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CHAPITRE IX.

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Deux causes de la perte de Rome. LORSQUE la domination de Rome étoit bornée dans l'Italie, la république pouvoit facilement subsister. Tout soldat étoit égale ment citoyen chaque consul avoit une armée; et d'autres citoyens alloient à là guerre sous celui qui succédoit. Le nombre on avoit attention à ne recevoir dans la milice que des gens qui eussent assez de bien pour avoir intérêt à la conservation de la ville (1).

Ides troupes n'étant pas e

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(1) Les affranchis, et ceux qu'on appelloit capite censi, parce qu'ayant très-peu de bien, ils n'étoient taxés que pour leur tête, ne furent point d'abord enrôlés dans la milice de terre, excepté dans les cas pressans. Servius Tullius les avoit mis dans la sixième classe, et on ne prenoit des soldats que dans les cinq premières ; mais Marius, partant contre Jugurtha, enrola indifféremment tout le monde: Milites scribere, dit Saluste, non more majorum neque classibus, sed uti cujusque libido erat, capite censos plerosque de bello Jugurth. Remarquez que, dans la division par tribus, ceux qui étoient dans les quatre tribus de la ville, étoient, à-peu-près, les mêmes que ceux qui, dans la division par centuries, étoient dans la sixième classe.

Enfin, le sénat voyoit de près la conduite des généraux, et leur ôtoit la pensée de rien faire contre leur devoir.

Mais, lorsque les légions passèrent les Alpes et la mer, les gens de guerre, qu'on étoit obligé de laisser pendant plusieurs campagnes dans les pays que l'on soumettoit, perdirent peu-à-peu l'esprit des citoyens ; et les généraux, qui disposèrent des armées et des royaumes, sentirent leur force, et ne purent plus obéir,

Les soldats commencèrent donc à ne reconnoître que leur général, à fonder sur lui toutes leurs espérances, et à voir de plus loin la ville. Ce ne furent plus les soldats de la république, mais de Sylla, de Marius, de Pompée, de César. Rome ne put plus savoir si celui qui étoit à la tête d'une armée, dans une province, étoit son général ou son

ennemi.

Tandis que le peuple de Rome ne fut corrompu que par ses tribuns, à qui il ne pouvoit accorder que sa puissance même, le sénat put aisément se défendre, parce qu'il agissoit constamment ; au-lieu que la populace passoit sans cesse de l'extrémité de la fougue à l'extrémité de la foiblesse.

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Mais quand le peuple pût donner a ses favoríš une formidable autorité au-dehors, toute la sagesse du sénat devint inutile, et la république fut perdue.

Ce qui fait que les états libres durent moins que les autres, c'est que les malheurs et les succès qui leur arrivent, leur font presque toujours perdre la liberté; au-lieu que les succès et les malheurs d'un état où le peuple est soumis confirment également sa servitude. Une république sage ne doit rien hasarder qui l'expose à la bonne ou à la mauvaise fortune: le seul bien auquel elle doit aspirer, c'est à la perpétuité de son

état.

Si la grandeur de l'empire perdit la république, la grandeur de la ville ne la perdit pas moins.

Rome avoit soumis tout l'univers avec le secours des peuples d'Italie, auxquels elle avoit donné, en différens temps, divers privilèges (1). La plupart de ces peuples ne s'étoient pas d'abord fort souciés du droit de bourgeoisie chez les Romains, et quelquesuns aimèrent mieux garder leurs usages (2). (1) Jus Latii, jus italicum.

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(2) Les Éques disoient, dans leurs assemblées : Mais

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Mais lorsque ce droit fut celui de la souveraineté universelle, qu'on ne fut rien dans le monde, si l'on n'étoit citoyen romain, et qu'avec ce titre on étoit tout, les peuples d'Italie résolurent de périr ou d'être Romains ne pouvant en venir à bout par leurs brigues et leurs prières, ils prirent la voie des armes; ils se révoltèrent dans tout ce côté qui regarde la mer Ionienne; les autres alliés alloient les suivre (1). Rome, obligée de combattre contre ceux qui étoient, pour ainsi dire, les mains avec lesquelles elle enchaînoit l'univers, étoit perdue; elle alloit être réduite à ses murailles : elle açcorda ce droit tant desiré aux alliés qui n'avoient pas encore cessé d'être fidèles (2); peu-à-peu elle l'accorda à tous.

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ceux qui ont pu choisir ont préféré leurs loix au droit de la cité romaine, qui a été une peine nécessaire pour ceux qui n'ont pu 's'en défendre. Tite-Live, liv. IX.

(1) Les Asculans, les Marses, les Vestins, les Marrucins, les Férentans, les Hirpins, les Pompéians, les Vénusiens, les Japiges, les Lucaniens, les Samnites, et autres. Appian, de la guerre çivile, livre premier.

(2) Les Toscans, les Umbriens, les Latins, Cela porta quelques peuples à se soumettre; et, comme Tome V

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Pour lors, Rome ne fut plus cette ville dont le peuple n'avoit eu qu'un même esprit, un même amour pour la liberté, une même haine pour la tyrannie; où cette jalousie du pouvoir du sénat et des prérogatives desgrands, toujours mêlée de respect, n'étoit qu'un amour de l'égalité. Les peuples d'Italie étant devenus ses citoyens, chaque ville y apporta son génie, ses intérêts particuliers, et sa dépendance de quelque grand protecteur (1). La ville déchirée ne forma plus un tout ensemble; et, comme on n'en étoit citoyen que par une espèce de fiction; qu'on n'avoit plus les mêmes magistrats, les mêmes murailles, les mêmes dieux, les mêmes temples, les mêmes sépultures, on ne vit plus Rome des mêmes yeux, on n'eut plus le même amour pour la patrie, et les sentimens romains ne furent plus.

Les ambitieux firent venir à Rome des villes et des nations entières, pour troubler les suf

'on les fit aussi citoyens, d'autres posèrent encore les armes; et enfin il ne resta que les Samnites, qui furent exterminés.

(1) Qu'on s'imagine cette tête monstrueuse des peuples d'Italie, qui, par le suffrage de chaque homme, conduisoit le reste du monde.

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