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Il arrivait de Turbigo au pas de course après avoir traversé le Tessin sur un pont de bateaux dont la construction n'avait pas été inquiétée par les Autrichiens. Le général aborda résolûment la droite de l'ennemi et la véritable bataille commença.

Les régiments autrichiens qui défendaient la ferme se battirent avec une extrème vigueur; mais chassés enfin de leurs positions, ils furent repoussés à la baïonette jusqu'à Magenta, où une résistance nouvelle et plus formidable attendait nos soldats.

La gauche extrême du corps du général MacMahon, qui prenait en flanc la ligne d'opération de l'armée autrichienne, était occupée par le 2e régiment étranger, qui perdit là son colonel et plusieurs officiers, et par les turcos, dont les compagnies, qui couraient au feu en poussant des 'hurrahs,' étaient comme fauchées par la mitraille.

L'élan de nos soldats dut s'arrêter devant un fossé de proportions gigantesques, formé par les déblais du chemin de fer, derrière lequel les forces ennemies s'étaient massées, se faisant un abri du village. C'est là que le général Espinasse trouva la mort, ainsi que son aide-de-camp.

Le général MacMahon, que rien ne pouvait faire hésiter, et qui s'exposait comme un soldat, se lança en avant, et nos bataillons poussèrent au plus épais des baïonettes ennemies, comme une hache dans le cœur d'un chêne.

Il pouvait être alors six heures du soir; les divisions Espinasse et la Motterouge se battaient depuis deux heures contre des forces supérieures, protégées par un village dont toutes les maisons étaient barricadées.

La lutte indécise se prolongeait avec une énergie égale de part et d'autre, on ne perdait pas de terrain, mais on n'en gagnait guère, et la victoire était encore incertaine lorsque la division des voltigeurs de la garde, conduite par le général Camu, et mise aux ordres du général MacMahon, entra en ligne, marchant au pas de charge, tous les tambours des quatre régiments et les clairons du bataillon des chasseurs de la garde battant et sonnant à la fois.

Le combat ne fut plus qu'un assaut. Les soldats autrichiens, rendons-leur cette justice, se défendirent avec acharnement: il fallut emporter la gare d'abord et les bâtiments qui en dépendent, les maisons, l'église, le clocher. A neuf heures la résistance expira vainqueurs et vaincus campèrent côte-à-côte, également

épuisés par cette longue lutte; mais les Autrichiens en dehors des lignes qu'ils avaient occupées la veille. Il y a dans l'armée autrichienne des compagnies dont il ne reste plus qu'un homme ou deux, des régiments réduits à un peloton. Combien de bataillons qui n'ont plus d'officiers! Tandis que le général Mac Mahon arrivait à Magenta, le maréchal Canrobert et le général Niel avec deux divisions accouraient au secours des grenadiers de la garde. Cette vaillante troupe, qui ne cessait pas de combattre depuis cinq ou six heures, décimée par le feu, et que les retours offensifs de l'ennemi ne pouvaient entamer, se masse à la voix de ses chefs et s'élance en avant. Rien ne résiste à l'énergie de cet assaut; les hauteurs voisines et le chemin de fer sont franchis, et les Autrichiens poursuivis la baïonnette dans les reins. Le Naviglio grande est atteint, le passage du pont forcé, et le soldat chargé de le faire sauter tué sur la mèche.

Les Français sont à Boffalora. Mais là, comme à Magenta, les bâtiments de la station, la douane, qu'on reconnaît à ses arcades, une grande auberge qui lui fait face, et d'autres maisons, servirent de retranchements aux Autrichiens.

Il fallut les en débusquer par la force jusqu'au dernier.

A neuf heures, nos soldats bivouaquaient sur le champ de bataille, maîtres de toutes les positions; il n'y avait plus devant eux que des morts. Amédée Achard.

31. Napoléon I. à Ste. Hélène.

Là-bas, de l'autre côté de l'équateur et dans l'immensité solitaire de l'océan Atlantique, un rocher sortit de l'ombre aux premiers rayons du soleil matinier, soleil triste à force de splendeur, et dont l'éclat brûle la terre comme le baiser de Jupiter incendiait ses amours. C'était au mois de Novembre; il y avait plus de trois semaines que nos passagers avaient quitté le rivage de France.

Le long de ce rocher, quelques maisons alignaient leurs toits carrés et bas, surmontés du pavillon britannique. En rade, il y avait des vaisseaux de guerre qui portaient aussi le yacht anglais à leur poupe. Cà et là, dans les pierres grises, au-dessus des parapets à fleur de sol, vous eussiez pu voir un mousquet briller au bras d'une sentinelle en habit rouge.

Mais, du plus haut sommet du grand mât d'un vaisseau à trois ponts, vous ne l'auriez pas même aperçue, cette cage de Longwood, où languissait le lion prisonnier.

Un homme sortit de la maison mélancolique par la petite porte qui donnait sur le pleasure ground. Cet homme avait l'air d'un jardinier. Le factionnaire présenta les armes: c'était l'empereur.

Il avait obtenu qu'il n'y eût point de sentinelle dans son enclos; mais en dehors, à toutes les issues, l'hospitalité anglaise veillait.

L'empereur avait un livre à la main et sa longue-vue sous le bras. Il s'assit à l'ombre maigre d'un bouquet de fougères arborescentes, et de façon à ne point voir l'uniforme anglais. Il ouvrit son livre et tâcha de lire; mais il rêva.

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Au bout d'une heure, des cris joyeux le tirèrent de sa méditation. C'était tout le peuple enfantin de la petite colonie française qui allait, riant et jouant, le long de l'enclos. Une fillette aux belles boucles d'or aperçut l'empereur, et, quittant ses camarades, elle vint mettre sa tête blonde sur ses genoux. C'était la fille du fidèle B—, la favorite de l'empereur. Ils causèrent. L'enfant demanda: Pourquoi es-tu plus triste aujourd'hui que du coutume, sire?" L'empereur sourit et répondit: "Le vent souffle de France." Puis, baignant ses mains délicates et toujours fines, malgré l'embonpoint qui le prenait, dans les cheveux bouclés de l'enfant, interrogeant à son tour: "Sais-tu tes prières, fillette?"-Le brave général B— n'était pas un chrétien très-fervent.-La petite répartit en riant : "A quoi cela sert-il ?" Puis elle ajouta, hardie comme l'enfance: "Et toi, sais-tu les tiennes ?"

Le général Montholon approchait, avec un permis de promenade sur les hauteurs. Car il fallait une licence signée Hudson Lowe pour franchir les bornes de la petite propriété de Longwood.

L'empereur monta seul et lentement le sentier qui conduisait aux sommets de la chaîne des collines, d'où son regard aimait à contempler la mer.

La brume mélancolique dont parle si souvent le mémorial se dissipait sous les rayons du soleil; au loin l'océan étincelait. Il n'y avait pas un seul navire en vue sur toute l'étendue de la mer, sauf les embarcations anglaises, à l'ancre dans la rade.

L'empereur s'assit, ombrageant son visage triste sous les vastes bords de son chapeau de paille. Et il laissa ses regards errer à l'horizon.

Derrière cette terrible muraille du lointain, il y avait nonseulement l'appel de la liberté, non-seulement le spectre de la gloire et de la puissance, non-seulement le sourire de la patrie, mais encore les deux plus grands amours que puisse contenir le cœur d'un homme: une jeune femme, un cher enfant.

Il n'eût pas été au pouvoir de Napoléon lui-même, libre et assis de nouveau sur son trône, d'augmenter sa gloire militaire; son testament affirme qu'il avait renoncé à toute espérance politique ;-mais sa femme, mais son fils, mais la France!

Etait-ce un nuage, cependant, qui se détachait là-bas entre le double azur du ciel et de la mer?

Ou n'était-ce pas plutôt ce miracle du génie humain, cette œuvre prodigieuse du siècle inventeur, le premier steamer, la Délivrance, précédant sans doute la flotille plus lourde, et venant dire au captif: Soyez prêt?

Oh! c'était bien un navire, car la longue-vue distinguait un point opaque et noir au milieu du nuage.

Le cœur du géant vaincu dut bondir étrangement dans sa poitrine. Et quel songe eut à ce moment son génie? Et malgré les promesses des heures résignées, quels plans de bataille jaillirent tout-à-coup au choc de cet espoir? quels vastes mouvements d'armées? quels bouleversements de la carte du monde ?

La navire approchait, on distinguait ses deux mâts sans voiles, séparés par cette cheminée sombre, d'où sortait la chevelure de fumée.

Il approchait, rapide comme un souhait; il grandissait; on voyait déjà l'écume blanchir à ses flancs! Il approchait trop; pourquoi cette bravade inutile? les navires de la rade l'avaient signalé. Un coup de canon parti du fort, grondait d'échos en échos, et il approchait toujours.

Deux frégates anglaises se couvraient de toile, deux bricks appareillaient, couronnés de blancs flocons, et l'artillerie de la rade rendait le signal aux batteries du fort.

Le navire ne changeait point sa route; il approchait. Etaitce une illusion de ce ciel vertigineux? Les trois couleurs montaient à sa corne: le drapeau éblouissant de tant de victoires.

Et le canon aussi, le canon français celui-là, affirmait par une salve le pavillon impérial.

Etait-ce donc une estafette officielle arrivant, le visage découvert, pour annoncer une seconde révolution française, une première révolution européenne peut-être ?

L'escadre anglaise manoeuvrait déjà pour mettre la goëlette entre deux feux.

La goëlette s'arrêta enfin. Elle était si près que l'empereur put voir sur le pont des uniformes de sa garde.

En un moment, toutes les têtes se découvrirent; l'équipage, la main sur le cœur, dut pousser un cri dont l'écho ne vint pas jusqu'à l'île.

Le drapeau tricolore s'abaissa lentement. Un pavillon noir flotta.

Puis la goëlette tourna sur elle-même et prit chasse, élargissant en quelques minutes la distance qui la séparait des anglais. Quand le nuage disparut à l'horizon, l'empereur regarda plus haut et pensa au ciel.

Il redescendit à Longwood. La fillette blonde vint lui tendre ses joues; il lui dit:

"Enfant, tu demandais à quoi cela sert, la prière. Pour une chérie comme toi, cela sert à vivre; pour un condamné comme moi, cela sert à mourir." Paul Féval.

32. Situation de Joseph à Madrid.

Joseph n'avait pas en Espagne moins de soucis et de sujets de contestation avec son puissant frère que Louis en Hollande, et s'il n'en était pas autant agité, c'est qu'avec moins d'énergie de sentiment, il avait aussi plus de sens et de prudence. On a déjà vu, qu'il n'avait pas de prétentions militaires, que de plus il se croyait habile à captiver les cœurs, prudent et sage dans l'art de gouverner, qu'il était persuadé, si on le laissait agir à son gré, de venir plus facilement à bout des Espagnols avec des séductions que son frère avec la foudre; que par un penchant commun à tous les rois devenus rois par la grâce de Napoléon, il avait épousé la cause de ses nouveaux sujets, surtout contre les armées françaises chargées de les lui soumettre; qu'il se plaignait sans cesse des mauvais traitements des Français contre les Espagnols; et que Napoléon, après

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