1).

De plus, les Perses étoient tranquilles du. côté de l'orient; au midi, ils étoient bornés par la mer. Il leur étoit facile d'entretenir la division parmi les princes Arabes, qui ne songeoient qu'à se piller les uns les autres. Ils n'avoient donc proprement d'ennemis que les Romains. « Nous savons, disoit un embassa» deur de Hormisdas (2), que les Romains » sont occupés à plusieurs guerres, et ont à >> combattre contre presque toutes les nations; » ils savent, au contraire, que nous n'avons » de guerre que contre eux ».

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Autant les Romains avoient négligé que l'art militaire autant les Perses l'avoientils cultivé. « Les Perses, disoit Bélisaire à >> ses soldats, ne vous surpassent point en >> courage; ils n'ont sur vous que l'avantage » de la discipline

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Ils prirent, dans les négociations, la même supériorité que dans la guerre. Sous prétexte qu'ils tenoient une garnison aux portes Cas

(1) Procope, guerre des Perses, liv. I.

(2) Ambassades de Ménandre.

piennes,

piennes, ils demandoient un tribut aux Romains, comme si chaque peuple n'avoit pas ses frontières à garder : ils se faisoient payer pour la paix, pour les trèves, pour les suspensions d'armes, pour le temps qu'on employoit à négocier, pour celui qu'on avoit passé à faire la guerre.

Les Avares ayant traversé le Danube, les Romains, qui, la plupart du temps, n'avoient point de troupes à leur opposer, occupés contre les Perses lorsqu'il auroit fallu combattre les Avares, et contre les Avares quand il auroit fallu arrêter les Perses, furent encore forcés de se soumettre à un tribut; et la majesté de l'empire fut flétrie chez toutes les

nations.

Justin, Tibère et Maurice, travaillèrent avec soin à défendre l'empire: ce dernier avoit des vertus, mais elles étoient ternies par une avarice presque inconcevable dans un grand prince.

Le roi des Avares offrit à Maurice de lui rendre les prisonniers qu'il avoit faits, moyennant une demi-pièce d'argent par tête; sur son refus, il les fit égorger. L'armée romaine indignée se révolta ; et les verds s'étant soulevés en même temps, un centenier, Tome V

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