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à faire en cinq heures vingt milles, et quelquefois vingt-quatre. Pendant ces marches on leur faisoit porter des poids de soixante livres. On les entretenoit dans l'habitude de courir et de sauter tout armés ils prenoient a, dans leurs exercices, des épées, des javelots, des flèches d'une pesanteur double des armes ordinaires; et ces exercices étoient continuels.

Ce n'étoit pas seulement dans le camp qu'étoit l'école militaire; il y avoit dans la ville un lieu où les citoyens alloient s'exercer (c'étoit le champ de Mars). Après le travail, ils se jetoient dans le Tibre, pour s'entretenir dans l'habitude de nager, et nettoyer la poussière et la sueur.

Nous n'avons plus une juste idée des exercices du corps: un homme qui s'y applique trop nous paroît méprisable, par la raison que la plupart de ces exercices n'ont plus d'autre objet que les agréments; au lieu que, chez les anciens, tout, jusqu'à la danse, faisoit partie de l'art militaire.

Il est même arrivé, parmi nous, qu'une adresse trop recherchée dans l'usage des armes, dont nous nous servons à la guerre, est devenue ridicule; parce que, depuis l'introduction de la coutume des combats singuliers, l'escrime a été regardée comme la science des querelleurs ou des poltrons.

Ceux qui critiquent Homère de ce qu'il relève ordinairement dans ses héros la force, l'adresse ou l'agilité du corps, devroient trouver Salluste bien a Végèce, liv. I, chap. XI, XII, XIV.

b Ibid, chap, X.

ridicule, qui loue Pompée de ce qu'il couroit, sautoita et portoit un fardeau, aussi bien qu'homme de son temps.

Toutes les fois que les Romains se crurent en danger, ou qu'ils voulurent réparer quelque perte, ce fut une pratique constante chez eux d'affermir la discipline militaire. Ont-ils à faire la guerre aux Latins, peuples aussi aguerris qu'eux-mêmes? Manlius songe à augmenter la force du commandement, et fait mourir son fils qui avoit vaincu sans son ordre. Sont-ils battus à Numance? Scipion Émilien les prive d'abord de tout ce qui les avoit amollis. Les légions romaines ont-elles passé sous le joug en Numidie? Métellus répare cette honte dès qu'il leur a fait reprendre les institutions anciennes. Marius, pour battre les Cimbres et les Teutons, commence par détourner les fleuves; et Sylla fait si bien travailler les soldats de son armée effrayée de la guerre contre Mithridate, qu'ils lui demandent le combat comme la fin de leurs peines.

Publius Nasica, sans besoin, leur fit construire une armée navale. On eraignoit plus l'oisiveté que les ennemis.

a Cum alacribus saltu, cum velocibus cursu, cum validis recte certabat. Fragm. de Salluste, rapporté par Végèce, liv. I, chap. IX.

b Il vendit toutes les bêtes de somme de l'armée, et fit porter à chaque soldat du bled pour trente jours, et sept pieux. Somm. de Florus, liv. LVII.

c Frontin, Stratagêmes, liv. I, ch. XI et XX.

Aulu-Gelle donne d'assez mauvaises raisons de la coutume des Romains de faire saigner les soldats qui avoient commis quelque faute: la vraie est que la force étant la principale qualité du soldat, c'étoit le dégrader que de l'affoiblir.

Des hommes si endurcis étoient ordinairement sains. On ne remarque pas dans les auteurs que les armées romaines, qui faisoient la guerre en tant de climats, périssent beaucoup par les maladies; au lieu qu'il arrive presque continuellement aujourd'hui que des armées, sans avoir combattu, se fondent, pour ainsi dire, dans une campagne.

Parmi nous, les désertions sont fréquentes, parce que les soldats sont la plus vile partie de chaque nation, et qu'il n'y en a aucune qui ait ou qui croie avoir un certain avantage sur les autres. Chez les Romains elles étoient plus rares: des soldats tirés du sein d'un peuple si fier, si orgueilleux, si sûr de commander aux autres, ne pouvoient guère penser à s'avilir jusqu'à cesser d'être Romains.

Comme leurs armées n'étoient pas nombreuses, il étoit aisé de pourvoir à leur subsistance; le chef pouvoit mieux les connoître, et voyoit plus aisément les fautes et les violations de la discipline.

La force de leurs exercices, les chemins admirables qu'ils avoient construits, les mettoient en état de faire des marches longues et rapides 1. Leur

a Liv. X, chap. VIII.

b Voyez sur-tout la défaite d'Asdrubal, et leur diligence contre Viriatus.

présence inopinée glaçoit les esprits: ils se montroient sur-tout après un mauvais succès, dans le temps que leurs ennemis étoient dans cette négligence que donne la victoire.

Dans nos combats d'aujourd'hui, un particulier n'a guère de confiance qu'en la multitude: mais chaque Romain, plus robuste et plus aguerri que son ennemi, comptoit toujours sur lui-même; il avoit naturellement du courage, c'est-à-dire de cette vertu qui est le sentiment de ses propres forces.

Leurs troupes étant toujours les mieux disciplinées, il étoit difficile que, dans le combat le plus malheureux, ils ne se ralliassent quelque part, ou que le désordre ne se mît quelque part chez les ennemis. Aussi les voit-on continuellement dans les histoires, quoique surmontés dans le commencement par le nombre ou par l'ardeur des ennemis, arracher enfin la victoire de leurs mains.

Leur principale attention étoit d'examiner en quoi leur ennemi pouvoit avoir de la supériorité sur eux; et d'abord ils y mettoient ordre. Ils s'accoutumèrent à voir le sang et les blessures dans les spectacles des gladiateurs, qu'ils prirent des Étrus

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a Fragment de Nicolas de Damas, liv. X, tiré d'Athénée, liv. IV, chap. XIII. Avant que les soldats partissent pour l'armée, on leur donnoit un combat de gladiateurs. Jules Capit. Vies de Maxime et de Balbin.

Les épées tranchantes a des Gaulois, les éléphants de Pyrrhus, ne les surprirent qu'une fois. Ils suppléèrent à la foiblesse de leur cavalerie ", d'abord en ôtant les brides des chevaux, pour que l'impétuosité n'en pût être arrêtée; ensuite en y mêlant des vélites. Quand ils eurent connu l'épée espagnole 4, i's quittèrent la leur. Ils éludèrent la science des pilotes par l'invention d'une machine que Polybe nous a décrite. Enfin, comme dit Josephe, la guerre étoit pour eux une méditation, la paix un exercice.

Si quelque nation tint de la nature ou de son institution quelque avantage particulier, ils en firent d'abord usage: ils n'oublièrent rien pour avoir des chevaux numides, des archers crétois, des frondeurs baléares, des vaisseaux rhodiens.

Enfin, jamais nation ne prépara la guerre avec tant de prudence, et ne la fit avec tant d'audace.

a Les Romains présentoient leurs javelots, qui recevoient les coups des épées gauloises et les émoussoient.

b Elle fut encore meilleure que celle des petits peuples d'Italie. On la formoit des principaux citoyens, à qui le public entretenoit un cheval. Quand elle mettoit pied à terre, il n'y avoit point d'infanterie plus redoutable, et très-souvent elle déterminoit la victoire.

c C'étoient de jeunes hommes légèrement armés, les plus agiles de la légion, qui, au moindre signal, sautoient sur la croupe des chevaux, ou combattoient à pied. Valère Maxime, liv. II, chap. III, art. 3. Tite-Live, liv. XXVI, ch. IV.

d Fragment de Polybe, rapporté par Suidas au mot μάχαιρα.

e De Bello judaico, lib. III, cap. VI.

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