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En voici un exemple bien remarquable. A la sollicitation de l'empereur, les partisans du patriarche Arsène firent une convention avec ceux qui suivoient le patriarche Joseph, qui portoit que les deux partis écriroient leurs prétentions, chacun sur un papier ; qu'on jetteroit les deux papiers dans un brasier; que, si l'un des deux demeuroit entier, le jugement de dieu seroit suivi; et que, si tous les deux étoient consumés, ils renonceroient à leurs différends. Le feu dévora les deux papiers; les deux partis se réunirent, la paix dura un jour; mais, le lendemain, ils dirent que leur changement auroit dû dépendre d'une persuasion intérieure, et non pas du hasard, et la guerre recommença plus vive que jamais (1).

On doit donner une grande attention aux disputes des théologiens; mais il faut la cacher autant qu'il est possible : la peine qu'on paroît prendre à les calmer les accréditant toujours, en faisant voir que leur manière de penser est si importante, qu'elle décide du repos de l'état et de la sûreté du prince.

On ne peut pas plus finir leurs affaires en

(1) Pachymère, liv. I.

écoutant leurs subtilités, qu'on ne pourroit abolir les duels en établissant des écoles où l'on raffineroit sur le point-d'honneur.

Les empereurs Grecs eurent si peu de prudence, que, quand les disputes furent endormies, ils eurent la rage de les réveiller. Anastase (1), Justinien (2), Héraclius (3), Manuel Comnène (4), proposèrent des points de foi à leur clergé et à leur peuple, qui auroit méconnu la vérité dans leur bouche, quand même ils l'auroient trouvée. Ainsi, péchant toujours dans la forme et ordinairement dans le fond, voulant faire voir leur pénétration, qu'ils auroient pu si bien montrer dans tant d'autres affaires qui leur étoient confiées, ils entreprirent des disputes vaines sur la nature de dieu, qui, se cachant aux savans, parce qu'ils sont orgueilleux, ne se montre pas mieux aux grands de la terre.

C'est une erreur de croire qu'il y ait dans le monde une autorité humaine à tous les égards despotique; il n'y en a jamais eu, et il n'y en aura jamais; le pouvoir le plus im

(1) Evagre, liv. III.

(2) Procope, histoire secrète.

(3) Zonare, vie d'Héraclius.

(4) Nicétas, vie de Manuel Comnène.

mense est toujours borné par quelque coin' que le grand-seigneur mette un nouvel impôt à Constantinople, un cri général lui fait d'abord trouver des limites qu'il n'avoit pas connues. Un roi de Perse peut bien contraindre un fils de tuer son père, ou un père de tuer son fils (1); mais obliger ses sujets de boire du vin, il ne le peut pas. Il y a, dans chaque nation, un esprit général, sur lequel la puissance même est fondée; quand elle choque cet esprit, elle se choque elle-même, et elle s'arrête nécessairement.

La source la plus empoisonnée de tous les malheurs des Grecs, c'est qu'ils ne connurent jamais la nature ni les bornes de la puissance ecclésiastique et de la séculière; ce qui fit que l'on tomba, de part et d'autre, dans des égaremens continuels.

Cette grande distinction, qui est la base sur laquelle pose la tranquillité des peuples, est fondée, non-seulement sur la religion, mais encore sur la raison et la nature, qui veulent que des choses réellement séparées, et qui ne peuvent subsister que séparées, ne soient jamais confondues.

(1) Voyez Chardin

Quoique, chez les anciens Romains, le clergé ne fît pas un corps séparé, cette distinction y étoit aussi connue que parmi nous. Claudius avoit consacré à la Liberté la maison de Cicéron, lequel, revenu de son exil, la demanda; les pontifes décidèrent que, si elle avoit été consacrée sans un ordre exprès du peuple, on pouvoit la lui rendre sans blesser la religion. << Ils ont déclaré, dit Cicéron (1), » qu'ils n'avoient examiné que la validité de >> la consécration, et non la loi faite par le peuple; qu'ils avoient jugé le premier chef » comme pontifes, et qu'ils jugeroient le se»cond comme sénateurs ».

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CHAPITRE XXIII.

1. Raison de la durée de l'empire d'Orient. 2. Sa destruction.

APRÈS ce que je viens de dire de l'empire Grec, il est naturel de demander comment il a pu subsister si long-temps. Je crois pouvoir en donner les raisons.

Les Arabes l'ayant attaqué, et en ayant con

(1) Lettres d Atticus, lettre 4.

quis quelques provinces, leurs chefs se disputèrent le caliphat; et le feu de leur premier zèle ne produisit plus que des discordes civiles.

Les mêmes Arabes ayant conquis la Perse, et s'y étant divisés ou affoiblis, les Grecs ne furent plus obligés de tenir sur l'Euphrate les principales forces de leur empire.

Un architecte, nommé Callinique, qui étoit venu de Syrie à Constantinople, ayant trouvé la composition d'un feu que l'on souffloit par un tuyau, et qui étoit tel que l'eau et tout ce qui éteint les feux ordinaires, ne faisoit qu'en augmenter la violence; les Grecs, qui en firent usage, furent en possession, pendant plusieurs siècles, de brûler toutes les flottes de leurs ennemis, sur-tout celles des Arabes qui venoient d'Afrique ou de Syrie, les attaquer jusqu'à Constantinople.

Ce feu fut mis au rang des secrets de l'état; et Constantin Porphyrogénète, dans son ouvrage dédié à Romain son fils, sur l'administration de l'empire, l'avertit que, lorsque les Barbares lui demanderont du feu grégois, il doit leur répondre qu'il ne lui est pas permis de leur en donner; parce qu'un ange, qui l'apporta à l'empereur Constantin, défendit de le

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