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lui révèle la fourberie du faux Durand, qui, en conséquence, disparaît de la maison. Cela est héroïque; mais comment épouser Charles? Elle s'imagine de s'adresser au vieux fat, qui est oncle de Charles, et qu'elle suppose avoir du crédit sur l'esprit de son père; elle lui demande un entretien, et le vieux fou se persuade que c'est un rendez-vous qu'elle lui donne : il y vient, et, non content d'assurer son secours à Constance pour la dérober à Charles, il fait lui-même sa déclaration en style enflammé et pathétique; il tombe aux genoux de sa dulçinée, qui s'enfuit de peur, et laisse là son vieil amant prosterné, lequel n'est pas peu embarrassé à se relever; car cet effort amoureux a réveillé sa goutte sciatique. C'est à peu près la seule scène de la pièce qui soit comique; elle n'a cependant produit que fort peu d'effet, parce qu'elle vient bien tard: on est déjà extrêmement las des niaiseries, des fadeurs et des fanfaronnades de ce galant invalide.

Une autre scène où l'on remarque un peu d'action et de mouvement, c'est la querelle du vieux fat avec le faux Durand, qu'il prend pour un architecte, et qu'il vent écarter comme un rival. Voyant que Durand élude tous les prétextes employés pour le faire déguerpir, il en vient à la menace, et fait entendre au jeune homme qu'il a des moyens de le faire sortir le jeune homme le persifle, et lui fait entendre à son tour qu'on ne peut pas répondre à ses défis. La scène n'est pas très-saillante, parce que le fond est plus extravagant que comique tout y est hors de la nature; le vieillard y fait le jeune homme, et le jeune homme le vieillard.

Tout le reste languit et se traîne; le vieux fat demande sérieusement la main de Constance à son père et à sa mère, qui essaient, dans de longs et insipides entretiens, de lui faire sentir tout le ridicule de sa demande. Un

des meilleurs vers de la pièce est celui que le bon Rollin adresse au galant suranné :

Que vous a-t-elle fait pour vouloir l'épouser ?

Charles, instruit des secrètes amours de Constance et de Linant, prend en héros le parti de son rival; il raconte les prouesses de ce jeune guerrier. Le père, par égard pour le témoignage de Charles, et par amour pour sa fille, dont il ne veut pas forcer l'inclination, permet à l'amant de reparaître sous son nom et sous le costume de son état; et après lui avoir pardonné son indiscrétion et son étourderie, il lui fait espérer la main de sa fille.

L'auteur avait un grand nombre d'amis : les trois quarts du parterre étaient pour lui, et applaudissaient avec une ardeur d'autant plus grande qu'ils avaient tort d'applaudir. Cette extrême partialité a déplu à certains spectateurs qui s'ennuyaient de la pièce, et que les applaudissemens ont irrités; ils ont cru devoir opposer à ce torrent de flatteries quelques sifflets modestes, mais opiniâtres, seulement pour protester contre l'injustice. Il eût été sans doute peu honorable pour le goût de la capitale, qu'une telle pièce fût applaudie d'un bout à l'autre sans opposition : je crois cependant qu'on aurait pu laisser l'auteur jouir d'un beau jour sans aucun nuage; cette humanité n'aurait point tiré à conséquence, car la pièce est atteinte d'un mal secret auquel tous les applaudissemens d'une première représentation ne peuvent remédier : elle est ennuyeuse. Le style est d'une facilité verbeuse, toujours naturel, souvent faible, commun, mais entremêlé de quelques vers heureux et bien tournés. Sous ce rapport même du style, le Vieux Fat est une des moindres productions de M. Andrieux. (9 juin 1810.)

DUMOUSTIER.

:

LE CONCILIATEUR.

LE Conciliateur parut en 1791, au sein des discordes civiles, au milieu des partis prêts à s'égorger. Ce grand procès entre les anciennes et les nouvelles idées, demandait pour conciliateur un puissant génie, un grand homme le conciliateur de la comédie n'est qu'un petit bavard, qui cependant eut l'adresse de se concilier les suffrages du parterre; et j'en suis surpris, car il jetait des fleurs et des madrigaux à ces farouches républicains, nourris des motions et des harangues énergiques de la tribune populaire de jolies phrases de boudoir, des concettis, des antithèses à l'eau-rose, devaient être un aliment bien fade pour des hommes dont la manière de penser et de parler était si mâle et si grivoise. Le théâtre, à cette époque, n'offrait que des tableaux révolutionnaires on ne voyait même dans les comédies que les crimes des tyrans et des prêtres, les fureurs et les vengeances des insurgés ; et lorsqu'on était las de frémir, et qu'on voulait rire un moment, on s'égayait aux dépens des moines et des religieuses : et je ne sais par quel bonheur M. Dumoustier a pu amuser l'assemblée avec son vieux comique et son moderne jargon : par quel secret la rage de la démagogie et la rage du bel-esprit, qui paraissent si incompatibles, ont-elles pu se concilier?

Ce mélange de farces grossières et d'affectation précieuse, est ce qui frappe le plus dans la pièce de M. Du

commun

:

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moustier la prétention d'esprit saute aux yeux partout, et partout on ne voit que des benêts et des sots: un mari et une femme les plus plats, les plus bourgeois et du plus mauvais ton; deux vieilles folles, plus ridicules, plus dévergondées que celles qui traînent dans nos vieilles parades; deux amans faits pour être bernés, pires que les plus lourds provinciaux; une amoureuse des plus communes, une soubrette qui n'a pas le sens et le merveilleux Melcour exerçant l'empire de son éloquence insipide sur cette légion d'imbécilles. Il se présente à tous ces gens-là armé de sentences, de proverbes, de comparaisons; il fait feu de toute l'artil lerie de son esprit sur le premier qu'il rencontre, et ne manque jamais de le terrasser par une tirade sentimentale qu'il lui décoche à bout portant. C'était une nécessité pour l'auteur de ne mettre que des sots sur la scène puisque son conciliateur n'est qu'un conteur de sornettes et de fariboles, un véritable Trissotin. Des gens de goût et de bon sens n'auraient trouvé dans cet homme, qu'on dit aimable, qu'un babillard importun, qui fait un étalage fastidieux de morale et de sentiment: il ne pouvait persuader que des nigauds.

Le conciliateur, placé dans ce cercle de bonnes gens sans malice et sans usage du monde, a le ton et les airs d'un homme de qualité parmi de petits bourgeois : il impose à toute cette canaille, juge les procès, apaise les querelles ; il règne, il est adoré, et n'en est pas moins ridicule aux yeux des spectateurs, qui ne sont pas dupes de ses épigrammes et de ses madrigaux. Si l'on a prétendu nous offrir, dans le conciliateur, le modèle d'un homme aimable en société, on s'est trompé lourdement ; car rien n'est moins aimable que l'affectation, le persiflage, la fadeur et l'abus continuel de l'esprit.

Si l'on veut un échantillon des gentillesses du conci.

liateur, en voici quelques-unes que je recueille au hasard dans la foule des sottises dont il est si prodigue. Il entend Mondor se plaindre d'être obligé, en donnant sa fille, de donner encore de l'argent, et de faire ainsi deux pertes à la fois ; pour le consoler, il lui répond en retournant à contre-sens un vieux proverbe :

Hélas! c'est qu'un trésor ne va jamais sans l'autre.

C'est du Trissotin tout pur. Mondor parle-t-il de son goût pour le jardinage, voilà le conciliateur qui s'écrie avec l'enthousiasme d'un prédicateur :

Le jardinage,

Dans tous les siècles fut l'amusement du sage;
Il exerce le corps, et souvent parle au cœur.
De l'herbe parasite, en dégageant la fleur,
En redressant l'arbuste, on voit dans la nature,
Des mœurs du genre humain la fidèle peinture.

Ces mauvais vers, où l'on ne trouve qu'un assemblage de mots vagues et insignifians, ont cependant été applaudis par ceux qui ne les entendent

pas.

La vieille madame Mondor, revêche et rechignée, dit que les hommes s'imaginent pouvoir réparer avec un mot tous leurs torts envers une femme. Le conciliateur observe doctement, à ce sujet, que

L'esprit croit aisément ce que le cœur désire.

Il y a peu de maximes plus usées et plus triviales, et il était difficile d'en faire une application plus niaise ; cependant la force d'un apophtegme si neuf frappe le faible cerveau de Mondor; il s'écrie, dans l'enchante

ment:

Tenez, il a raison!

Cette rare et mer veilleuse sentence triomphe même de la

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