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ce qu'il y a de plus cher parmi les hommes.

Les peuples d'Italien'avoient aucun usage' des machines propres à faire les sièges; et de plus, les soldats n'ayant point de paye, on ne pouvoit pas les retenir long-temps devant une place: ainsi peu de leurs guerres étoient décisives. On se battoit pour avoir le pillage du camp ennemi ou de ses terres, après quoi le vainqueur et le vaincu se retiroient cha cun dans sa ville. C'est ce qui fit la résistance des peuples d'Italie, et en même temps l'opiniâtreté des Romains à les subjuguer : c'est ce qui donna à ceux-ci des victoires qui ne les corrompirent point, et qui leur laissèrent toute leur pauvreté..

S'ils avoient rapidement conquis toutes les villes voisines, ils se seroient trouvés dans la décadence à l'arrivée de Pyrrhus, des Gaulois et d'Annibal; et, par la destinée

1 Denys d'Halicarnasse le dit formellement, Liv. IX; et cela paroît par l'histoire. Ils ne savoient point faire de galeries pour se mettre à couvert des assiégés; ils tåchoient de prendre les villes par escalade. Ephorus a écrit qu'Artémon, ingénieur, inventa les grosses machines pour battre les plus fortes murailles. Périclès s'en servit le premier au siège de Samos, dit Plutarque, Vie de Périclès.

de presque tous les états du monde, ils auroient passé trop vite de la pauvreté aux richesses, et des richesses à la corruption.

Mais Rome faisant toujours des efforts, et trouvant toujours des obstacles, faisoit sentir sa puissance sans pouvoir l'étendre; et, dans une circonférence très-petite, elle s'exerçoit à des vertus qui devoient être si fatales à l'univers.

lis

Tous les peuples d'Italie n'étoient pas également belliqueux: les Toscans étoient amolpar leurs richesses et par leur luxe; les Tarentins, les Capouans, presque toutes les villes de la Campanie et de la grande Grèce, languissoient dans l'oisiveté et dans les plaisirs. Mais les Latins, les Herniques, les Sabins, les Eques et les Volsques, aimoient passionnément la guerre : ils étoient autour de Rome; ils lui firent une résistance iuconcevable, et furent ses maîtres en fait d'opiniâtreté.

Les villes latines étoient des colonies d'Albe, qui furent fondées ' par Latinus Sylvius. Outre une origine commune avec

■Comme on le voit dans un traité intitulé, Origo gentis romano, qu'on croit être d'Aurelius Victor.

les Romains, elles avoient encore des rites communs; et Servius Tullius' les avoit engagées à faire bâtir un temple dans Rome pour être le centre de l'union des deux peuples. Ayant perdu une grande bataille auprès du lac Régille, elles furent soumises à une alliance et une société 2 de

les Romains.

guerre avec

de

On vit manifestement, pendant le peu temps que dura la tyrannie des décemvirs, à quel point l'agrandissement de Rome dépendoit de sa liberté. L'état sembla avoir perdu l'âme 3 qui le faisoit mcuvoir.

3

Il n'y eut plus dans la ville que deux sortes de gens: ceux qui souffroient la servitude, et ceux qui, pour leurs intérêts particuliers, cherchoient à la faire souffrir. Les sénateurs se retirèrent de Rome comme d'une ville étrangère; et les peuples voisins ne trou vèrent de résistance nulle part.

Le sénat ayant eu le moyen de donner

1 Denys d'Halicarnasse, Liv. IV.

a Voyez, dans Denys d'Halicarnasse, Liv. IV, un des traités faits avec eux.

3 Sous prétexte de donner au peuple des lois écrites, ils se saisirent du gouvernement. Voyez Denys d'Halis carnasse, Liv. XI.

une paye aux soldats, le siége de Veïes fut entrepris ; il dura dix ans. On vit un nouvel art chez les Romains, et une autre manière de faire la guerre; leurs succès furent plus éclatants; ils profitèrent mieux de leurs victoires; ils firent de plus grandes conquêtes; ils envoyèrent plus de colonies: enfin la prise de Veïes fut une espèce de révolution.

Mais les travaux ne furent pas moindres. S'ils portèrent de plus rudes coups aux Toscans, aux Eques et aux Volsques, cela même fit que les Latins et les ferniques, leurs alliés, qui avoient les mêmes armes ci la même discipline qu'eux, les abandonnèrent; que des ligues se formèrent chez les Toscans; et que les Samnites, les plus belliqueux de tous. les peuples de l'Italie, leur firent la guerre

avec fureur.

Depuis l'établissement de la paye, le sé. nat ne distribua plus aux soldats les terres des peuples vaincus : il imposa d'autres conditions; il les obligea, par exemple, de fournir 1 à l'armée une solde pendant un certain temps, de lui donner du blé et des habits. La prise de Rome par les Gaulois ne lui

I

Voyez les traités qui farent faits.

ôta rien de ses forces: l'armée, plus dissipée que vaincue, se retira presque entière à Veies; le peuple se sauva dans les villes voisines; et l'incendie de la ville ne fut que l'incendie de quelques cabanes de pasteurs.

CHAPITRE II.

De l'art de la guerre chez les Romains.

LES Romains se destinant à la guerre, et la regardant comme le seul art, ils mirent tout leur esprit et toutes leurs pensées à le perfectionner. C'est sans doute un dieu, dit Végèce, qui leur inspira la légion.

Ils jugèrent qu'il falloit donner aux soldats de la légion des armes offensives et défensives plus fortes et plus pesantes 2 que celles de quelque autre peuple que ce fût.

Liv. II, Chap. xxi.

2 Voyez, dans Polybe, et dans Josèphe, de Bello judaico, Liv. III, quelles étoient les armes du soldat romain. Il y a peu de différence, dit ce dernier, entre les chevaux chargés et les soldats romains. « Ils portent, dit Cice« ron, leur nourriture pour plus de quinze jours, tout « ce qui est à leur usage, tout ce qu'il faut pour se forti« fier; et à l'égard de leurs armes, ils n'en sont pas plus « embarrassés que de leurs mains. » ( Tuscul. Liv. II, Chap. xv.)

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