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queur, y fit son entrée milien du sang et des cadavres ! Ce sont là les résultats de la société perfectionnée, ou, si l'on veut, du dernier degré de la corruption.

des festins, et des filles au

La femme aimable qui se trompe quelquefois, se trompe bien grossièrement, lorsqu'elle dit à l'auteur des Femmes qu'il aurait dû consulter Boileau; elle ignore l'antipathie des poëtes galans pour cet illustre satirique. Boilean est une espèce d'ours aux yeux de nos petits rimeurs musqués. Dumoustier, cependant, le traite avec beaucoup d'égards; il va même jusqu'à déclarer qu'il se fera toujours gloire de le consulter pour le style : c'est une formule de politesse qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre; sa manière d'écrire prouve assez que ce n'est pas Boileau qu'il a consulté pour le style. Quant au fond des idées, il s'écrie plaisamment : Que l'amour m'en préserve! L'amour l'a exaucé. C'est en effet un grand malheur pour un auteur de madrigaux, d'être raisonnable, énergique et vrai. Mais Dumoustier ne prend pas garde qu'il donne à Boileau un grand avantage, lorsqu'il nous le présente comme un juge impassible, comme un observateur impartial, qui ne crai gnait point d'être captivé par les femmes, et qui désirait encore moins de les captiver : c'est la situation où il faut être pour les peindre.

Boileau, dit-il, parlait du pays et des mœurs de l'empire amoureux, d'après des mémoires sans cesse variés, souvent infidèles, et traçait, sans s'émouvoir, la carte du pèlerinage de Cythère, comme l'abbé Prevot compilait au coin de son feu l'Histoire générale des Voyages. La manie des antithèses et d'une fausse élégance, égare ici l'auteur; il n'y a aucune justesse dans ses jolies phrases: on n'y trouve pas même de correction; on ne dit point le pays de l'empire amoureux. Boileau dans sa Satire

des Femmes, n'a point prétendu parler du pays, ni des mœurs de l'empire amoureux : il ne parle que des travers, des ridicules et des vices des femmes. Il ne trace point la carte du pèlerinage de Cythère; il trace des portraits et des caractères de femmes; et il les trace, non pas d'après des mémoires infidèles, mais d'après les modèles que lui offrait la société. Quant aux mémoires sans cesse variés, je ne sais ce que cela signifie : l'abbé Prevot n'avait point vu les pays dont il parlait au coin de son feu; mais Boileau avait pu voir dans le monde les originaux qu'il s'amusait à peindre dans son cabinet.

vue,

Dumoustier conclut de tout ce verbiage, que Boileau n'a pu faire qu'une satire, et non pas un portrait des femmes, par la raison que pour peindre le mal, il suffit de l'avoir ouï dire; pour peindre le bien, il faut l'avoir vu. Qu'il est triste de voir un homme d'esprit sacrifier toujours le bon sens et la vérité à de misérables oppositions de mots! On peut peindre le bien sans l'avoir vu : Corneille a peint la clémence d'Auguste qu'il n'avait pas et nos auteurs de drames et de romans ne cessent de nous peindre des vertus héroïques que personne ne voit dans la société. Je voudrais bien savoir où Dumoustier lui-même a vu une femme payer les dettes d'un amant infidele, qui l'a abandonnée, et que le hasard lui fait retrouver quinze ans après, quand elle est veuve et mère? Où a-t-il vu des femmes de trente-cinq à quarante ans séduire un vieux ministre au premier abord, et, ce qui est peut-être plus difficile, séduire des usuriers? N'est-ce pas lui qui nous trace, au coin de son feu, la carte d'un pays imaginaire? Rien n'empêchait Boileau de voir dans la société les bonnes et les mauvaises qualités des femmes, et s'il n'a parlé que des mauvaises, c'est qu'il voulait faire une satire et non pas un panégyrique galant.

Au reste, la comédie des Femmes est une de ces mauvaises pièces qui sont très-bien jouées, et qui sont faites pour plaire dans le temps de mauvaises mœurs. Fleury et Melle. Contat y ont un rôle très-brillant ; c'est ce qui procure à la pièce l'avantage d'être souvent représentée ; car le public préfère toujours des sottises bien dites, à des traits de génie défigurés et mal rendus. Les acteurs tiennent dans leurs mains la destinée des anciennes pièces. (12 pluviose an 11.)

CHÉNIER.

HENRI VIII.

De toutes les pièces que Chénier a données pendant le cours de la révolution, Henri VIII est la moins infectée des préjugés qui ont régné à cette époque. Il paraît cependant que le but de l'ouvrage est de rendre odieux le pouvoir monarchique, en montrant les excès auxquels peut se porter un monarque : intention très-fausse; car nous avons vu des démagogues qui savaient couper des têtes tout aussi bien qu'un monarque, et pour d'aussi mauvaises raisons.

Ce Henri VIII, le héros de la pièce, fut, dans son temps, un grand théologien et un grand fou; il se déclara le champion du saint siége contre Luther; il combattit cet hérésiarque avec toutes les armes de l'école; mais le saint siége paya mal les services de cette plume royale. Henri, dégoûté de sa femme, et amoureux d'une autre, ne trouva le souverain pontife ni assez complaisant, ni assez politique pour approuver ce caprice dans un roi si savant et si bon catholique. Pour prix de ses doctes écrits, le défenseur de la cour de Rome reçut une bonne excommunication. Que fit alors l'excommunié? Il imagina, pour se venger du pape, un moyen bizarre auquel on ne s'attendait pas; ce fut de se faire pape lui-même, persuadé qu'il savait pour cela plus de théologie qu'il n'en fallait. Le premier acte de son pontificat fut de s'emparer des biens ecclésiastiques, ce qui rendit tout à coup sa papauté un très-gros bénéfice.

M. Chénier, par l'organe de Cramer, loue ces grandes opérations de Henri :

Protecteur de la foi, zélé pour sa défense,

Mais des tyrans sacrés combattant la puissance,
Il a d'un grand exemple étonné l'univers :
Londres du Vatican ne porte plus les fers.

Cramer n'est ici, malgré la vertu qu'il affecte, qu'un vil flatteur; il ne peut pas appeler protecteur de la foi un schismatique; le pape n'était pas un tyran sacré pour s'être opposé à un divorce contraire aux lois de la reli gion. Quant à ce que Cramer ajoute :

Serait-il infidèle à sa première gloire?

c'est un mauvais raisonnement; car Henri pouvait faire condamner sa seconde femme comme adultère, sans être infidèle à sa première gloire, acquise par un divorce, un schisme, une confiscation, et beaucoup de sang répandu.

Quoi qu'il en soit, il me semble que cette constitution civile du clergé, cette révolution dans le culte, toutes ces mesures pleines d'une si haute philosophie, étaient faites pour adoucir M. Chénier en faveur d'un roi dont la raison était si avancée pour son siècle. Comment a-t-il osé peindre de si noires couleurs un homme si supérieur aux préjugés et à la superstition monacale? It a fait décapiter Anne de Boulen, qui n'était qu'une femme galante; mais aussi il a fait périr sur l'échafaud le chancelier Thomas Morus et l'évêque de Rochester (Jean Washer), deux fanatiques attachés à la religion de leurs pères l'un compense l'autre, et un philosophe ne devait pas le traiter si durement pour avoir coupé la tête à deux ou trois catins, tandis qu'il a châtié si glorieusement une foule de dévotes, de moines et de papistes.

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