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SUR L'ORIGINE DES PEUPLES
DE L'ARMORIQUE

ET DU PAYS DE GALLES.

Parva nunc civitas, sed gloria ingens:
veterisque famæ latè vestigia manent.
(TAC., Germ. 37.)

Quand, laissant de côté les Grecs et les Romains, on promène ses regards sur les anciens habitans de l'Europe, deux peuples bien distincts paraissent avoir, tour à tour, porté leur langue et leurs usages dans les vastes contrées qui s'étendent depuis les colonnes d'Hercule jusqu'aux bords de la Neva. Ces deux peuples, connus sous les noms de Sarmates et de Celtes, ont une physionomie tellement caractéristique, que partout où ils ne se sont pas intimement mêlés et confondus ensemble, partout où les effets des révolutions et des conquêtes n'ont point entièrement effacé leur type originel, il est facile de rétablir la filiation des nations, oubliée par l'effet du tems et du silence de l'histoire. C'est ainsi que nous allons essayer de déterminer la véritable généalogie des Armoricains et des Gallois, dont il nous semble qu'on a mal-à-propos rattaché l'origine aux Celtes. Enclavés dans des pays purement celtiques, on n'a pas cru pouvoir se dispenser de confondre avec les Celtes, des peuples dont la physionomie, les mœurs et la langue n'avaient que des conformités accidentelles avec l'idiome, les usages et le physique des Gaulois; tandis que tout concourait, au

contraire, à nous montrer des Sarmates dans les habitans de la partie la plus occidentale de l'Europe.

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C'est autour du Caucase que les plus anciennes traditions placent le berceau des nations scythiques dont nous descendons : c'es à ce point de départ qu'il faut s'arrêter, quand on veut listinguer les migrations ScythoFinnoises ou Scytho-Sarmatiques, des migrations IndoGothiques, qui succédèrent aux premières et qui en furent l'occasion; car les nations Sarmatiques n'inondèrent l'Europe, probablement déserte avant leur arrivée, que parce qu'elles furent poussées et dispersées, soit par d'autres nations Sarmatiques, soit par des nations Celtiques venues d'Asie à une époque moins reculée. Il paraît même naturel de penser que les Sarmates occupaient encore exclusivement les parties les plus occidentales de l'Europe, sous les noms d'Ibères, de Cimbres, de Cimmériens, de Silures, d'Albaniens, d'Ossismiens ou Ostydamiens, de Venètes, à l'époque où les Celtes, cotoyant le Danube pour pénétrer en Europe, se mêlèrent avec eux dans tous les pays connus des anciens sous le nom de Germanie. Mais, si l'empreinte primitive dut résister aux outrages du tems et des révolutions, ce fut surtout dans l'Europe occidentale, en Irlande en Angleterre, dans l'Armorique, enfin, dans toutes les contrées dont l'isolement était favorisé par leur éloignement du berceau commun des premières colonies, et par la barrière insurmontable de l'Océan. C'est aussi dans ces régions que nous retrouvons le fil qui rattache ces peuplades à leurs congénères, dont elles étaient séparées par de vastes intervalles de lieux et de tenis. Etablissons d'abord les caractères les plus tranchés qui faisaient des Sarmates et des Celtes deux peuples tout à fait différens. Ce serait une erreur de regarder les uns et les autres comme des sauvages plongés dans la même barbarie: tout nous prouve qu'en fait de rudesse de mœurs, de superstition et de cruauté, les Sarmates l'emportaient de beaucoup sur les Celtes. On en peut juger par l'état dans lequel furent trouvés les SarmatoScythes par leur plus ancien législateur, qu'un poëte grec fait parler en ces termes :

Ils avaient des yeux, et ne voyaient point; des » oreilles, et n'entendaient point. Leurs actions, sans

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» suite et sans liaison, semblaient émaner de ces êtres fantastiques qui sont le fruit des songes. Inhabiles à » se garantir des injures de l'air, par des maisons de brique ou de bois, ils se cachaient, à la manière des fourmis, dans des antres souterrains. Tout était » confondu par leur inexpérience: la saison des frimas » faisait place à celle des fleurs; celle des fruits cou»ronnait l'année, sans qu'aucune observation leur eût appris à en assigner les époques; lorsqu'enfin je leur » enseignai l'art difficile de reconnaître le lever et le coucher des constellations. Je leur découvris, en outre, » les propriétés des nombres, cette base de tous les arts, et le secret de l'écriture, qui devint la mère des muses et de la mémoire. Je fus le premier qui imaginai de » mettre sous le joug des bêtes de somme, de leur imposer le bât et la bride, et de les donner pour auxiliaires à l'homme, dans ses plus grands travaux. J'in>ventai ces chars pompeux, auxquels le luxe des grands >attela des coursiers fiers d'obéir aux rènes, Enfin, je donnai à l'homme, pour la première fois, l'idée » de parcourir les mers avec des vaisseaux qui s'em» blaient voler sur les 'ondes. » (Eschyle, Promethee.)

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Depuis ces bienfaits signalés, qu'Eschyle attribue à Promethée, et qui retentirent jusque dans l'Inde et dans la Perse, car il en est fait mention dans les livres de Zoroastre et des Indoux, il faut convenir que la civilisation, à peine ébauchée des peuples Sarmatiques, resta stationnaire jusqu'aux tems modernes; tandis que les Celtes, au contraire, firent dans la politique, dan's les sciences et dans les beaux arts, des progrès sans cesse croissans, que la jalousie des historiens romains n'a pas toujours pu leur contester. Une nouvelle preuve de la prépondérance des Celtes sur les Sarmates, c'est que partout où il y a eu mélange des deux nations, le nom et la langue des premiers ont toujours prévalu. Le midi et le centre de l'Europe devinrent exclusivement leur patrimoine; et, si les vastes régions qui s'étendent depuis le golfe de Dantzick jusqu'à la mer Noire, et depuis celle-ci jusqu'à l'Epire ont constamment conservé la langue et les traditions Scytho-Sarmatiques, c'est que les nations Finnoises n'ont point partagé la domi nation de ces contrées avec des rivaux capables de les faire oublier.

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