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communiquer aux autres nations; et que ceux qui avoient osé le faire, avoient été dévorés le feu du ciel, dès qu'ils étoient entrés dans l'église.

par

Constantinople faisoit le plus grand et presque le seul commerce du monde, dans un temps où les nations gothiques d'un côté, et les Arabes de l'autre, avoient ruiné le commerce et l'industrie par-tout ailleurs; les manufactures de soie y avoient passé de Perse; et depuis l'invasion des Arabes, elles furent fort négligées dans la Perse même : d'ailleurs, les Grecs étoient maîtres de la mer; cela mit dans l'état d'immenses richesses, et, par conséquent, de grandes ressources; et, si-tôt qu'il eut quelque relâche, on vit d'abord reparoître la prospérité publique.

En voici un grand exemple. Le vieux Andronic Comnène étoit le Néron des Grecs; mais comme, parmi tous ses vices, il avoit une fermeté admirable pour empêcher les injustices et les vexations des grands, on remarqua que (1), pendant trois ans qu'il régna, plusieurs provinces se rétablirent.

Enfin, les Barbares, qui habitoient les bords

(1) Nicétas, vie d'Andronic Comnène.

du Danube, s'étant établis, ils ne furent plus si redoutables, et servirent même de barrière contre d'autres Barbares.

Ainsi, pendant que l'empire étoit affaissé sous un mauvais gouvernement, des causes particulières le soutenoient. C'est ainsi que nous voyons aujourd'hui quelques nations de I'Europe se maintenir, malgré leur foiblesse, par les trésors des Indes; les états temporels du pape, par le respect que l'on a pour le

souverain; et les corsaires de Barbarie, par l'empêchement qu'ils mettent au commerce des petites nations, ce qui les rend utiles aux grandes (1).

L'empire des Turcs est à présent, à-peuprès, dans le même degré de foiblesse où étoit autrefois celui des Grecs; mais il subsistera long-temps; car, si quelque prince que ce fût mettoit cet empire en péril, en poursuivant ses conquêtes, les trois puissances commerçantes de l'Europe connoissent trop leurs affaires pour n'en pas prendre la défense sur-lechamp (2).

(1) Ils troublent la navigation des Italiens dans la Méditerranée.

(2) Ainsi les projets contre le Turc, comme celui

y

C'est leur félicité que dieu ait permis qu'il

ait dans le monde des Turcs et des Espagnols, les hommes du monde les plus propres à posséder inutilement un grand empire.

Dans le temps de Basile Porphyrogénète, la puissance des Arabes fut détruite en Perse, Mahomet, fils de Sambraël, qui y régnoit, appella du nord trois mille Turcs en qualité d'auxiliaires (1). Sur quelque mécontement, il envoya une armée contr'eux; mais ils la mirent en fuite. Mahomet, indigné contre ses soldats, ordonna qu'ils passeroient devant lui vêtus en robes de femmes; mais ils se joignirent aux Turcs, qui d'abord allèrent ôter la garnison qui gardoit le pont de l'Araxe, et ouvrirent le passage à une multitude innombrable de leurs compatriotes.

Après avoir conquis la Perse, ils se répan

qui fut fait sous le pontificat de Léon X, par lequel l'empereur devoit se rendre, par la Bosnie à Constantinople, le roi de France par l'Albanie et la Grèce, d'autres princes s'embarquer dans leurs ports ces projets, dis-je, n'étoient pas sérieux, ou étoient faits par des gens qui ne voyoient pas l'intérêt de l'Europe.

(1) Histoire écrite par Nicéphore Bryène-César, vies de Constantin Ducas et de Romain Diogènej

dirent, d'Orient en Occident, sur les terres de l'empire; et Romain Diogène ayant voulu les arrêter, ils le prirent prisonnier, et soumirent presque tout ce que les Grecs avoient en Asie jusqu'au Bosphore.

Quelque temps après, sous le règne d'Alexis Comnène, les Latins attaquèrent l'Occident. Il y avoit long-temps qu'un malheureux schisme avoit mis une haine implacable entre les nations des deux rites; et elle auroit éclaté plutôt, si les Italiens n'avoient plus pensé à réprimer les empereurs d'Allemagne, qu'ils craignoient, que les empereurs Grecs, qu'ils ne faisoient que haïr.

On étoit dans ces circonstances, lorsque tout-à-coup il se répandit en Europe une opinion religieuse, que les lieux où JésusChrist étoit né, ceux où il avoit souffert, étant profanés par les infidèles, le moyen d'effacer ses péchés étoit de prendre les armes pour les en chasser. L'Europe étoit pleine de gens qui aimoicnt la guerre, qui avoient beaucoup de crimes à expier, et qu'on leur proposoit d'expier en suivant leur passion dominante; tout le monde prit donc la croix et les armes.

Les croisés étant arrivés en Orient, assiégèrent Nicée, et la prirent; ils la rendirent aux Grecs et, dans la consternation des infidèles, Alexis et Jean Comnène rechassèrent les Turcs jusqu'à l'Euphrate.

Mais, quel que fût l'avantage que les Grecs pussent tirer des expéditions des croisés, il n'y avoit pas d'empereur qui ne frémît du péril de voir passer au milieu de ses états, et se succéder des héros si fiers, et de si grandes armées.

Ils cherchèrent donc à dégoûter l'Europe de ces entreprises et les croisés trouvèrent par-tout des trahisons, de la perfidie, et tout ce qu'on peut attendre d'un ennemi timide. Il faut avouer que les Français, qui avoient commencé ces expéditions, n'avoient rien fait pour se faire souffrir. Au travers des invectives d'Andronic Comnene contre nous (1), on voit dans le fond que, chez une nation étrangère, nous ne nous contraignons point, et que nous avions pour lors les défauts qu'on nous reproche aujourd'hui.

Un comte français alla se mettre sur le

(1) Histoire d'Alexis, son père, liv. X et XI.

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