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pour les défauts et pour les vices de se cacher toujours; que la plupart des hommes ont une enveloppe, mais qu'elle tient et serre si peu, qu'il est très-difficile que quelque côté ne vienne à se découvrir.

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Arsace ne parlait jamais des affaires qu'il pouvait avoir avec les étrangers; mais il aimait à s'entretenir de celles de l'intérieur de son royaume, parce que c'était le seul moyen de le bien connaître; et là-dessus il disait qu'un bon prince devait être secret, mais qu'il pouvait quelquefois l'être trop.

Il disait qu'il sentait en lui-même qu'il était un bon roi; qu'il était doux, affable, humain; qu'il aimait la gloire, qu'il aimait ses sujets; que cependant si, avec ces belles qualités, il ne s'était gravé dans l'esprit les grands principes de gouvernement, il serait arrivé la chose du monde la plus triste, que ses sujets auraient eu un bon roi, et qu'ils auraient peu joui de ce bonheur; et que ce beau présent de la Providence aurait été en quelque sorte inutile pour

eux.

<< Celui qui croit trouver le bonheur sur le trône se trompe, disait Arsace on n'y a que le bonheur qu'on y a porté, et souvent même on y risque ce bonheur que l'on a porté. Si donc les dieux, ajoutait-il, n'ont pas fait le commandement pour le bonheur de ceux qui commandert, il faut qu'ils l'aient fait pour le bonheur de ceux qui obéissent. »

Arsace savait donner, parce qu'il savait refuser.

<< Souvent, disait-il, quatre villages ne suffisent pas pour faire un don à un grand seigneur prêt à devenir misérable, ou à un misérable prêt à devenir grand seigneur. Je puis bien enrichir la pauvreté d'état; mais il m'est impossible d'enrichir la pauvreté de luxe. »'

Arsace était plus curieux d'entrer daus les chaumières que dans les palais de ses grands.

« C'est là que je trouve mes vrais conseillers. Là je me ressouviens de ce que mon palais me fait oublier. Ils me disent leurs besoins. Ce sont les petits malheurs de chacun qui composent le malheur général. Je m'instruis de tous ces malheurs, qui tous ensemble pourraient former le mien.

<< C'est dans ces chaumières que je vois ces objets tristes qui font toujous les délices de ceux qui peuvent les faire changer, et qui me font connaître que je puis devenir un plus grand prince que je ne le

suis. J'y vois la joie succéder aux larmes ; au lieu que dans mon palais je ne puis guère voir que les larmes succéder à la joie.

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On lui dit un jour que, dans quelques réjouissances publiques, des farceurs avaient chanté ses louanges.

<< Savez-vous bien, dit-il, pourquoi je permets à ces gens-là de me louer? C'est afin de me faire mépriser la flatterie, et de la rendre vile à tous les gens de bien. J'ai un si grand pouvoir, qu'il sera toujours naturel de chercher à me plaire. J'espère bien que les dieux ne permettront point que la flatterie me plaise jamais. Pour vous, mes amis, dites-moi la vérité; c'est la seule chose du monde que je désire, parce que c'est la seule chose du monde qui puisse me manquer. >>

Ce qui avait troublé la fin du règne d'Artamène, c'est que dans sa jeunesse il avait conquis quelques petits peuples voisins, situés entre la Médie et la Bactriane: Ils étaient ses alliés; il voulut les avoir pour sujets, il les eut pour ennemis; et, comme ils habitaient les montagnes, ils ne furent jamais bien assujettis; au contraire, les Mèdes se servaient d'eux pour troubler le royaume de sorte que le conquérant avait beaucoup affaibli le monarque, et que, lorsqu'Arsace monta sur le trône, ces peuples étaient encore peu affectionnés. Bientôt les Mèdes les firent révolter. Arsace vola, et les soumit. 11 fit assembler la nation, et parla ainsi :

:

« Je sais que vous souffrez impatiemment la domination des Bactriens je n'en suis point surpris. Vous aimez vos anciens rois, qui vous ont comblés de bienfaits. C'est à moi à faire en sorte, par ma modération et par ma justice, que vous me regardiez comme le vrai successeur de ceux que vous avez tant aimés. »

Il fit venir les deux chefs les plus dangereux de la révolte, et dit au peuple :

« Je les fais mener devant vous pour que vous les jugiez vousmêmes. »

Chacun, en les condamnant, chercha à se justifier.

<< Connaissez, leur dit-il, le bonheur que vous avez de vivre sous un roi qui n'a point de passion lorsqu'il punit, et qui n'en met que quand il récompense; qui croit que la gloire de vaincre n'est que l'effet du sort, et qu'il ne tient que de lui-même celle de pardonner. « Vous vivrez heureux sous mon empire, et vous garderez vos

usages et vos lois. Oubliez que je vous ai vaincus par les armes, et ne le soyez que par mon affection. »

Toute la nation vint rendre grâce à Arsace de sa clémence et de la paix. Des vieillards portaient la parole. Le premier parla ainsi : « Je crois voir ces grands arbres qui font l'ornement de notre contrée. Tu en es la tige, et nous en sommes les feuilles; elles cou. vriront les racines des ardeurs du soleil. >>

Le second lui dit :

« Tu avais à demander aux dieux que nos montagnes s'abaissas. sent, pour qu'elles ne pussent pas nous défendre contre toi. Demandeleur aujourd'hui qu'elles s'élèvent jusques aux nues, pour qu'elles puissent mieux te défendre contre tes ennemis. »>

Le troisième dit ensuite :

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Regarde le fleuve qui traverse notre contrée : là où il est impétueux et rapide, après avoir tout renversé, il se dissipe et se divise au point que les femmes le traversent à pied. Mais si tu le regardes dans les lieux où il est doux et tranquille, il grossit lentement ses eaux, il est respecté des nations, et il arrête les armées. »>

Depuis ce temps ces peuples furent les plus fidèles sujets de la Bactriane.

Cependant le roi de Médie apprit qu'Arsace régnait dans la Bactriane. Le souvenir de l'affront qu'il avait reçu se réveilla dans son cœur. Il avait résolu de lui faire la guerre. 11 demanda le secours du roi d'Hircanie.

"

Joignez-vous à moi, lui écrivit-il; poursuivons une vengeance commune. Le ciel vous destinait la reine de Bactriane; un de mes sujets vous l'a ravie : venez la conquérir.

Le roi d'Hircanie lui fit cette réponse :

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« Je serais aujourd'hui en servitude chez les Bactriens, si je n'avais trouvé des ennemis généreux. Je rends grâces au ciel de ce qu'i! a voulu que mon règne commençât par des malheurs. L'adversité est notre mère; la prospérité n'est que notre marâtre. Vous me proposez des querelles qui ne sont pas celles des rois. Laissons jouir le roi et la reine de Bactriane du bonheur de se plaire et de s'aimer. »

FIN D'ARSACE ET ISMÉNIE.

CONSIDÉRATIONS

SUR LES CAUSES DE LA GRANDEUR DES ROMAINS ET DE LEUR

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DÉCADENCE.

-

Pages.

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1. Commencements de Rome. Ses guerres.
II. De l'art de la guerre chez les Romains.
III. Comment les Romains purent s'agrandir.
IV. Des Gaulois. De Pyrrhus. - Parallèle de Car-
Guerre d'Annibal.

-

thage et de Rome.
V. De l'état de la Grèce, de la Macédoine, de la
Syrie et de l'Égypte, après l'abaissement des

Carthaginois..

VI. De la conduite que les Romains tinrent pour sou-
mettre tous les peuples.

VII. Comment Mithridate put leur résister.

VIII. Des divisions qui furent toujours dans la ville.
IX. Deux causes de la perte de Rome.

X. De la corruption des Romains.

XI. De Sylla. De Pompée et César.

XII. De l'état de Rome après la mort de César.
XIII. Auguste.

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XIV.

Tibère.

XV. Des empereurs depuis Caïus Caligula jusqu'à

Antonin.

101

XVI. De l'état de l'empire depuis Antonin jusqu'à Pro-

bus.

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XVII. Changement dans l'État.

XIX.

-

XVIII. Nouvelles maximes prises par les Romains.
Grandeur d'Attila Cause de l'établissement
des barbares. Raisons pourquoi l'empire

ment.

d'Occident fut le premier abattu.

XX. Des conquêtes de Justinien. De son gouverne-

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XXI. Désordres de l'empire d'Orient.

XXII. Faiblesse de l'empire d'Orient.

XXIII. Raison de la durée de l'empire d'Orient.
destruction.

OEUVRES CHOISIES.

DISSERTATION sur la politique des Romains dans la religion.
DIALOGUE de Sylla et d'Eucrate

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