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mais il n'est pas théâtral. Un célibataire philosophe, d'une humeur grave, austère, inflexible, qui compatit peu aux faiblesses humaines, qui parle souvent des droits et de l'autorité de l'homme, et qui prétend qu'un mari doit être le maître chez lui; un pareil original, quoique d'ailleurs franc, généreux, bon ami, ne saurait plaire aux femmes.

Tout le comique de la pièce est dans le rôle d'Eugénie. Ce caractère d'ingénuité n'est pas neuf, mais il est charmant, et surtout il est joué avec une grâce, un naturel exquis, par Melle. Mars cadette, l'actrice de ce théâtre la plus parfaite dans son emploi.

Melle. Volnay était chargée du petit rôle de Clémence; c'est son début dans la comédie, et ce début est trèsheureux : elle a peint avec une grande vérité l'embarras, l'innocence et la pudeur timide d'une jeune fille élevée en province, et qui vient chercher à Paris un protecteur qu'elle ne connaît pas. C'est le seul personnage de la pièce qui présente un véritable intérêt : quoiqu'il ait peu de développemens, Melle. Volnay a cependant fait briller, dans plusieurs endroits, cette sensibilité précieuse et cette naïveté touchante qui distinguent son talent et lui assurent la faveur publique.

pas

Il ne faut oublier un valet assez naturel, assez gai, que Dazincourt rend d'une manière très-piquante: le rôle ne sert pas beaucoup à l'action; mais il sert à égayer les spectateurs, qui, dans un sujet aussi lugubre, ne trouvent pas souvent le mot pour rire.

La Femme jalouse suppose du mérite dans son auteur; la conduite en est bonne, le style médiocre, l'effet théâtral, triste et désagréable. (8 ventose an 10.)

THEATRE FRANÇAIS.

AUTEURS CONTEMPORAINS DE GEOFFROY.

LAHARP E.

WARWICK.

Св E coup d'essai d'un auteur de vingt-quatre ans, est sage et dans les bons principes; un peu froid, parce que le génie qui anime tout, ne s'y trouve pas : on n'y rencontre que le jugement qui fait des combinaisons régulières, le goût qui sait imiter les bons modèles. Le plan est simple et raisonnable, le style correct, élégant; mais l'élan et la verve ne se font point sentir. On est souvent satisfait, jamais ravi et transporté ; et dans cette tragédie d'un jeune homme, un observateur profond aurait pu découvrir le germe, non pas d'un poëte tragique, mais d'un littérateur orthodoxe.

M. de Laharpe, avec une tête saine et une parfaite connaissance de l'art, évita les fautes grossières, et s'éleva jusqu'à une médiocrité très-honnête dans les divers genres que les circonstances l'engagèrent à traiter; mais il ne fut jamais ni poëte, ni orateur. La nature en avait fait un raisonneur, un critique, et il a rempli son destin. Ses poëmes et ses discours sont oubliés; ses dissertations restent comme utiles et instructives, toutes les fois que sa prévention pour les écrivains philosophes ne l'aveugle

pas sa théorie est faible et commune; mais c'est un guide sûr dans la pratique. Il ne remonte pas aux souril ne fait pas d'esprit sur la littérature : mais il est dans la science des lettres, ce que dans celle de la religion est un bon théologien scolastique.

ces,

A peu près étranger à la littérature ancienne, qu'il n'eut pas le loisir d'étudier à fond, il est très-versé dans la littérature moderne; son tact est excellent, et il est ferme sur les principes : c'est dommage que son berceau se soit trouvé placé au milieu de l'école de Voltaire; il puisa dans son éducation une foule d'erreurs et d'hérésies qui gâtent les ouvrages même composés depuis sa conversion. S'il fut le disciple bien aimé de Voltaire, il fut aussi le plus fidèle et le plus constant de ses apôtres : lors même qu'il se vit forcé de condamner ses sentimens et ses principes, il resta toujours l'admirateur outré de ses talens, et lui assigna un rang trop élevé dans la hiérarchie littéraire :

Quo semel est infecta recens servabit odorem.

«Le vase garde long-temps (pour ne pas dire toujours) » le parfum de la liqueur qu'on y versa la première. » Nous nous estimerions fort heureux, si nos poëtes les plus à la mode nous donnaient aujourd'hui des tragédies comme Warwick. La pièce de M. de Laharpe a, sur nos ouvrages du moment, le grand avantage du plau, de la conduite et du style: le fond n'est cependant qu'une rivalité, une querelle d'amour; mais les rivaux sont un roi d'Angleterre, et un grand général à qui ce roi est redevable de son trône. Edouard, jeune et roi, semble devoir l'emporter en amour sur Warwick, héros à la vérité, mais héros qui s'est donné un maître, et qui, père d'Edouard par les bienfaits, pourrait encore l'être par l'âge. Pendant que Warwick négocie pour

Edouard un mariage à la cour de Louis XI, Edouard à Londres prépare ses noces avec la maîtresse de son ambassadeur, la jeune Elisabeth. L'ambassadeur de retour, apprend avec indignation que le maître auquel il vient de chercher une femme, est tout prêt à lui ravir la sienne. Il éclate en reproches, en menaces. Edouard irrité, le fait mettre en prison. Le peuple se soulève; les mutins n'entendent point raison. Marguerite, femme du roi précédent détrôné par Warwick, fomente ces troubles et s'efforce d'en profiter. Le généreux Warwick, au sortir de sa prison, voyant Edouard sur le point d'être victime de la sédition, ne veut se venger qu'en le défendant. Sa valeur parvient à dissiper les rebelles; et je ne sais comment, en sauvant Edouard, il périt lui-même sous les coups des partisans de Marguerite; dénouement peu satisfaisant.

Il n'est guère vraisemblable que Marguerite, femme de Henri de Lancastre, se montre dans le palais d'Edouard, l'ennemi et le successeur de son mari. Ce n'est point là sa place. Elisabeth n'est utile à l'action que par les exhortations qu'elle prodigue à ses deux amans: elle dit de fort bonnes choses; mais elles ne sont pas convenables dans sa bouche. Il est ridicule d'entendre une jeune fille prêcher un roi et un général barbon : tous les deux sont avilis par les sermons de leur maîtresse.

Le grand écueil du sujet était de faire d'Edouard un prince bas et méprisable par son ingratitude; de Warwick, un sujet orgueilleux, insolent, tyran de son maître, esclave de l'ambition et de l'amour. L'auteur s'est tiré très-heureusement de ce mauvais pas; il a su relever Edouard sans rabaisser Warwick: ces deux caractères sont très-nobles, et l'on a surtout vivement applaudi l'héroïque générosité qui inspire à Warwick de sacrifier l'amour et la vengeance à l'honneur et au

devoir. L'action languit surtout au quatrième acte, que Warwick passe tout entier en prison. Les auteurs devraient éviter de mettre la scène en prison : c'est un lieu où leurs héros ne peuvent que déclamer et se plaindre sans avoir la liberté d'agir.

Talma joue le rôle de Warwick avec beaucoup de simplicité, de naturel et de vérité. Damas met dans celui d'Edouard l'éclat et l'énergie qui conviennent à un jeune prince amoureux. Edouard soutient parfaitement sa dignité vis-à-vis de Warwick : ce qui était difficile pour l'acteur comme pour le poëte, et demandait un art peu commun. Melle. Raucourt a bien l'air sombre et la fierté imposante qui doivent caractériser Marguerite. Melle. Duchesnois, dans les longues prédications qu'elle n'épargne pas aux deux héros amoureux, a des momens de chaleur et de sensibilité qui sont justement applaudis. La pièce ne pouvait être mieux jouée. ( 5 mai 1809.)

PHILOCTÈTE.

CETTE pièce de M. de Laharpe est restée au théâtre ; par malheur, ce n'est pas une pièce de M. de Laharpe ; c'est une pièce de Sophocle, sauf le style du traducteur, très-différent de celui de l'original. Philoctète n'est pas le seul qu'on joue encore quelquefois, Coriolan paraît aussi de temps en temps sur la scène : c'est dommage que la fin ne réponde pas au commencement. Cette tragédie n'est pas imitée du grec; l'auteur l'a faite d'après cinq ou six petits Coriolans qui se sont culbutés au théâtre les uns sur les autres. Le sujet, très-brillant pour l'histoire, est ingrat sur la scène. Un traître à sa patrie, quelqu'ingrate que sa patrie soit envers lui, est toujours odieux. Le connétable de Bourbon, ruiné par François Ier., et sacrifié à la cupidité de la mère de ce

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