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67. Mort de Jeanne d'Arc, le 30 Mai, 1431.

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Silence au camp! la vierge est prisonnière;
Par un injuste arrêt Bedford croit la flétrir :
Jeune encore, elle touche à son heure dernière ;
Silence au camp! la vierge va périr.

Du Christ avec ardeur Jeanne baisait l'image;
Ses longs cheveux épars flottaient au gré des vents;
Au pied de l'échafaud, sans changer de visage,
Elle s'avançait à pas lents.

Tranquille, elle y monta; quand, debout sur le faîte,
Elle vit ce bûcher qui l'allait dévorer,

Les bourreaux en suspens, la flamme déjà prête,
Sentant son cœur faillir, elle baissa la tête,

Et se prit à pleurer.

Ah! pleure, fille infortunée!

Ta jeunesse va se flétrir,

Dans sa fleur trop tôt moissonnée !

Adieu, beau ciel, il faut mourir.

Ainsi qu'une source affaiblie,

Près du lieu même ou naît son cours,

Meurt en prodiguant ses secours

Au berger qui passe et l'oublie.

Ainsi dans l'âge des amours

Finit ta chaste destinée,

Et tu péris abandonnée

Par ceux dont tu sauvas les jours.

Tu ne reverras plus tes riantes montagnes,

Le temple, le hameau, les champs de Vaucouleurs,
Et ta chaumière et tes compagnes,

Et ton père expirant sous le poids des douleurs.

J

Chevaliers, parmi vous qui combattra pour elle?
N'osez-vous entreprendre une cause si belle ?
Quoi! vous restez muets! aucun ne sort des rangs?
Aucun pour la sauver ne descend dans la lice!
Puisqu'un forfait si noir les trouve indifférents,
Tonnez, confondez l'injustice,

Cieux, obscurcissez-vous de nuages épais;
Eteignez sous leurs flots les feux du sacrifice,
Ou guidez au lieu de supplice,

A défaut de tonnerre, un chevalier français.

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Après quelques instants d'un horrible silence,
Tout-à-coup le feu brille, il s'irrite, il s'élance,
La flamme l'environne, et sa voix expirante

*

Murmure encore: "O! France! ô mon roi bien-aimé!”
Que faisait-il ce roi? Plongé dans la mollesse,
Tandis que le malheur réclamait son appui,
L'ingrat, il oubliait aux pieds d'une maîtresse
La vierge qui mourait pour lui!

Ah! qu'une page si funeste

De ce règne victorieux

Pour n'en pas obscurcir le reste,

S'efface sous les pleurs qui tombent de nos yeux !

Qu'un monument s'élève au lieu de ta naissance,
O toi, qui des vainqueurs renversas les projets !
La France y portera son deuil et ses regrets,
Sa tardive reconnaissance ;

Elle y viendra gémir sous de jeunes cyprès:
Puissent croître avec eux ta gloire et sa puissance !

Que sur l'airain funèbre on grave des combats,
Dieu vengeant par tes mains la plus juste des causes.
Venez, jeunes beautés: venez, braves soldats;
Semez sur son tombeau les lauriers et les roses!

Qu'un jour le voyageur, en parcourant ces bois,
Cueille un rameau sacré, l'y dépose et s'écrie:
"A celle qui sauva le trône et la patrie,

Et n'obtint qu'un tombeau pour prix de ses exploits !"

C. Delavigne.

68. La Retraite.

Je sais sur la colline
Une blanche maison;
Un roche la domine
Un buisson d'aubépine
Est tout son horizon.

Là jamais ne s'élève

Bruit qui fasse penser ;
Jusqu'à ce qu'il s'achève
On peut mener son rêve
Et le recommencer.

Le clocher du village
Surmonte ce séjour,

Sa voix comme un hommage
Monte au premier nuage
Que colore le jour.

Signal de la prière,

Elle part du saint lieu,
Appelant la première
L'enfant de la chaumière
A la maison de Dieu!

Aux sons que l'écho roule
Le long des églantiers,
Vous voyez l'humble foule
Qui serpente et s'écoule

Dans les pieux sentiers;
C'est la pauvre orpheline
Pour qui le jour est court,
Qui déroule et termine
Pendant qu'elle chemine

Son fuseau déjà lourd;

C'est l'aveugle que guide
Le mur accoutumé,
Le mendiant timide
Et dont la main dévide
Son rosaire enfumé ;

C'est l'enfant qui caresse
En passant chaque fleur,
Le vieillard qui se presse:
L'enfance et la vieillesse
Sont amis du Seigneur !

La fenêtre est tournée

Vers le champ des tombeaux, Ou l'herbe moutonnée

Couvre après la journée

Le sommeil des hameaux.

Plus d'une fleur nuance

Ce voile du sommeil;

Là tout fut innocence,
Là tout dit: espérance!
Tout parle de réveil !

Mon œil, quand il y tombe,
Voit l'amoureux oiseau
Voler de tombe en tombe
Ainsi que la colombe

Qui porta le rameau;

Ou quelque pauvre veuve

Aux longs rayons du soir
Sur une pierre neuve,
Signe de son épreuve,
S'agenouiller, s'asseoir;

Et l'espoir sur la bouche
Contempler du tombeau,
Sous les cyprès qu'il touche,
Le soleil qui se couche

Pour se lever plus beau.

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Toi dont le monde encore ignore le vrai nom,
Esprit mystérieux, mortel, ange ou démon,
Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie,
J'aime de tes concerts la sauvage harmonie,
Comme j'aime le bruit de la foudre et des vents
Se mêlant dans l'orage à la voix des torrents!
La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine;
L'aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine,
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés;
Des rivages couverts des débris du naufrage.
Ou des champs tout noircis des restes du carnage ;
Et, tandis que l'oiseau qui chante ses douleurs,
Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs,
Lui des sommets d'Athos franchit l'horrible cime,
Suspend aux flancs des monts son air sur l'abîme,
Et là, seul, entouré de membres palpitants,
Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie,
Bercé par la tempête, il s'endort dans la joie.

70. Rappelle-toi.

Lamartine.

Rappelle-toi quand l'aurore craintive
Ouvre au soleil son palais enchanté ;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive

Passe en rêvant sous son voile argenté ;

A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite
Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite,
Ecoute au fonds des bois

Murmurer une voix :

Rappelle-toi.

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