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coup d'Anglais furent blessés, la plupart au visage, par suite de cette manœuvre; Harold lui-même eut l'œil crevé d'une flèche; mais il n'en continua pas moins de commander et de combattre. L'attaque des gens de pied et de cheval recommença de près, aux cris de "Notre Dame! Dieu aide!"

Mais les Normands furent repoussés à l'une des portes du camp, jusqu'à un grand ravin recouvert de broussailles et d'herbes, où leurs chevaux trébuchèrent et où ils tombèrent pêle-mêle, et périrent en grand nombre. Il y eut un moment de terreur dans l'armée d'outre-mer. Le bruit courut que le duc avait été tué, et, à cette nouvelle, la fuite commença. Guillaume se jeta lui-même au-devant des fuyards et leur barra le passage, les menaçant et les frappant de sa lance; puis se découvrant la tête: "Me voilà," leur cria-t-il, "regardez-moi, je vis encore, et vaincrai avec l'aide de Dieu.”

Les cavaliers retournèrent aux redoutes, mais il ne purent davantage en forcer les portes ni faire brèche; alors le duc s'avisa d'un stratagème pour faire quitter aux Anglais leur position et leurs rangs. Il donna l'ordre à mille cavaliers de s'avancer et de fuir aussitôt. La vue de cette déroute simulée fit perdre aux Saxons leur sang-froid; ils coururent tous à la poursuite, la hache suspendue au cou. A une certaine distance, un corps posté à dessein joignit les fuyards, qui tournèrent bride; et les Anglais, surpris dans leur désordre, furent assaillis de tous côtés à coups de lances et d'épées dont ils ne pouvaient se garantir, ayant les deux mains occupées à manier leurs grandes haches. Quand ils eurent perdu leurs rangs, les clôtures des redoutes furent enfoncées; cavaliers et fantassins y pénétrèrent; mais le combat fut encore vif, pêle-mêle et corps à corps. Guillaume eut son cheval tué sous lui; le roi Harold et ses deux frères tombèrent morts au pied de leur étendard, qui fut arraché et remplacé par la bannière envoyée de Rome. Les débris de l'armée anglaise, sans chef et sans drapeau, prolongèrent la lutte jusqu'à la fin du jour, tellement que les combattants des deux partis ne se reconnaissaient plus qu'au langage. Thierry.

29. Couronnement de Guillaume le Conquérant.

Guillaume n'alla point jusqu'à Londres; mais s'arrêtant à la distance de quelques milles, il fit partir un fort détachement

de soldats, chargés de lui construire, au sein de la ville, une forteresse pour sa résidence. Pendant qu'on hâtait ces travaux, le conseil de guerre des Normands discutait, dans le camp près de Londres, les moyens d'achever promptement la conquête commencée avec tant de bonheur. Les amis familiers de Guillaume disaient que pour rendre moins âpres à la résistance les habitans des provinces encore libres, il fallait que, préalablement à toute invasion ultérieure, le chef de la conquête prît le titre de roi des Anglais. Cette proposition était sans doute la plus agréable au duc de Normandie; mais toujours circonspect, il feignit d'y être indifférent. Quoique la possession de la royauté fut l'objet de son entreprise, il paraît que de graves motifs l'engagèrent à se montrer moins ambitieux qu'il ne l'était d'une dignité qui, en l'élevant au-dessus des vaincus, devait en même temps séparer sa fortune de celles de tous ses compagnons d'armes. Guillaume s'excusa modestement et demanda au moins quelques délais, disant qu'il n'était pas venu en Angleterre pour son intérêt seul, mais pour celui de toute la nation normande; que d'ailleurs, si Dieu voulait qu'il devînt roi, le temps de prendre ce tître n'était pas arrivé pour lui, parce que trop de provinces et trop d'hommes restaient encore à soumettre.

La majorité des chefs normands inclinait à prendre à la lettre ces scrupules hypocrites, et à décider qu'en effet il n'était pas temps de faire un roi, lorsqu'un capitaine de bandes auxiliaires, Aimery de Thouars, à qui la royauté de Guillaume devait porter moins d'ombrage qu'aux natifs de Normandie, prit vivement la parole, et dans le style d'un flatteur et d'un soldat à gages, s'écria: "C'est trop de modestie que de demander à des gens de guerre s'ils veulent que leur seigneur soit roi; on n'appelle point les soldats à des discussions de cette nature, et d'ailleurs nos débats ne servent qu'à retarder ce que nous souhaitons tous de voir s'accomplir sans délai." Ceux d'entre les Normands qui, après les feintes excuses de Guillaume, auraient osé opiner dans le même sens que leur duc, furent d'un avis tout contraire lorsque le Poitevin eut parlé, de crainte de paraître moins fidèles et moins dévoués que lui au chef commun. Ils décidèrent donc unanimement, qu'avant de pousser plus loin la conquête, le duc Guillaume se ferait couronner roi d'Angleterre par le petit nombre de Saxons qu'il avait réussi à effrayer ou à corrompre. Le jour de la cérémonie fut fixé à la fête de Noël, alors

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prochaine. L'archevêque de Canterbury, Stigand, qui avait prêté le serment de paix au vainqueur, dans son camp de Berkhamsted, fut invité à venir lui imposer les mains et à le couronner, suivant l'ancien usage, dans l'église du monastère de l'Ouest, (en Anglais Westmynster,) près de Londres. Stigand refusa d'aller bénir un homme couvert du sang des hommes et envahisseur des droits d'autrui. Mais Eldred, l'archevêque d'York, plus circonspect et mieux avisé, disent certains vieux historiens, comprenant qu'il fallait s'accommoder au temps, et ne point aller contre l'ordre de Dieu, par qui s'élèvent les puissances, consentit à remplir ce ministère. L'église de l'Ouest fut préparée et ornée comme aux anciens jours, où d'après le vote libre des meilleurs hommes de l'Angleterre, le roi de leur choix venait s'y présenter pour recevoir l'investiture du pouvoir qu'ils lui avaient remis. Mais cette élection préalable, sans laquelle le titre de roi ne pouvait être qu'une vaine moquerie et une insulte amère du plus fort, n'eut point lieu pour le duc de Normandie. Il sortit de son camp, et marcha entre deux haies de soldats jusqu'au monastère où l'attendaient quelques Saxons craintifs, ou bien affectant une contenance ferme et un air de liberté dans leur lâche et servile office. Au loin toutes les avenues de l'église, les places, les rues du faubourg, étaient garnies de cavaliers en armes, qui devaient, selon d'anciens récits, contenir les rebelles, et veiller à la sûreté de ceux que leur ministère appellerait dans l'intérieur du temple. Les comtes, les barons, et les autres chefs de guerre, au nombre de deux cent soixante, y entrèrent avec leur duc.

Quand s'ouvrit la cérémonie, Géoffrey, évêque de Coutances, demanda, en langue Française, aux Normands, s'ils étaient tous d'avis que leur seigneur prît le titre de roi des Anglais, et, en même temps, l'archevêque d'York demanda aux Anglais, en langue Saxonne, s'ils voulaient pour roi le duc de Normandie. Alors il s'éleva dans l'église des acclamations si bruyantes, qu'elles retentirent hors des portes jusqu'à l'oreille des cavaliers qui remplissaient les rues voisines. Ils prirent ce bruit confus pour un cri d'alarme, et, selon leurs ordres secrets, mirent aussitôt le feu aux maisons. Plusieurs s'élancèrent vers l'église, et, à la vue de leurs épées nues et des flammes de l'incendie, tous les assistans se dispersèrent, les Normands aussi bien que les Saxons. Ceuxci couraient au feu pour l'éteindre, ceux-là pour faire du butin dans le trouble et dans le désordre. La cérémonie fut sus

pendue par ce tumulte imprévu, et il ne resta pour l'achever en toute hâte que le duc, l'archevêque Eldred, et quelques prêtres des deux nations. Tout tremblans, ils reçurent de celui qu'ils appelaient roi, et qui, selon un ancien récit, tremblait lui-même comme eux, le serment de traiter le peuple Anglo-Saxon aussi bien que le meilleur des rois que ce peuple avait jadis élu.

Dès le jour même, la ville de Londres eut lieu d'apprendre ce que valait un tel serment dans la bouche d'un étranger vainqueur; on imposa aux citoyens un énorme tribut de guerre, et l'on emprisonna leurs otages. Guillaume lui-même, qui ne pouvait croire au fond que la bénédiction d'Eldred et les acclamations de quelques lâches eussent fait de lui un roi d'Angleterre dans le sens légal de ce mot, embarrassé pour motiver le style de ses manifestes, tantôt se qualifiait faussement de roi par succession héréditaire, et tantôt, avec toute franchise, de roi par le tranchant de l'épée. Mais s'il hésitait dans ses formules, il n'hésitait pas dans ses actes, et se rangeait à sa vraie place par l'attitude d'hostilité et de défiance qu'il gardait vis-à-vis du peuple; il n'osa point encore s'établir dans Londres, ni habiter le château crénelé qu'on lui avait construit à la hâte.

II sortit donc pour attendre dans la campagne voisine que ses ingénieurs eussent donné plus de solidité à ces ouvrages, et jeté les fondemens de deux autres forteresses, pour réprimer, dit un auteur Normand, l'esprit mobile d'une population trop nombreuse et trop fière. Augustin Thierry.

30. Bataille de Magenta.

Je ne suis pas un historiographe pour vous raconter, au point de vue de la vérité stratégique, cette grand journée du 4 Juin, qui marquera largement dans nos fastes militaires. Cependant je ne peux pas laisser incomplet le récit que je vous en ai fait. Le combat si glorieux de Boffalora n'a été que l'un des côtés de cette victoire, que la bataille de Magenta a décidée; vous me permettrez donc de revenir un peu en arrière afin de rendre, toutes choses plus claires.

L'armée du comte Giulay occupait une position dont la force avait été augmentée par des travaux de campagne qui en rendaient l'accès presque impossible. La longue crête qui coupe la chaussée de Boffalora au sommet de cette rampe dont je vous

ai parlé dans ma dernière lettre, est défendue par un canal large et profond-le Naviglio grande-qu'on franchit sur des ponts étroits. Vous savez en outre que du Tessin, jusqu'à la hauteur où le comte Giulay avait assis ses batteries, le remblai du chemin de fer longe la route à une portée de fusil sur la droite, et forme comme un rempart artificiel dont les feux plongeants balayent le terrain sur lequel il fallait nécessairement passer pour atteindre le village de Boffalora.

A droite et à gauche de la chaussée, ce sont des prairies inondées, des bouquets de bois, des cours d'eau, des fossés. Tout se réunissait donc pour rendre cette position inexpugnable.

La rencontre du chemin de fer et des hauteurs qui sont formées par les berges de l'ancien lit du fleuve, dessine un angle profond dont les escarpements sont couverts de taillis. C'est contre cet angle que les colonnes d'attaques ont été lancées. Le général Cler conduisait le 3e régiment de grenadiers et les zouaves. Repoussés six fois, et six fois ramenés, ces braves soldats, décimés par un feu terrible, sont enfin parvenus à couronner les hauteurs derrière lesquelles s'ouvre le grand canal. Le rer et le 2e de grenadiers combattaient sur la route et sur la gauche, dirigés par le général Wimpffen.

A trois heures, le général Giulay se croyait sûr de la victoire, et écrivait à Vérone que l'armée française n'avait pu forcer le passage.

Il avait alors presque raison, seulement il se pressait trop, comme autrefois son prédécesseur le général Mélas. Et à ce point de vue, la bataille de Magenta a été un autre Marengo, dont le général MacMahon a été le Desaix, mais un Desaix heureux en même temps que vainqueur.

A ce moment décisif, où la fortune des armes allait donner la victoire au plus résolu, vers quatre heures, la droite de l'armée autrichienne s'appuyait contre une immense ferme crénelée, Cascina Nuova, dont les abords sont protégés par des vergers et des fossés; le centre se retranchait à Magenta, dont l'église, le clocher, la gare et les maisons étaient autant de forteresses. La gauche était à Boffalora.

La ligne du canal en avant de Boffalora n'avait pas encore été forcée, lorsque le général MacMahon, qui venait de recevoir l'ordre d'emporter Magenta, coûte que coûte, parut sur le terrain avec les divisions Espinasse et la Motterouge.

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