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Ce que la nation Anglaise admire pour le moins à l'égal du courage dans l'esprit militaire, c'est une certaine grandeur d'âme et une sorte de désintéressement qui élève l'homme au-dessus de l'amour-propre. Un fait l'expliquera mieux que tous les Vers 1837, Wellington, qui sortait un soir d'Apsley House, fut abordé par deux gentlemen dont le visage lui était inconnu. Ils lui annoncèrent qu'ils étaient les exécuteurs d'un testament fait par un ami d'un tour d'esprit fort excentrique, et qui avait laissé 500 livres sterling à l'homme le plus brave de l'armée anglaise. Leur intention, ajoutèrent-ils, était de remettre au duc un bon (check) pour toucher cette somme chez le banquier, bien convaincus qu'ils étaient l'un et l'autre d'exécuter en cela les volontés du mort. Le duc les remercia, mais refusa le legs, donnant pour raison qu'il connaissait dans l'armée anglaise beaucoup d'hommes aussi braves que lui. On le pressa du moins de se poser en arbitre, et de désigner celui qu'il considérait comme le plus digne de répondre au vœu du testateur. Il y consentit, mais demanda quelques jours pour réfléchir. Après avoir bien cherché, car la tâche était, selon lui, plus difficile qu'il ne l'avait cru tout d'abord, il nomma le major-général Sir James Macdonnell. Ce dernier commandait en 1815 à Hougoumont une poste qui avait été la clef de la bataille de Waterloo. Les exécuteurs se rendirent chez Sir James Macdonnell, et après lui avoir fait connaître le choix du duc, lui présentèrent l'argent. Sir James répondit qu'il ne discuterait point une décision si honorable pour lui, mais qu'il connaissait un homme dont la conduite avait été pour le moins aussi méritoire que la sienne dans cette journée; c'était un sergent-major des Coldstream guards, un certain Fraser. Au moment où les Français s'étaient élancés sur Hougoumont avec une telle furie que les portes de la ferme s'ouvrirent et que la position était menacée, ce sergent avait aidé le général à refermer, par un prodige de force et d'audace, les portes sur l'ennemi. Sir James déclara en conséquence qu'il recevrait les 500 livres sterling, mais qu'il en remettrait 250 au brave sergent, avec lequel il entendait partager la récompense, comme il avait partagé le péril. De tels faits sont de nature à appeler l'intérêt du pays sur la classe des militaires. Alphonse Esquiros.

49. Découverte des Trois Océans.

Qui a découvert aux hommes la grande navigation? qui révéla la mer, en marqua les zones et les voies? enfin, qui découvrit le globe? La baleine et le baleinier: tout cela bien avant Colomb et les fameux chercheurs d'or qui eurent toute la gloire, retrouvant à grand bruit ce qu'avaient trouvé les pêcheurs.

La traversée de l'Océan, que l'on célébra tant au xv2 siècle, s'était fait souvent par le passage étroit d'Islande en Groënland, et même par le large, car les Basques allaient à Terre-Neuve. Le moindre danger était la traversée pour des gens qui cherchaient au bout du monde ce suprême danger, le duel avec la baleine. S'en aller dans les mers du Nord, se prendre corps à corps avec la montagne vivante, en pleine nuit, et on peut dire en plein naufrage, le pied sur elle et le gouffre dessous, ceux qui faisaient cela étaient assez trempés de cœur pour prendre en grande insouciance les événements ordinaires de la mer. Noble guerre, grande école de courage, cette pêche n'était pas comme aujourd'hui un carnage facile qui se fait prudemment de loin avec une machine: on frappait de la main, on risquait vie pour vie. On tuait peu de baleines, mais on gagnait infiniment en habileté maritime, en patience, en sagacité, en intrépidité. On rapportait moins d'huile et plus de gloire.

On doit beaucoup à la baleine: sans elles, les pêcheurs se seraient tenus à la côte, car presque tout poisson est riverain; c'est elle qui les émancipa, et les mena partout. Ils allèrent, entraînés, au large, et, de proche en proche, si loin, qu'en suivant toujours ils se trouvèrent avoir passé, à leur insu, d'un monde à l'autre. Le Groënland ne les séduisit pas; ce n'est pas la terre qu'ils cherchaient, mais la mer seulement et les routes de la baleine. L'Océan est son gîte, et elle s'y promène, en large surtout. Chaque espèce habite de préférence une certaine latitude, une zone d'eau plus on moins froide. Voilà ce qui traça les grandes divisions de l'Atlantique.

Si l'on avait voulu, on eût fait bien plutôt les grandes découvertes du xve siècle. Il fallait s'adresser aux rôdeurs de la mer, mais pour des raisons diverses on s'en défiait. Les Portugais ne voulaient employer que des hommes à eux, et de l'école qu'ils avaient formée. Ils craignaient nos Normands, qu'ils chassaient et dépossédaient de la côte d'Afrique. D'autre part, les

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rois de Castille tinrent toujours pour suspects leurs sujets les Basques, qui, par leurs priviléges, étaient comme une république, et de plus passaient pour des têtes dangereuses, indomptables. C'est ce qui fit manquer à ces princes plus d'une entreprise. Ne parlons que d'une seule, l'invincible Armada. Philippe II, qui avait deux vieux amiraux basques, la fit commander par un Castillan. On agit contre leur avis: de là le grand désastre.

Une maladie terrible avait éclaté au xve siècle: la faim, la soif de l'or, le besoin absolu de l'or. Peuples et rois, tous pleuraient pour l'or. Il n'y avait plus aucun moyen d'équilibrer les dépenses et les recettes. Fausse monnaie, cruels procès, et guerres atroces, on employait tout; mais point d'or. Les alchimistes en promettaient, et on allait en faire dans peu; mais il fallait attendre. La légende qui, au xve siècle, brouillait toutes les cervelles, était un réchauffé de la fable des Hespérides, un Eldorado, terre de l'or, qu'on plaçait dans les Indes, et qu'on soupçonnait être le paradis terrestre, subsistant toujours ici-bas. Il ne s'agissait que de le trouver. On n'avait garde de le chercher au nord: voilà pourquoi on fit si peu d'usage de la découverte de Terre-Neuve et du Groënland. Au midi, au contraire, on avait déjà trouvé en Afrique de la poudre d'or; cela encourageait. Les rêveurs et les érudits d'un siècle pédantesque entassaient, commentaient les textes, et la découverte, peu difficile d'elle-même, le devenait à force de lectures, de réflexions, d'utopies chimériques. Cette terre de l'or était-elle, n'etait-elle pas le paradis? Etait-elle à nos antipodes, et avionsnous des antipodes? .... A ce mot, les docteurs, les robes noires, arrêtaient les savans, leur rappelaient que là-dessus la doctrine de l'église était formelle, l'hérésie des antipodes ayant été expressément condamnée. Voilà une grave difficulté! On était arrêté court.

Pourquoi l'Amérique, déjà découverte, se trouva-t-elle encore si difficile à découvrir? C'est qu'on désirait à la fois et qu'on craignait de la trouver.

Le savant libraire italien Colomb était bien sûr de son affaire. Il avait été en Islande recueillir les traditions, et d'autre part les Basques lui disaient tout ce qu'ils savaient de Terre-Neuve. Un Galicien y avait été jeté et y avait habité. Ni Basques, ni Normands n'auraient pu, en leur propre nom, se faire autoriser par la Castille. Il fallut un Italien habile et éloquent, un Génois

obstiné, qui poursuivît quinze ans la chose, qui trouvât le moment unique, saisît l'occasion, sût lever le scrupule. Le moment fut celui où la ruine des Maures coûta si cher à la Castille, où l'on criait de plus en plus: "De l'or!" Le moment fut celui où l'Espagne victorieuse frémissait de sa guerre de croisade et d'inquisition. L'Italien saisit ce levier, fut plus dévot que les dévots; il agit par l'église même: on fit scrupule à Isabelle de laisser tant de nations païennes dans les ombres de la mort. On lui démontra clairement que découvrir la terre de l'or, c'était se mettre à même d'exterminer le Turc et de reprendre Jérusalem.

Mais la plus difficile de toutes les découvertes était l'entreprise de Magellan, et de son pilote le Basque Sébastien del Cano. Est-il vrai que Magellan ait vu le Pacifique marqué d'avance sur un globe par l'Allemand Behaim? Non; ce globe qu'on a ne le montre pas. Aurait-il vu chez son maître, le roi de Portugal, une carte qui l'indiquait? On l'a dit, non prouvé. Il est bien plus probable que les aventuriers qui déjà, depuis une vingtaine d'années, couraient le continent Americain, avaient, de leurs yeux, vu le Pacifique. Ce bruit qui circulait s'accordait à merveille avec l'idée (que donna le calcul) d'un tel contrepoids, nécessaire à l'hémisphère que nous habitons et à l'équilibre du globe.

Il n'y a pas de vie plus terrible que celle de Magellan; combats, navigations lointaines, fuites et procès, naufrages, assassinat manqué, enfin la mort chez les barbares. Il se bat en Afrique, il se bat dans les Indes; il se marie chez les Malais, si braves et si féroces. Lui-même semble avoir été tel. Dans son long séjour en Asie, il recueille toutes les lumières, prépare sa grande expédition, sa tentative d'aller par l'Amérique aux îles mêmes des épices, aux Moluques. Les prenant à la source, on était sûr de les avoir à meilleur prix qu'en les tirant de l'Occident de l'Inde. L'entreprise, dans son idée originaire, fut ainsi toute commerciale. Un rabais sur le poivre fut l'inspiration primitive du voyage le plus héroïque qu'on ait fait sur cette planète.

L'esprit de cour, l'intrigue, dominaient tout alors en Portugal. Magellan, maltraité, passa alors en Espagne, et magnifiquement Charles-Quint lui donna cinq vaisseaux; mais il n'osa se fier tout-à-fait au transfuge portugais, il lui imposa un associé castillan. Magellan partit entre deux dangers, la malveillance

castillane, et la vengeance portugaise, qui le cherchaient pour l'assassiner. Il eut bientôt une révolte sur sa flotte, et déploya un terrible héroïsme, indomptable et barbare. Il mit aux fers l'associé, se fit seul chef. Il fit poignarder, égorger, écorcher les récalcitrans. A travers tout cela, naufrage, et des vaisseaux perdus! Personne ne voulait plus le suivre, quand on vit l'effrayant aspect de la pointe de l'Amérique, la désolée Terre de Feu et le funèbre cap Forward. Cette contrée, arrachée du continent par de violentes convulsions, par la furieuse ébullition de mille volcans, semble une tourmente de granit. Boursoufflée, crevassée par un refroidissement subit, elle fait horreur. Ce sont des pics aigus, des clochers excentriques, d'affreuses et noires mamelles, des dents atroces à trois pointes, et toute cette masse de lave, de basalte, de fontes de feu, est coiffée de neige lugubre.

Tous en avaient assez. Il dit: "Plus loin!" Il chercha, il tourna, il se démêla de cent îles, entra dans une mer sans bornes, ce jour-là pacifique, et qui en a gardé le nom. Il périt dans les Philippines, quatre vaseaux périrent: le seul qui resta, la Victoire, à la fin n'eut plus que treize hommes; mais il avait son grand pilote, l'intrépide et l'indestructible, le Basque Sébastien del Cano, qui revint seul ainsi (1521), ayant le premier fait le tour du monde.

Rien de plus grand. Le globe était sûr désormais de sa sphéricité. Cette merveille physique de l'eau, uniformément étendue sur une boule où elle adhère sans s'écarter, ce miracle était démontré; le Pacifique enfin était connu, le grand et mystérieux laboratoire où, loin de nos yeux, la nature travaille profondément la vie, nous élabore des mondes, des continens nouveaux!.. Révélation d'immense portée, non matérielle seulement, mais morale, qui centuplait l'audace de l'homme et le lançait dans un autre voyage, sur le libre océan des sciences, dans l'effort (téméraire, fécond) de faire le tour de l'infini! Michelet.

50. Diner Australien.

Pendant trois mortelles heures nous entendîmes la meute derrière nous; le pas de nos chevaux s'étouffait sur le sable inondé par l'averse, de sorte que nous pouvions prêter l'oreille tout en courant. Nous avions sur nos talons une douzaine de

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